Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

artillerie. (suite)

Dans le même temps, les techniques de tir s'améliorent considérablement, grâce à l'adoption de radars ou de télémètres à laser. Le matériel de DCA est complètement rénové : pièces légères et missiles sol-air sont introduits. Dans le cadre de la force de dissuasion, l'artillerie française, jusqu'en 1996, est encore équipée de pièces tirant les missiles nucléaires tactiques « préstratégiques » de type Pluton, puis Hadès. Associant canons et missiles, utilisant des projectiles extrêmement variés, elle constitue toujours l'un des outils majeurs de l'armée.

Artois,

ancienne province du nord de la France correspondant à la majeure partie du département du Pas-de-Calais.

Entre la Picardie au sud et la Flandre au nord, l'Artois abrite à l'époque gauloise le peuple des Atrébates, qui forme ensuite la cité gallo-romaine d'Arras, siège d'un évêché dans la Gaule chrétienne. Au centre du domaine historique des rois francs, la région fait partie du royaume mérovingien de Neustrie entre le VIe et le VIIIe siècle, puis devient un comté sous le règne de Charlemagne. Lorsque, aux IXe et Xe siècles, l'Empire carolingien se désagrège et que se constituent des principautés territoriales, l'Artois entre dans le grand ensemble flamand.

La dot d'Isabelle.

• L'Artois émerge de cet ensemble à la fin du XIIe siècle. En effet, le comte de Flandre Philippe d'Alsace, se posant comme le protecteur du jeune roi de France Philippe Auguste, fait épouser à ce dernier, en 1180, sa nièce Isabelle de Hainaut, à laquelle il promet en dot l'Artois, qu'il sépare du reste de la Flandre et lui en promet l'héritage. Lorsque Philippe d'Alsace disparaît, en 1191, Isabelle de Hainaut est morte, mais a donné le jour à un fils, le futur roi Louis VIII. Philippe Auguste entre donc en possession de l'Artois au nom de son fils. A son avènement, en 1223, Louis VIII intègre l'Artois dans le domaine royal, et surtout sa capitale Arras, riche cité drapière et centre bancaire, mais aussi foyer de culture (abbaye Saint-Vaast). Donné en apanage par Louis IX à son plus jeune frère, Robert, en 1237, l'Artois devient une principauté territoriale héréditaire, dont le destin est lié à des successions délicates, car il revient souvent à des héritières.

L'enjeu de nombreux conflits.

• La première succession d'Artois, sous le règne de Philippe le Bel, est marquée par les retentissants procès de Robert d'Artois à sa tante Mahaut en 1309 et 1318. Aux XIVe et XVe siècles, l'Artois passe ainsi de la Bourgogne à la Flandre, puis retourne à la Bourgogne, à partir de 1384. Le destin de la région suit, pendant cent cinquante ans, celui des états bourguignons, profitant de leur prospérité culturelle et économique. Au XVe siècle, les tapisseries d'Arras sont les rivales de celles de Bruxelles.

À la mort de Charles le Téméraire, en 1477, Louis XI se saisit d'une partie des états bourguignons, dont l'Artois. Mais leur légitime héritière épouse l'archiduc d'Autriche Maximilien de Habsbourg, et, pendant plus de dix ans, le roi de France Charles VIII et Maximilien se disputent l'héritage bourguignon. Le sort de l'Artois est fixé au traité de Senlis, en 1493, qui assure la possession de certaines villes artésiennes (Hesdin, Aire-sur-la-Lys, Saint-Omer) au roi de France, et la majeure partie de l'Artois à l'archiduc d'Autriche. L'Artois reste ainsi sous la domination des Habsbourg jusqu'à la paix des Pyrénées de 1659, conclue entre Louis XIV et le roi d'Espagne Philippe IV. Après cette date, il est complètement intégré au royaume de France, au point que le roi Louis XV peut donner à son petit-fils, futur Charles X, le titre de comte d'Artois, en 1757. À la Révolution, la région forme la majeure partie du département du Pas-de-Calais, dont le chef-lieu est Arras.

L'histoire de l'Artois illustre le sort d'une région de plaine frontalière, voie de passage et terre d'invasions : enjeu de toutes les successions, facilement démembré et redistribué comme une carte dans le jeu politique, l'Artois a gardé peu de traces de son riche passé culturel, détruit au cours des deux conflits mondiaux. Les beffrois des grandes villes permettent cependant d'imaginer la richesse des communes médiévales.

Artois (succession d'),

épisode opposant, au début du XIVe siècle, la comtesse Mahaut à son neveu Robert pour la succession du comté d'Artois.

À la mort de Robert II, comte d'Artois, en 1302, s'ouvre une succession délicate. En effet, le fils aîné de Robert II, Philippe, est mort en 1298, avant son père. Les héritiers de Robert II sont donc sa fille Mahaut et son petit-fils Robert, fils du défunt Philippe. La coutume d'Artois n'admettant pas qu'un fils puisse représenter les droits successoraux de son père mort, et aucune clause ne réservant l'héritage de l'Artois aux mâles, le comté revient donc à Mahaut. Celle-ci bénéficie d'un soutien important à la cour de France, puisqu'elle a épousé en 1285 Othon, comte de Bourgogne (de la future Franche-Comté), et marié ses deux filles avec deux fils de Philippe le Bel, les futurs Philippe V et Charles IV.

Le jeune Robert, débouté une première fois en 1309, prend en 1315 la tête d'un mouvement féodal hostile à Mahaut, et revient à la charge auprès du roi Philippe V en 1318. Une nouvelle fois, la Cour des pairs donne raison à Mahaut. La situation tourne au profit de Robert d'Artois en 1328, lorsque la dynastie des Valois, en la personne du roi Philippe VI, accède au trône de France. Robert d'Artois a en effet épousé la propre sœur de Philippe de Valois et soutenu l'accession au trône de ce dernier. S'appuyant sur l'exemple du comte de Flandre, qui a laissé son comté à l'aîné de ses petits-enfants, Robert d'Artois demande à bénéficier de cette pratique, et produit témoins et documents prouvant que la volonté de son grand-père, Robert II, était bien de lui laisser le comté d'Artois.

Avant que l'affaire ne vienne devant le parlement, Mahaut meurt, en novembre 1329 ; peu après meurt sa fille et héritière, Jeanne de Bourgogne, qui laisse du roi Philippe V une fille, Jeanne de France, épouse du duc Eudes IV de Bourgogne, très puissant au Conseil. Le 14 décembre 1330, en audience, les conseillers du parlement démontrent que les documents produits par Robert d'Artois sont des faux. Pour la troisième fois, Robert d'Artois est débouté. L'usage de faux documents, crime de lèse-majesté, est jugé dans un procès criminel : la faussaire, Jeanne de Divion, est brûlée en 1331, et Robert d'Artois, qui avait fui la cour, est banni en 1332. Il finit par trouver refuge auprès du roi d'Angleterre Édouard III. Ce dernier prête une oreille bienveillante aux plaintes de ce baron français hostile à Philippe VI, qui, en prélude à la guerre de Cent Ans, attise les ambitions du roi d'Angleterre.