Louis-Philippe Ier, (suite)
Le « roi des Français ».
• L'occasion rêvée se présente durant l'été 1830, dans des conditions inattendues. C'est lui, sous la pression des libéraux, qui hérite au prix d'une révision de la Charte de 1814, et avec la bénédiction de La Fayette, du trône laissé vacant par Charles X. « Roi des Français » en août 1830, il représente, aux yeux de ses partisans, un juste milieu entre l'aventurisme républicain et la réaction absolutiste. Sous des dehors modestes et débonnaires, il prouve sans tarder qu'il entend bien gouverner la France. Contre les partisans d'une politique volontariste en faveur des patriotes belges ou polonais, il choisit la conciliation avec ses voisins européens : il désire à la fois la paix et la reconnaissance du régime par Londres, Vienne et Saint-Pétersbourg. Il joue aussi un rôle majeur dans le tournant conservateur imprimé dès le début de l'année 1831, et il cherche à imposer son autorité dans la conduite des affaires intérieures : après de sérieux différends avec l'intraitable Casimir Perier (1831-1832), il excelle à neutraliser des chefs politiques qui s'entredéchirent. Peu à peu, le régime s'enracine : les troubles insurrectionnels légitimistes et républicains du début des années 1830 sont jugulés, tandis que l'essor de l'activité économique favorise la stabilité, et que le souverain tisse pour ses enfants des alliances matrimoniales à visée dynastique. À partir de 1840, le régime semble atteindre un point d'équilibre : le roi trouve en François Guizot un ministre des Affaires étrangères, un président du Conseil rigoureux, efficace, partageant pour l'essentiel ses propres orientations politiques. Les deux hommes désirent que la France tienne une place honorable dans une Europe pacifiée. En outre, ils refusent l'idée d'un élargissement du suffrage dans le pays. Cette intransigeance, si peu en harmonie avec les évolutions profondes de la société française, les coupe du pays réel au moment même où le mouvement républicain mûrit et où la question ouvrière fait son entrée dans les débats nationaux. Louis-Philippe perçoit mal le mouvement d'hostilité au régime, qui s'étend à partir de 1847 ; il sous-estime la détermination des organisateurs de la « campagne des banquets » (1847). Lorsqu'ils réclament le départ de Guizot, c'est déjà au roi que les opposants s'attaquent. Abandonné par la Garde nationale et par les Parisiens, sans héritier valable, il est détrôné en février 1848, et retrouve le chemin d'un exil cette fois définitif.