colonie fondée vers 600 avant J.-C. par les Grecs de Phocée, sur le site de l'actuelle Marseille.
La cité installa elle-même des colonies sur le littoral méditerranéen, qu'il est souvent difficile de distinguer des comptoirs commerciaux et des simples fortins : Agatha (Agde), Antipolis (Antibes), Nikaia (Nice), Olbia, Saint-Blaise.... Elle jouit rapidement d'une grande prospérité grâce à son port et à l'exploitation d'un vaste arrière-pays, dans lequel elle introduisit la culture spéculative de la vigne et de l'olivier. L'achat et l'exportation de matières premières, le recrutement de mercenaires professionnels et le recours à une main-d'œuvre indigène ouvrirent l'économie fermée de la Gaule méridionale. En ce sens, Massalia joua un rôle moteur - qu'il ne faut pas exagérer - dans le développement proto-urbain du monde celtique. Des poteries étrusques, corinthiennes, athéniennes, rhodiennes et phocéennes, retrouvées lors des fouilles, suggèrent l'aire de diffusion du commerce massaliote.
La ville proprement dite, qui s'étendait sur une cinquantaine d'hectares, était disposée sur les buttes bordant au nord le Vieux-Port : Saint-Laurent, Moulins, Carmes, au pied desquelles la mer s'avançait plus profondément qu'aujourd'hui. Un marécage recueillait les eaux des différentes sources, mais ses rives furent consolidées à la fin du Ve siècle par des pieux en bois et des lits d'amphores. Aux IIIe et IIe siècles avant J.-C., un vaste programme d'assainissement permit d'assécher le marais, de construire des égouts et d'établir un remblai qui couvrit les anciennes nécropoles. Un nouveau rempart fut élevé, qui englobait l'ensemble des buttes, ainsi qu'un aqueduc. Un premier quai fut construit au nord-est de la corne. Les monuments de la ville grecque sont toutefois mal connus : des arsenaux, des temples dédiés à Artémis d'Éphèse, Apollon delphinien et Athéna, un théâtre.
La cité était dotée d'un conseil oligarchique de six cents timouques, célèbre dans l'Antiquité pour son bon fonctionnement. C'était aussi une thalassocratie puissante, dont les intérêts se heurtèrent rapidement à ceux des Étrusques et des Carthaginois. Une bataille navale à Alalia (Aléria, Corse) délimita en 537 avant J.-C. les aires d'influence entre ces grandes puissances. La cité entreprit aussi des expéditions. Celle de Pythéas, au IVe siècle, permit notamment de reconnaître la côte gauloise. Lors de la deuxième guerre punique (217-204), la cité s'allia, contre Hannibal, avec Rome qui intervint à plusieurs reprises pour la débarrasser de ses pirates, puis, en 125 avant J.-C., des Salyens. Les Romains en profitèrent pour créer la province de Narbonnaise, mais Massalia sut y conserver sa place de cité alliée (civitas foederata). Elle soutint toutefois Pompée contre César lors de la guerre civile et résista même à un long siège des césariens en 49 avant J.-C. Si elle conserva son statut, la cité fut amputée d'une grande part de son territoire, au profit de Nîmes et d'Arles, dont le port concurrença ses activités, sans jamais les ruiner complètement.