Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Anjou,

ancienne province de France axée sur la Loire, entre Bretagne et Touraine, Maine et Poitou, dont les limites correspondent à celles de l'actuel département de Maine-et-Loire. Dépourvu d'unité naturelle, c'est avant tout une construction politique qui remonte au Moyen Âge.

Formé du territoire de la tribu gauloise des Andécaves, l'Anjou est intégré après la conquête romaine aux provinces de Celtique, puis de Lugdunaise, avant d'être fondu dans le royaume franc. Son identité n'est toutefois acquise qu'à la fin du IXe siècle, lorsque apparaît la première mention du comté d'Angers, défendu des incursions normandes par Robert le Fort, puis par son fils Robert qui, devenu roi des Francs, y installe un vicomte, qui est à l'origine de la première maison comtale. Ainsi, l'Anjou devient-il l'un des principaux fiefs du royaume : vassaux directs des Capétiens, dont ils sont les alliés, Foulques Nerra et son fils Geoffroi Martel l'étendent aux Mauges, au Saumurois, à une partie de la Touraine et s'assurent la suzeraineté du Maine. Le comté, réorganisé par Foulques V et Geoffroi Plantagenêt, qui imposent leur pouvoir aux seigneurs féodaux et développent l'administration, notamment en matière de justice, revient en 1151 à Henri II Plantagenêt, bientôt duc d'Aquitaine et roi d'Angleterre. L'Anjou, confié à un sénéchal, est ainsi intégré à un vaste empire qui comprend, outre l'Angleterre, la Normandie, puis la Bretagne, l'Aquitaine et la Gascogne. Après que Philippe Auguste s'en est emparé en 1205, il est constitué en apanage dans le testament de Louis VIII, en 1226, au bénéfice du frère cadet de Saint Louis, Charles Ier d'Anjou.

Sous cette deuxième dynastie, d'origine capétienne, l'Anjou devient avec le Maine l'élément périphérique d'un second empire angevin, centré non plus sur l'Atlantique, mais sur la Méditerranée, avec notamment les royaumes de Sicile et de Naples. Donné en dot par Charles II à sa fille Marguerite, épouse de Charles de Valois, l'Anjou revient à la couronne lors de l'accession au trône de leur fils, Philippe VI, en 1328, avant d'en être à nouveau dissocié par Jean le Bon, en 1356, comme duché cette fois, au profit de son fils cadet, Louis Ier d'Anjou. Le duché demeure l'apanage de la troisième maison d'Anjou jusqu'au décès du roi René (roi de Jérusalem et de Sicile, duc d'Anjou et comte de Provence), en 1480, suivi en 1481 de celui de son héritier, Charles du Maine, qui, en faisant de Louis XI son légataire universel, a permis au duché d'être définitivement réuni à la couronne.

Anjou (Philippe, duc d'),

roi d'Espagne sous le nom de Philippe V (de 1700 à 1746), fondateur de la lignée des Bourbons d'Espagne (Versailles 1683 - Madrid 1746).

Deuxième fils de Louis de Bourbon et de Marie-Anne de Bavière, petit-fils de Louis XIV, il est élevé en cadet qui n'est pas destiné à régner, mais bénéficie de l'enseignement de Fénelon. Charles II d'Espagne, demi-frère de sa grand-mère Marie-Thérèse, en fait son héritier s'il renonce au trône de France, ce qui déclenche la guerre de la Succession d'Espagne. Arrivé à Madrid avec ses conseillers français, il doit affronter l'invasion du prétendant Charles de Habsbourg. Chassé de sa capitale en 1706 et 1710, Philippe V gagne le cœur des Castillans par son courage. La paix d'Utrecht (1713) lui garantit son trône, mais il perd les possessions d'Italie et des Pays-Bas, et échoue à faire valoir ses droits sur la France après la mort de Louis XIV. Il veut reconquérir la Sicile, ce qui entraîne une guerre contre l'Angleterre et la France (1718). Le traité de 1721 normalise les relations entre les Bourbons. En 1738, Philippe V obtient de l'Autriche Naples et la Sicile, contre Parme et la Toscane. Influencé par la princesse des Ursins, agent de Louis XIV, mais aussi par ses épouses, Marie-Louise de Savoie puis Élisabeth Farnèse, fille du duc de Parme, dans l'ombre de son ministre le cardinal Alberoni jusqu'en 1719, Philippe V a réformé l'État espagnol sur le modèle de la centralisation française. Louis XIV lui avait dit : « Soyez bon Espagnol... mais souvenez-vous que vous êtes né Français. »

Anne d'Autriche,

épouse de Louis XIII, reine de France (Valladolid, Espagne, 1601 - Paris 1666).

Élevée à la cour d'Espagne régie par l'étiquette de Charles Quint, elle reçoit une éducation pieuse et stricte qui la marque profondément. Le 25 août 1612, le Conseil du roi vote le mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche, afin de parachever la politique de rapprochement avec l'Espagne « très catholique ». De cette union, célébrée le 25 décembre 1615, naîtront deux fils : Louis Dieudonné (1638), futur Louis XIV, et le duc d'Orléans (1640). Forte personnalité, peu instruite mais autoritaire et têtue, la reine Anne déchaîne les passions (c'est pourquoi Dumas lui accordera une telle place dans les Trois Mousquetaires et Vingt ans après). Ennemie jurée de Richelieu, qui mène une politique anti-espagnole, elle prend part à tous les complots ourdis contre le Cardinal : elle anime le parti dévot, qui s'oppose aux alliances conclues avec les pays protestants, et va même jusqu'à prêter son soutien à Chalais, qui projette de l'assassiner. Le 10 novembre 1630, elle est victime, au même titre que la reine mère Marie de Médicis, de la journée des Dupes, et envoyée en exil. Enfin, en 1637, éclate l'« affaire du Val-de-Grâce » : soupçonnée d'entretenir une correspondance secrète avec son frère Philippe IV d'Espagne alors que la France lui fait la guerre, elle est accusée de trahison. Seule la naissance d'un héritier la sauve de la disgrâce.

En 1643, à la mort de Louis XIII, la reine entame une seconde carrière politique, radicalement différente de la première. Loin de continuer à mettre en péril la sûreté et la stabilité de l'État, elle n'a plus qu'un souci : offrir à son fils un royaume pacifié et unifié. Elle fait donc casser le testament de Louis XIII par le parlement de Paris, se fait proclamer régente, et obtient les pleins pouvoirs, qu'elle confie à Mazarin. L'œuvre accomplie par le « duovirat » est considérable : ils soumettent les frondeurs, signent la paix avec l'Autriche (traité de Westphalie, 1648) et avec l'Espagne (traité des Pyrénées, 1659). En 1661, Louis XIV se retrouve à la tête d'un royaume puissant et soumis. La reine mère se retire à l'abbaye du Val-de-Grâce, qu'elle a fait construire, et y meurt en 1666.