Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Louis VII le Jeune, (suite)

Lorsqu'il meurt le 18 septembre 1180, après avoir associé à la couronne en 1179 son fils, le futur Philippe II Auguste (1180/1223), afin d'assurer la continuité dynastique, Louis VII n'a donc pas réussi à contenir l'expansion anglaise. Mais, si le royaume a perdu en puissance et en étendue, l'autorité du roi capétien s'est renforcée, en raison de la transformation de la cour du roi. Le rôle des légistes est désormais déterminant et l'emporte sur celui des vassaux, qui reconnaissent la suprématie de la justice du roi. Paris est devenu à la fois le lieu de séjour habituel du souverain et le siège ordinaire du gouvernement. La publication des premières ordonnances royales a aussi contribué à poser les fondements d'une action administrative de la royauté - véritable conquête du règne de Louis VII.

Louis VIII le Lion,

roi de France de 1223 à 1226 (Paris 1187 - Montpensier 1226).

Il est le premier roi capétien à monter sur le trône sans avoir été associé à la couronne du vivant de son prédécesseur, son père Philippe Auguste (1180/1223). Il n'accède à la royauté qu'à la mort de ce dernier, le 14 juillet 1223, et il est sacré le 6 août suivant.

Dans les années qui précèdent son couronnement, il participe aux campagnes victorieuses de son père. En 1215, il se voit offrir la couronne d'Angleterre - à charge pour lui de la conquérir - par les barons anglais révoltés contre Jean sans Terre. Il débarque en Angleterre en mai 1216. Cependant, l'intervention du pape - qui s'oppose à son projet -, la mort de Jean sans Terre en octobre, l'accession au trône du fils de ce dernier - Henri III, auquel les Anglais se rallient - et une défaite subie en 1217 l'obligent à renoncer à ses prétentions (traité de Kingston, septembre 1217).

En France, son court règne est marqué par l'implantation capétienne dans le Poitou et la conquête du Midi hérétique. Profitant des discordes que ne peut réduire son rival anglais Henri III, le jeune roi s'empare des villes de Niort, Saint-Jean-d'Angély et La Rochelle au cours de l'été 1224. Louis VIII participe ensuite à la croisade contre les albigeois, en 1226. La répression de l'hérésie cathare vise en réalité à la « colonisation » politique du Languedoc. L'habileté diplomatique du roi lui permet d'abord d'obtenir l'excommunication du comte Raimond VII de Toulouse dans le but d'éviter la reconstitution du comté de Toulouse. Cette politique lui vaut l'appui des évêques et lui facilite la reddition des villes (Nîmes, Beaucaire, Tarascon, Carcassonne). Avignon est prise après un siège de trois mois et le bas Languedoc est rapidement occupé par les troupes royales.

Sur le chemin du retour de cette croisade contre les albigeois, Louis VIII meurt brutalement d'une crise de dysenterie, le 8 novembre 1226. Le surnom de « Cœur de Lion » lui est donné après sa mort, à la suite de la diffusion d'une prophétie attribuée à Merlin et interprétée dans un sens politique : le roi est identifié au « lion » mentionné dans l'un des versets prophétiques. La mort de Louis VIII pose alors un problème encore inconnu de la dynastie capétienne : celui d'une régence. Dévolue à Blanche de Castille, mariée à Louis VIII en 1200 et dont elle a eu douze enfants, cette régence offre aux féodaux l'occasion de jouer un nouveau rôle contre les progrès de l'autorité monarchique avant la majorité de Louis IX, le futur Saint Louis.

Louis IX

Devenu Saint Louis vingt-sept ans après sa mort, le roi Louis IX est sans doute, entre son grand-père Philippe Auguste et son petit-fils Philippe le Bel, l'une des figures les plus prestigieuses de la monarchie française.

L'hagiographie, relayée par une imagerie simplificatrice, n'a guère restitué la mesure de cette personnalité complexe, dont la richesse continue d'intriguer et de fasciner les historiens contemporains. Le roi à la piété fervente, le croisé hanté par la reconquête de la Terre sainte, est aussi le réformateur énergique de son royaume, l'arbitre que toute l'Europe a sollicité pour ses vertus de conciliation.

Les années de formation

Deuxième des huit fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, le futur Louis IX naît sans doute à Poissy le 25 avril 1214. Il n'a que 12 ans lorsque son père meurt, au retour d'une expédition victorieuse en Languedoc (1226). De crainte d'avoir à affronter une coalition de féodaux, sa mère et les conseillers de Louis VIII hâtent son adoubement et son sacre, auquel certains barons s'abstiennent de paraître. Mais la reine sait se concilier le comte de Champagne et déjouer une tentative des grands pour s'emparer de la personne du roi ; elle conduit l'armée royale en Champagne et en Bretagne pour tenir les opposants en respect. Son principal succès est, en 1229, la conclusion du traité qui ramène le comte de Toulouse dans l'obéissance au roi.

L'éducation donnée par la reine Blanche de Castille à son fils marque profondément le futur monarque : elle allie de solides principes moraux et religieux à un apprentissage du métier royal qui inclut à la fois l'art du combat et les disciplines intellectuelles. Si les historiens ont insisté, à juste titre, sur le rôle de sa mère, il faut également faire la part des vieux conseillers de son père dans ces années de formation.

Marié en 1234 à Marguerite, fille du comte de Provence, Louis continue d'associer sa mère au gouvernement. Mais des dangers à la fois intérieurs et extérieurs menacent son royaume. Il doit affronter une coalition qui réunit le roi Henri III d'Angleterre, les comtes de la Marche et de Toulouse, soutenus par l'empereur Frédéric II. Ses victoires décisives de Taillebourg et de Saintes (1242) entraînent la soumission des deux comtes et la retraite du roi d'Angleterre.

La croisade

La chute de Jérusalem (août 1244) est certainement à l'origine de la prise de croix du roi, qui émet son vœu durant une grave maladie, indépendamment de la proclamation de la croisade par le pape. Préparée avec beaucoup de soin sur le plan logistique et financier, l'expédition met à contribution les églises et les villes. Le roi y ajoute une préparation morale : des religieux mènent une grande enquête sur les torts que ses agents et ceux de ses prédécesseurs ont pu infliger aux sujets du royaume, ce qui le conduit à prendre des sanctions contre certains de ses gens. Partie d'Aigues-Mortes le 25 août 1248, l'expédition séjourne longuement à Chypre, avant de se porter sur Damiette, port égyptien, que ses défenseurs abandonnent. On attend cependant la fin de la crue du Nil pour entamer une marche sur Le Caire. Mais la croisade tourne mal dans les mois qui suivent : la progression est difficile, et l'armée ne parvient pas à s'emparer de la forteresse de Mansourah (8 février 1250) ; exténuée par une épidémie, elle est obligée de battre en retraite, avant d'être écrasée par les Égyptiens. Comble de l'humiliation, le roi et une partie de son armée sont faits prisonniers (6 avril 1250).