Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Mazarin (Giulio Mazarini, dit en français Jules), (suite)

La fin d'une période de guerres.

• Si Mazarin apparaissait finalement indispensable au jeune roi et à sa mère, mais aussi à tous les esprits, une fois la colère apaisée, c'est que la guerre n'était pas finie et que l'Espagne profitait des querelles intérieures pour reprendre, en 1652, des positions essentielles : Barcelone, Dunkerque, Casal. La France avait besoin d'un allié pour riposter : Mazarin négocia avec l'Angleterre de Cromwell une alliance militaire, qui allait remporter la victoire des Dunes (14 juin 1658).

La paix des Pyrénées qui s'ensuivit, négociée par Mazarin et signée le 7 novembre 1659, concluait la guerre franco-espagnole, mais aussi la guerre européenne.

Mazarin avait réussi à donner à la France d'abord la sécurité des traités : ceux de 1648 et 1659 fixaient un nouvel ordre international et de nouvelles règles en Europe. Il avait ensuite assuré une plus grande sécurité du territoire, par les possessions d'Alsace, le contrôle de la Lorraine, l'éloignement de la frontière au nord grâce à l'Artois, et l'acquisition du Roussillon qui complétait la ligne des Pyrénées. Il avait donné, enfin, la sécurité de l'avenir, parce qu'il avait offert une carte diplomatique essentielle à la maison de Bourbon : des prétentions à la couronne d'Espagne par le mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche.

Arbitre de l'Europe et éducateur d'un roi.

• Mazarin avait su également constituer face à l'empereur, en 1658, une Ligue du Rhin qui lui permettait de contrôler la politique impériale. Il était aussi en permanence intervenu dans la guerre qui avait éclaté au nord de l'Europe entre la Suède, la Pologne et le Brandebourg. Finalement, ce fut sous l'arbitrage de la France que la paix fut rétablie en 1659-1660. Par son talent de négociateur, Mazarin, faisait de la France une puissance présente dans toute l'Europe.

Surtout, le cardinal s'était consacré, après la Fronde, à la formation du jeune Louis XIV, qu'il avait initié peu à peu aux affaires publiques et à son métier de roi. Le 9 mars 1661, Mazarin mourait et Louis XIV devait suivre nombre de ses conseils et de ses leçons.

Le cardinal - dont l'intendant s'appelait Colbert - laissait une immense fortune derrière lui, la plus grande du XVIIe siècle. Il avait rassemblé de belles collections de sculptures, de tableaux, de tapisseries, de bijoux. Il était duc et pair, et avait environ vingt-cinq abbayes. Il avait assuré à ses sept nièces des alliances prestigieuses. Il avait aussi créé le Collège des Quatre-Nations, à Paris, en souvenir des quatre « nations » ou provinces (Alsace, Pignerol, Artois , Roussillon) qu'il avait rattachées à la France.

mazarinades,

nom donné aux écrits, pour la plupart polémiques, qui ont vu le jour pendant la Fronde.

Le terme est emprunté à la Mazarinade, parodie d'épopée retraçant sur le mode burlesque la vie de Mazarin, publiée par Scarron en 1651. Il a d'abord désigné les libelles hostiles au cardinal, puis l'ensemble de la littérature politique produite pendant la Fronde (pamphlets, manifestes, journaux, chansons, placards, etc.). De 1648 à 1653, environ 5 200 textes imprimés et quelque 600 manuscrits voient le jour ; ils sont publiés à Paris, pour l'essentiel, mais aussi dans les grandes villes frondeuses (Aix, Bordeaux, Rouen), et très majoritairement hostiles au cardinal et au parti de la cour.

Nombre de ces textes, surtout pendant la Fronde des princes (1650-1653), émanent des cabinets de presse des principaux acteurs politiques (Retz, Condé, Gaston d'Orléans, voire Mazarin lui-même), qui entretiennent tout un réseau de rédacteurs, d'imprimeurs, de colporteurs, de « criailleurs ». Imprimées dans le feu de l'action, vendues très bon marché (1 sol), ces feuilles, en jouant sur des registres variés (allant du manifeste politique au pamphlet injurieux ou licencieux), s'efforcent d'atteindre tous les publics : robins, gentilshommes, marchands, « menu peuple ». Autant que d'informer ou de convaincre, il s'agit de tenir le pavé. Ce que le critique Hubert Carriera a justement appelé les « états généraux du verbe » porte témoignage de la vitalité littéraire et de la culture politique de l'âge baroque.

Mazas (prison),

ancienne prison parisienne, située sur le boulevard Mazas (aujourd'hui, boulevard Diderot), et dont la conception suscita des polémiques.

L'épineuse question de la détention alimente d'interminables débats pendant la période de la monarchie censitaire. Sur un point, réformateurs et spécialistes de tous horizons semblent d'accord : la détention collective conduit à la dépravation des individus, favorise les récidives, diffuse la subversion politique ou morale au sein même du milieu carcéral. La prison Mazas, dont la construction est décidée en 1845, doit donc permettre à la fois d'éradiquer ces fléaux et de rendre impossible toute évasion : chaque détenu occupera une cellule individuelle de 12 mètres carrés ; ses conditions de vie - confort, nourriture - feront l'objet d'un soin particulier. Un ingénieux système de ventilation et des « tuyaux phoniques » introduiront une touche de modernité. Maintenu en situation d'isolement, le prisonnier deviendra anonyme : on l'identifiera par le numéro de sa cellule. C'est en mai 1850 que cette prison est inaugurée. Elle doit accueillir plus de mille détenus. Inspiré d'un système panoptique, son aménagement permet une surveillance de tous les instants : forme octogonale, ronds points d'observation, couloirs dégagés, communications faciles entre tous les gardiens. L'expérience soulève des protestations indignées : les prisonniers supportent mal ce régime de détention, et les observateurs dénoncent des conditions d'isolement inhumaines. En définitive, seuls des prévenus, en attente de jugement, y sont incarcérés pour de courtes périodes. Modèle controversé des maisons d'arrêt cellulaires, la prison Mazas est désaffectée en 1896, et démolie deux ans plus tard.

Meaux (cercle, cénacle ou groupe de),

groupe de réformateurs religieux, rassemblés autour de Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, et dont l'action a ouvert la voie à la Réforme française.