Mazarin (Giulio Mazarini, dit en français Jules), (suite)
La fin d'une période de guerres.
• Si Mazarin apparaissait finalement indispensable au jeune roi et à sa mère, mais aussi à tous les esprits, une fois la colère apaisée, c'est que la guerre n'était pas finie et que l'Espagne profitait des querelles intérieures pour reprendre, en 1652, des positions essentielles : Barcelone, Dunkerque, Casal. La France avait besoin d'un allié pour riposter : Mazarin négocia avec l'Angleterre de Cromwell une alliance militaire, qui allait remporter la victoire des Dunes (14 juin 1658).
La paix des Pyrénées qui s'ensuivit, négociée par Mazarin et signée le 7 novembre 1659, concluait la guerre franco-espagnole, mais aussi la guerre européenne.
Mazarin avait réussi à donner à la France d'abord la sécurité des traités : ceux de 1648 et 1659 fixaient un nouvel ordre international et de nouvelles règles en Europe. Il avait ensuite assuré une plus grande sécurité du territoire, par les possessions d'Alsace, le contrôle de la Lorraine, l'éloignement de la frontière au nord grâce à l'Artois, et l'acquisition du Roussillon qui complétait la ligne des Pyrénées. Il avait donné, enfin, la sécurité de l'avenir, parce qu'il avait offert une carte diplomatique essentielle à la maison de Bourbon : des prétentions à la couronne d'Espagne par le mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche.
Arbitre de l'Europe et éducateur d'un roi.
• Mazarin avait su également constituer face à l'empereur, en 1658, une Ligue du Rhin qui lui permettait de contrôler la politique impériale. Il était aussi en permanence intervenu dans la guerre qui avait éclaté au nord de l'Europe entre la Suède, la Pologne et le Brandebourg. Finalement, ce fut sous l'arbitrage de la France que la paix fut rétablie en 1659-1660. Par son talent de négociateur, Mazarin, faisait de la France une puissance présente dans toute l'Europe.
Surtout, le cardinal s'était consacré, après la Fronde, à la formation du jeune Louis XIV, qu'il avait initié peu à peu aux affaires publiques et à son métier de roi. Le 9 mars 1661, Mazarin mourait et Louis XIV devait suivre nombre de ses conseils et de ses leçons.
Le cardinal - dont l'intendant s'appelait Colbert - laissait une immense fortune derrière lui, la plus grande du XVIIe siècle. Il avait rassemblé de belles collections de sculptures, de tableaux, de tapisseries, de bijoux. Il était duc et pair, et avait environ vingt-cinq abbayes. Il avait assuré à ses sept nièces des alliances prestigieuses. Il avait aussi créé le Collège des Quatre-Nations, à Paris, en souvenir des quatre « nations » ou provinces (Alsace, Pignerol, Artois , Roussillon) qu'il avait rattachées à la France.