Normandie (débarquement de), (suite)
La stratégie.
• Les grandes lignes de l'invasion sont arrêtées lors de la conférence de Téhéran, fin 1943. Mais les Alliés hésitent encore sur le lieu du débarquement. Ils pensent au Pas-de-Calais, plus proche à la fois des côtes britanniques et des frontières de l'Allemagne. Cependant, le secteur est puissamment défendu par les 58 divisions du maréchal Gerd von Runstedt et par les fortifications du mur de l'Atlantique. Aussi, Eisenhower, soucieux de provoquer une surprise stratégique, choisit-il la Normandie, plus éloignée de l'Angleterre, mais où l'ennemi est moins bien préparé. Par l'opération de deception (intoxication) « Fortitude », les Alliés feront croire aux Allemands que l'assaut en Normandie n'est qu'une diversion et les contraindront donc à maintenir une partie de leurs réserves dans le Pas-de-Calais.
Quant aux Allemands, ils hésitent sur la stratégie à appliquer. Rommel souhaite détruire les forces d'invasion sur les plages, grâce aux divisions blindées tenues en réserve. Von Rundstedt entend, lui, livrer bataille à l'intérieur des terres. Hitler tranchera en subordonnant toute intervention des chars à son accord personnel.
Les moyens.
• Les forces alliées ont massé en Angleterre des centaines de milliers de soldats, des dizaines de milliers de chars et de véhicules, et des milliers d'avions. L'opération initiale mobilise sept divisions d'infanterie, blindées et aéroportées. Ces dernières doivent être parachutées aux deux extrémités de la zone où débarqueront les forces terrestres alliées. Les Américains doivent débarquer sur deux plages situées de part et d'autre de l'estuaire de la Vire. - Omaha et Utah -, avec 57 000 hommes et 15 500 soldats aéroportés, et les Britanniques, sur trois plages du secteur de Caen - Juno, Sword et Gold -, avec 75 000 hommes et 8 000 soldats aéroportés.
Les moyens navals sont à la hauteur des forces terrestres. Le plan « Neptune » prévoit en effet que 4 000 navires convoieront, outre les hommes, 1 500 blindés et 16 000 véhicules. 1 500 bâtiments de guerre doivent appuyer de leur feu les forces d'invasion. La part qui revient aux forces aériennes est tout aussi considérable, avec 11 000 avions chargés de s'assurer la maîtrise de l'air et de couper les lignes de communication allemandes. En attendant de prendre Cherbourg, les Alliés prévoient en effet de faire transiter le flux logistique indispensable par un port artificiel, le Mulberry. Le ravitaillement en carburant sera assuré par un oléoduc courant sous la Manche.
Le jour « J ».
• Le mauvais temps retarde l'attaque jusqu'au 6 juin. Dans la nuit qui précède l'assaut amphibie, les troupes aéroportées parviennent à s'emparer d'un certain nombre de points stratégiques, non sans pertes importantes. À l'aube, les forces alliées commencent à débarquer, rencontrant une résistance plus ou moins forte selon les plages. Au soir du 6, les Anglo-Américains sont parvenus à établir leurs têtes de pont en territoire français, au prix d'une dizaine de milliers d'hommes perdus - beaucoup moins que ne le craignait Eisenhower. Mais la ville de Caen, objectif de la première journée, n'a pas été atteinte. Une dure, longue et meurtrière bataille attend encore les Alliés. Elle durera jusqu'au milieu du mois d'août, aboutissant à une défaite sans appel des forces allemandes.