légitimisme, (suite)
Implantation et modes d'action.
• Le Parti légitimiste, solidement implanté dans le Lyonnais, le Midi provençal, le Languedoc et l'Aquitaine, est également présent dans l'Ouest vendéen. Il recrute dans l'aristocratie foncière, la bourgeoisie catholique des grandes villes du Sud, parfois dans le monde paysan. Il a ses députés, roturiers comme Berryer ou nobles comme Falloux et La Rochejaquelein. Une presse, toujours puissante et de qualité, défend ses positions : l'Écho du Midi, la Gazette universelle, l'Union monarchique ou la Mode, dirigée par Alfred Nettement. L'élite littéraire - Balzac, Vigny - le soutient. Son intransigeance et le devoir impératif de fidélité aux souverains détrônés confortent son opposition à la monarchie de Juillet. Cependant, trop tourné vers le passé, le légitimisme se coupe du pays et s'étiole dans de vaines commémorations ou dans de brouillonnes agitations telles que l'expédition de la duchesse de Berry et le complot de la rue des Prouvaires. Une forme de relève apparaît pourtant : en siégeant à la Chambre, Berryer ou Falloux comprennent la nécessité de composer avec les nouvelles règles institutionnelles pour exister ; parallèlement, un néo-légitimisme, autour de Chateaubriand, s'inspire des idéaux démocratiques dans l'espoir de réconcilier la monarchie et le peuple, et se rapproche ainsi des républicains.
Un mouvement d'idées.
• Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le légitimisme reste bridé dans son action par son refus des régimes successifs : sa fidélité au comte de Chambord ne se dément pas et, jusqu'à la mort de ce dernier en 1883, fait échouer toutes les tentatives de fusion dynastique. Politiquement, le parti revit sous l'Ordre moral, qui laisse espérer une restauration de la royauté, avant que l'Action française ressuscite l'idéal monarchique au XXe siècle. C'est d'ailleurs dans le domaine des idées que le mouvement conserve une influence dans la société française : par la défense de l'Église et en premier lieu du pape, en condamnant la politique extérieure de Napoléon III en Italie, puis en luttant contre la loi de séparation des Églises et de l'État ; par ses préoccupations sociales ensuite - le catholicisme social d'Albert de Mun renoue avec le dessein démocratique d'une monarchie religieuse attentive au peuple.
Mais l'équilibre est instable : ouvert aux idées nouvelles, l'idéal légitimiste se dissout vite dans des mouvements plus vastes (Ralliement, Action catholique), qu'il contribue néanmoins à façonner. Arc-bouté sur sa spécificité, il se coupe de la société, ne subsistant que sous la seule forme d'un intégrisme doctrinal - comme en témoigne l'intégrisme catholique qui survit dans la France contemporaine.