Ponts et Chaussées (école et administration des). (suite)
Depuis le XIXe siècle, les ingénieurs ordinaires du corps se répartissent dans 350 arrondissements, sous l'autorité d'une centaine d'ingénieurs en chef départementaux environ, eux-mêmes relevant des ingénieurs généraux des services centraux. En outre, 2 000 subdivisions territoriales sont prises en charge par des ingénieurs qui ne sont pas membres du corps.
La mainmise sur le génie civil.
• Le corps a, depuis l'origine, dominé l'administration des Travaux publics (plus de 100 000 agents aujourd'hui). Celle-ci est placée sous la responsabilité du contrôle général des Finances durant l'Ancien Régime, puis du ministère de l'Intérieur (1799-1836), enfin du ministère des Travaux publics, devenu en 1966 ministère de l'Équipement. Depuis la mise en chantier de l'ambitieuse politique routière qui, après les arrêts de 1720 (classement des grandes voies) et de 1738 (corvée royale) et grâce à un budget décuplé au XVIIIe siècle, a doté la France de grands axes routiers modernes, les attributions du corps n'ont cessé de s'étendre jusqu'à un quasi-monopole sur le génie civil. Celui-ci, longtemps lucratif - administrations et collectivités locales versaient aux ingénieurs des honoraires proportionnels au coût des travaux -, est direct, portant sur les routes, ponts, « pavé de Paris », tunnels, ports, canaux, digues, bâtiments publics, barrages, infrastructures coloniales (1880-1960), aérodromes (1948), aménagement urbain (depuis les années 1960)... Il est également indirect sous le régime des concessions : contrôle des ponts de Paris sous Napoléon Ier, des chemins de fer à partir de 1842, des ponts à péage ressuscités en 1951 (Tancarville), et des autoroutes à péage (loi de 1955). Dans les années 1960, le corps diversifie ses débouchés dans les autres ministères et les firmes liées à son activité. Il s'ouvre aux femmes en 1975.
Une école d'élite à deux degrés.
• Première grande école technique française, constituée empiriquement à partir de 1747 sous l'impulsion de Trudaine et de Perronet, les Ponts et Chaussées sont officiellement fondés par le « Règlement » de 1775. L'école encadre alors une soixantaine d'élèves recrutés selon leur mérite et sur recommandation, et répartis en trois classes. Les enseignements (géométrie, dessin, mécanique, hydraulique...) sont assurés par des ingénieurs en activité. En 1791, elle s'ouvre à tous les départements par concours, devient gratuite, et ses élèves sont salariés. En 1795, elle se transforme en école d'application de l'École polytechnique nouvellement créée, avec deux ans de scolarité pour environ 20 promus par an dans le corps des Ponts et Chaussées (30 aujourd'hui). Les chaires d'enseignants, fondées en 1799, se multiplient ensuite en liaison avec les nouvelles techniques et la diversité des missions des ingénieurs. Réformée en 1851, l'école admet désormais des élèves externes, qui deviennent « ingénieurs civils » des Ponts et Chaussées (ouverture aux femmes en 1959) et n'intègrent pas le corps ; après 1950, ils sont, à l'école, plus nombreux que les polytechniciens. Depuis 1747, 15 000 ingénieurs ont été formés, dont les deux tiers depuis 1950 : le recrutement annuel, de 50 élèves entre 1900 à 1950, est passé de nos jours à près de 200. Devenue aussi centre de formation continue, l'école est aujourd'hui très liée à la recherche - laboratoires, Annales des Ponts et Chaussées (depuis 1831), Presses de l'école -, et ouverte aux partenariats étrangers ainsi qu'au monde entrepreneurial.