Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
P

papauté d'Avignon.

L'installation de la papauté en Avignon durant tout le XIVe siècle fait alors de cette cité la capitale de la chrétienté.

Elle marque également une étape fondamentale dans l'évolution du pouvoir pontifical et dans les rapports qu'entretient ce dernier avec les États souverains, en particulier avec le royaume de France.

C'est en 1309 que Clément V, ancien archevêque de Bordeaux élu pape quatre ans auparavant avec l'appui de Philippe le Bel, s'établit en Avignon. En effet, contrairement à Rome, déchirée par les luttes de factions, la ville présente des garanties de sécurité, car elle est située à proximité du domaine pontifical du Comtat Venaissin, du royaume de France et de la Provence angevine. Jusqu'à son acquisition par Clément VI en 1348, la cité appartient aux rois angevins de Naples, dont Jean XXII a été le conseiller et qui sont parents des rois de France. La nomination de cardinaux d'origine française, essentiellement des Méridionaux, par Clément V (1305/1314), Jean XXII (1316/1334) et leurs successeurs, explique l'élection continue de papes français durant tout le XIVe siècle et la fixation de la papauté en Avignon jusqu'au retour à Rome de Grégoire XI, en 1377. Puis, jusqu'au début du XVe siècle, en raison du grand schisme d'Occident (1378-1417), Avignon demeure résidence pontificale - celle de Clément VII et de Benoît XIII -, tandis que des papes rivaux siègent à Rome.

La présence de la Curie transforme la ville en une véritable capitale : diplomates, financiers, commerçants, artistes et étudiants y affluent. Benoît XII (1334/1342) et Clément VI (1342/1352) décident d'y construire un vaste palais, et sont bientôt imités par nombre de cardinaux. Une nouvelle enceinte, édifiée en 1359, fait plus que doubler la superficie de la cité. Cependant, la période avignonnaise marque aussi un profond changement du pouvoir pontifical. En effet, l'idéal théocratique promu par les papes au XIIIe siècle est contrecarré par les pressions, régulières, exercées sur la papauté par les rois de France, depuis Philippe le Bel (1285/1314) jusqu'à Charles V (1364/1380), pour des raisons à la fois fiscales et politiques. Par ailleurs, le renforcement de la centralisation administrative dans les institutions ecclésiastiques et le développement considérable de la fiscalité pontificale suscitent de nombreuses oppositions, tant chez les clercs que chez les laïcs. De même, l'établissement durable des papes loin de Rome - ville dont l'apôtre Pierre fut le premier évêque - n'est pas unanimement accepté. Enfin, le contrôle accru du pape sur la collation des bénéfices ecclésiastiques et la pratique du népotisme favorisent la constitution de clans cardinalices, dont la rivalité se trouve directement à l'origine du Grand Schisme.

Papier timbré (révolte du),

révolte qui éclate en Bretagne en 1675.

Elle a lieu au moment où la province sort d'une ère de prospérité très longue, originale en France, pour connaître des difficultés économiques durables. Au sens strict, cette révolte concerne la plupart des villes bretonnes, et en particulier Rennes, où elle commence le 18 avril et atteint son paroxysme en juin. L'occasion de cette rébellion est l'instauration de nouvelles taxes, d'un monopole royal de la vente du tabac, et la création d'un droit d'enregistrement des actes officiels par le recours au papier timbré. Faute de troupes dans la province, la répression tarde jusqu'en octobre : une rue de Rennes est presque entièrement rasée, la troupe loge chez les habitants, et, surtout, le parlement est exilé à Vannes jusqu'en 1689, un départ aux conséquences économiques très graves pour la ville.

Cependant, l'importance de l'événement tient aussi - au moins, autant - à sa simultanéité avec une révolte paysanne, dirigée à la fois contre les abus des seigneurs et l'instauration des nouvelles taxes, qui touche essentiellement le centre et le sud du Finistère actuel pendant tout l'été. Connu sous le nom de « révolte des Bonnets rouges », le mouvement rural a laissé plusieurs remarquables cahiers de revendications paysannes, les « codes paysans ». Son écho, en pleine guerre de Hollande, est international, et il est également largement commenté par la marquise de Sévigné, qui séjourne alors en Bretagne.

Une vision « romantique » en est donnée par le mouvement contestataire breton des années 1970, ravivant un souvenir entretenu d'autant plus fortement qu'il s'agit de la seule révolte populaire importante en Bretagne entre le XVe siècle et 1793.

Papin (Denis),

physicien et inventeur (Chitenay, près de Blois, 1647 - Londres 1712).

Papin appartient au groupe de savants qui participent au renouveau de la science au XVIIe siècle. Sa contribution à la « philosophie expérimentale » tient au perfectionnement de la pompe à air, enjeu de débats passionnés entre Boyle, Hobbes et Huygens. Papin collabore à Paris avec Huygens et publie les Nouvelles Expériences du vide (1674). Envoyé à Londres en 1675, il met au point, avec Boyle, un nouveau modèle, meilleur marché, et favorise la diffusion commerciale de la pompe à air. Membre de la Royal Society en 1680, Papin s'intègre aux réseaux savants anglais. Il poursuit aussi les travaux de Huygens sur la machine à poudre (dans laquelle la pression atmosphérique abaisse un piston) et s'intéresse aux diverses utilisations de la vapeur (digesteur, 1682). Il quitte l'Angleterre en 1687 mais, étant protestant, il ne peut rejoindre la France. Il s'installe à Cassel, à Marbourg, où le landgrave soutient son effort inventif, qui concerne surtout le cylindre à foyer mobile (1690) et la machine à vapeur avec piston (« machine de l'Électeur »), qu'il décrit en 1707 et qui améliore celle de Savery. Mais ses relations avec le landgrave sont fluctuantes et son projet de bateau à vapeur est compromis. Il se retire à Londres, où il meurt, sans gloire. Le rôle de la pression atmosphérique et l'utilisation du piston sont cependant des apports majeurs, comme le confirme la machine à vapeur de son contemporain anglais Thomas Newcomen (1663-1729).

Papon (procès),

procès qui s'ouvre le 8 octobre 1997 pour juger Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde de juin 1942 jusqu'à la Libération, accusé de complicité de crimes contre l'humanité.