ancienne province du nord de la France correspondant à la majeure partie du département du Pas-de-Calais.
Entre la Picardie au sud et la Flandre au nord, l'Artois abrite à l'époque gauloise le peuple des Atrébates, qui forme ensuite la cité gallo-romaine d'Arras, siège d'un évêché dans la Gaule chrétienne. Au centre du domaine historique des rois francs, la région fait partie du royaume mérovingien de Neustrie entre le VIe et le VIIIe siècle, puis devient un comté sous le règne de Charlemagne. Lorsque, aux IXe et Xe siècles, l'Empire carolingien se désagrège et que se constituent des principautés territoriales, l'Artois entre dans le grand ensemble flamand.
La dot d'Isabelle.
• L'Artois émerge de cet ensemble à la fin du XIIe siècle. En effet, le comte de Flandre Philippe d'Alsace, se posant comme le protecteur du jeune roi de France Philippe Auguste, fait épouser à ce dernier, en 1180, sa nièce Isabelle de Hainaut, à laquelle il promet en dot l'Artois, qu'il sépare du reste de la Flandre et lui en promet l'héritage. Lorsque Philippe d'Alsace disparaît, en 1191, Isabelle de Hainaut est morte, mais a donné le jour à un fils, le futur roi Louis VIII. Philippe Auguste entre donc en possession de l'Artois au nom de son fils. A son avènement, en 1223, Louis VIII intègre l'Artois dans le domaine royal, et surtout sa capitale Arras, riche cité drapière et centre bancaire, mais aussi foyer de culture (abbaye Saint-Vaast). Donné en apanage par Louis IX à son plus jeune frère, Robert, en 1237, l'Artois devient une principauté territoriale héréditaire, dont le destin est lié à des successions délicates, car il revient souvent à des héritières.
L'enjeu de nombreux conflits.
• La première succession d'Artois, sous le règne de Philippe le Bel, est marquée par les retentissants procès de Robert d'Artois à sa tante Mahaut en 1309 et 1318. Aux XIVe et XVe siècles, l'Artois passe ainsi de la Bourgogne à la Flandre, puis retourne à la Bourgogne, à partir de 1384. Le destin de la région suit, pendant cent cinquante ans, celui des états bourguignons, profitant de leur prospérité culturelle et économique. Au XVe siècle, les tapisseries d'Arras sont les rivales de celles de Bruxelles.
À la mort de Charles le Téméraire, en 1477, Louis XI se saisit d'une partie des états bourguignons, dont l'Artois. Mais leur légitime héritière épouse l'archiduc d'Autriche Maximilien de Habsbourg, et, pendant plus de dix ans, le roi de France Charles VIII et Maximilien se disputent l'héritage bourguignon. Le sort de l'Artois est fixé au traité de Senlis, en 1493, qui assure la possession de certaines villes artésiennes (Hesdin, Aire-sur-la-Lys, Saint-Omer) au roi de France, et la majeure partie de l'Artois à l'archiduc d'Autriche. L'Artois reste ainsi sous la domination des Habsbourg jusqu'à la paix des Pyrénées de 1659, conclue entre Louis XIV et le roi d'Espagne Philippe IV. Après cette date, il est complètement intégré au royaume de France, au point que le roi Louis XV peut donner à son petit-fils, futur Charles X, le titre de comte d'Artois, en 1757. À la Révolution, la région forme la majeure partie du département du Pas-de-Calais, dont le chef-lieu est Arras.
L'histoire de l'Artois illustre le sort d'une région de plaine frontalière, voie de passage et terre d'invasions : enjeu de toutes les successions, facilement démembré et redistribué comme une carte dans le jeu politique, l'Artois a gardé peu de traces de son riche passé culturel, détruit au cours des deux conflits mondiaux. Les beffrois des grandes villes permettent cependant d'imaginer la richesse des communes médiévales.