Jourdan (Jean-Baptiste, comte),
maréchal de France (Limoges 1762 - Paris 1833).
Fils de chirurgien, Jourdan s'engage à 16 ans et participe à la guerre d'Indépendance américaine. De retour en France, il est réformé pour maladie et s'installe comme mercier à Limoges. C'est la Révolution qui relance sa carrière militaire : élu capitaine dans la garde nationale, puis lieutenant-colonel du 2e bataillon de la Haute-Vienne en octobre 1791, il combat à Jemmapes (novembre 1792) et à Neerwinden (mars 1793). En juillet 1793, il obtient ses galons de général de division, puis le commandement de l'armée du Nord. Il bat les Autrichiens à Wattignies, les 15 et 16 octobre 1793. Après une brève mise à l'écart, il prend la tête de l'armée de la Moselle, puis de celle de Sambre-et-Meuse. Le 26 juin 1794, à Fleurus, au nord de Charleroi, il remporte une victoire décisive.
Après quelques échecs militaires en Bavière, Jourdan quitte l'armée à la fin de 1796 et regagne Limoges. L'année suivante, il est élu au Conseil des Cinq-Cents. En 1798, il organise le système de la conscription en faisant voter la loi Jourdan-Delbrel. Néo-jacobin, il s'oppose dans un premier temps au coup d'État du 18 brumaire, mais finit par se rallier à Bonaparte. Cependant, sous le Consulat et l'Empire, bien que fait maréchal en 1804, il ne reçoit pas de commandement important. Il suit Joseph Bonaparte à Naples, puis en Espagne. Renonçant à ses idéaux de jeunesse, il se rallie à Louis XVIII, qui le fait comte (1816), puis pair (1819). Louis-Philippe le nomme un temps ministre des Affaires étrangères, puis gouverneur des Invalides, poste qu'il occupe jusqu'en 1830.
Journal de Paris,
premier quotidien français (1777-1840), né sous le règne de Louis XVI et disparu sous celui de Louis-Philippe.
Il remporte d'emblée un vif succès, qu'il doit à sa périodicité, à sa lecture aisée et à une information pratique, excluant les faits divers et la politique, ce qui en fait une feuille adaptée aux nécessités urbaines et fort prisée par la bourgeoisie parisienne. Propriété de bourgeois proches des Encyclopédistes, le Journal de Paris prend indirectement position en faveur du tiers état, tout en demeurant fidèle à la monarchie. Sous la plume du député Joseph Garat, de 1789 à 1791, il soutient un temps la Révolution, puis devient conservateur avec l'arrivée du feuillant Regnault de Saint-Jean-d'Angély, de novembre 1791 à août 1792, ce qui lui vaut d'être mis à sac par les insurgés du 10 août 1792. Rœderer, qui le rédige dès octobre 1792 et en acquiert la propriété pour moitié en 1795, en fait un journal neutre sous le Directoire, puis, avec Maret, nouveau copropriétaire en 1799, une feuille dévouée à Napoléon Bonaparte et à l'Empire. C'est d'ailleurs l'un des treize journaux politiques parisiens maintenus par le décret du 17 janvier 1800 et l'un des quatre « survivants » autorisés par celui du 4 février 1811, qui en confisque le capital pour le redistribuer aux fidèles du régime et au ministère de la Police. Insipide et soumis au pouvoir politique, royaliste sous la Restauration et contrôlé par le ministère Villèle en 1824, il ne résiste guère au développement de la presse sous la monarchie de Juillet.
Journal des débats,
quotidien de tendance conservatrice fondé sous la Révolution, l'un des plus influents au XIXe siècle (1789-1944).
C'est afin de rendre compte des délibérations et des décisions de la Constituante que Jean Baudouin, député suppléant puis imprimeur de l'Assemblée nationale, fonde le Journal des débats et décrets, dont le style restera inchangé jusqu'à la disparition du titre : un ton grave et pompeux, gage d'un certain sérieux, une prudence évitant toute polémique et respectueuse du pouvoir en place.
Pratique mais austère, cette feuille, qui traverse sans encombre la Révolution et végète sous le Directoire, devient célèbre sous le Consulat, lorsque les frères Bertin, les nouveaux propriétaires, la modernisent, organisant les nouvelles en segments distincts et inventant le feuilleton (1801), une demi-page réservée à la littérature et au théâtre. Ces réformes la consacrent comme le premier grand journal du XIXe siècle, le plus lu et le plus influent sous l'Empire, grâce aussi aux plumes de Chateaubriand, Bonald, Royer-Collard ou Geoffroy, dont le feuilleton littéraire échappe à la censure politique. Royaliste mais adulant l'Empereur, le quotidien, dont le lectorat est composé essentiellement de notables provinciaux, n'est pourtant guère apprécié du gouvernement. N'osant le supprimer, celui-ci le transforme en Journal de l'Empire et en désigne le rédacteur en chef (1805), puis en confisque le capital (1811). Prenant le titre de Journal des débats politiques et littéraires sous la Restauration (1815), il est d'abord ultra, puis incline vers un libéralisme de droite, protestant avec vigueur contre le ministère Polignac en 1829 ; il se rallie en 1830 à la monarchie de Juillet, qui le subventionne et dont il est l'un des plus fermes soutiens, demeurant jusqu'au bout fidèle à Guizot. Tout en défendant les intérêts de la bourgeoisie d'affaires, il adopte une attitude de « juste milieu » qui le situe dans l'opposition libérale sous le Second Empire, avant de le rapprocher de Napoléon III à la fin du régime. Suspendu par la Commune en 1871, il reste l'un des principaux journaux parisiens, sous la IIIe République et jusqu'à 1914. Trônant au centre droit, il est désormais la propriété de capitalistes, dont les puissants sidérurgistes de Wendel, et est lié aux milieux financiers. Par la suite, mêlé à de sombres affaires de publicité financière et de corruption, et, surtout, concurrencé par les journaux populaires de masse et par le Temps, il perd de son influence. Une influence qui décline plus encore sous le régime de Vichy, quand, « replié » en zone sud, il est de ces journaux serviles et conformistes qui disparaîtront à la Libération.
Journal de Trévoux,
mensuel culturel et savant, dit aussi Mémoires de Trévoux, organe de l'ordre des Jésuites et l'un des interprètes du mouvement des idées du XVIIIe siècle (1701-1767).
Distribué dans tout le royaume, ce journal est parmi les plus lus au cours de la première moitié du siècle. Il est d'abord imprimé à Trévoux, la capitale de la principauté de la Dombes, indépendante jusqu'en 1762, et possession du duc du Maine, qui accorde sa protection, puis à Lyon (1731-1733) et, enfin, à Paris. La plupart des rédacteurs sont des professeurs du collège jésuite parisien Louis-le-Grand, mais le journal compte aussi des collaborateurs qui sont étrangers à la Compagnie de Jésus.