roman (art). (suite)
Une évolution des mœurs
Au fil du XIIe siècle, le fossé se creuse entre la vie rurale, sédentaire et cloîtrée des moines, et la vie citadine. Le commerce et l'artisanat engendrent de nouveaux modes de vie. Les mentalités, moins tributaires de la nature, se transforment et appréhendent différemment le réel, la société, ses exigences, et par là-même l'art. Au sein même de l'Église, une exigence spirituelle et intellectuelle surgit, dont saint Bernard et l'abbé Suger sont, chacun à leur manière, les chefs de file. Ces deux hommes se sont connus, estimés et confrontés. Il ne convient pas d'opposer, comme on l'a fait si souvent, deux évolutions parallèles. S'il n'eurent pas les mêmes idées en ce qui concerne l'art et son usage, du moins lui firent-ils faire, l'un comme l'autre, un bond prodigieux, le premier en orientant l'art roman vers l'épure harmonieuse des murs, des formes et des mesures, le second en misant sur la richesse et le rayonnement des choses précieuses, éclats des choses invisibles. L'impulsion était alors donnée qui allait trouver son épanouissement dans l'art gothique.