Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Blanc (Louis), (suite)

De retour en France après la chute de Napoléon III, il est élu à l'Assemblée nationale, puis à la Chambre des députés, où il dirige le groupe de l'extrême gauche radicale, avant de céder la place à Clemenceau. Tout en condamnant la Commune, il milite en faveur de l'amnistie des communards. Hostile à la Constitution de 1875, il lutte pour la mise en place d'un système républicain laïque et réellement démocratique. À sa mort, des obsèques nationales lui rendent hommage.

Blanche de Castille,

reine de France de 1223 à 1226, régente du royaume de 1226 à 1234 et de 1248 à 1252, mère de Saint Louis (Palencia, Espagne, 1188 - Paris 1252).

 Fille d'Alphonse VIII de Castille et d'Eléonore d'Angleterre, Blanche de Castille épouse Louis, héritier du roi de France, Philippe Auguste, le 22 mai 1200, en gage de la paix que signent alors ce dernier et le roi d'Angleterre Jean sans Terre (traité du Goulet). Au cours des vingt années qui séparent ce mariage de la mort de Philippe Auguste, Blanche apporte son soutien indéfectible à son époux, à qui elle donne plus de dix enfants, mettant fin ainsi aux incertitudes dynastiques des règnes précédents. La brièveté du règne de Louis VIII (1223-1226) fait d'elle la régente du royaume pendant la minorité de son fils Louis IX. De 1227 à 1230, le roi et sa mère affrontent l'hostilité des barons, furieux d'avoir été écartés du gouvernement. Mais la conjuration des Lusignan, Coucy et Pierre Ier Mauclerc échoue, grâce aux talents diplomatiques de Blanche, qui s'appuie sur Thibaud IV de Champagne et sur les communes. Deux événements majeurs marquent la régence : d'une part, le traité de Meaux-Paris, conclu en 1229 avec Raimond VII de Toulouse, met fin à la guerre dans le Midi, et prépare l'intégration du Languedoc au royaume par le mariage de Jeanne de Toulouse, fille et unique héritière de Raimond VII, avec Alphonse de Poitiers, fils de Blanche ; d'autre part, le mariage de Marguerite de Provence avec Louis IX, en 1234, place la Provence sous influence capétienne. De 1234 à 1248, l'autorité de la reine mère devient plus discrète. Mais, en 1248, lorsqu'il part pour la septième croisade, Louis IX lui confie le royaume et ses enfants. Blanche de Castille meurt le 26 novembre 1252 à Paris, et est enterrée dans l'abbaye cistercienne de Maubuisson, qu'elle avait fondée en 1241.

Image à la fois de la mère chrétienne modèle et de la mère abusive, qui empêche son fils Louis de rejoindre Marguerite de Provence, Blanche de Castille apparaît surtout comme une femme de pouvoir, malmenée par ceux qui s'en estiment privés. Dominatrice et courageuse, douée pour les joutes politiques, elle fut détestée et vénérée. Sa piété cistercienne, austère, a nourri celle de son fils Saint Louis, dominicain dans l'âme. Mère d'un saint et d'une bienheureuse (sa fille Isabelle), Blanche de Castille a sans doute trop inquiété les hommes d'Église par sa puissance politique pour mériter, elle aussi, la canonisation.

Blanqui (Louis Auguste),

homme politique et penseur révolutionnaire (Puget-Théniers, Alpes-Maritimes, 1805 - Paris 1881).

Fils d'un conventionnel devenu sous-préfet d'Empire et frère d'Adolphe Blanqui, célèbre économiste libéral, ce brillant élève s'intéresse très tôt à la politique. Il adhère en 1824 à la charbonnerie et il est blessé lors de manifestations contre Charles X en 1827. Collaborateur de Pierre Leroux au Globe (1829), il se familiarise avec la doctrine saint-simonienne. Il participe activement aux Trois Glorieuses, mais se dresse rapidement contre le régime orléaniste. De 1832 à 1839, de propagande en complots et d'arrestations en procès, Blanqui, qui fréquente alors Buonarroti (l'ancien lieutenant de Babeuf), poursuit ses activités révolutionnaires au sein de diverses sociétés secrètes (Société des familles, fondée par Barbès ; Société des saisons, créée en 1837). Il dirige l'insurrection du 12 mai 1839, ce qui lui vaut une condamnation à mort, commuée en détention à perpétuité. Il est libéré en 1848.

La révolution de février 1848 le ramène sur la scène parisienne. Il est à l'origine de la manifestation du 17 mars pour le report des élections législatives, et il participe aux émeutes du 15 mai, ce qui motive son arrestation, puis sa condamnation à dix ans de bagne. Amnistié en 1859, il s'oppose au Second Empire, et il est enfermé à Sainte-Pélagie en 1861. Évadé en 1865, il s'installe à Bruxelles, se consacrant à l'écriture de textes qui seront réunis après sa mort en un ouvrage intitulé la Critique sociale, où il dénonce l'oppression des prolétaires par l'État et la religion, se montre soucieux d'éduquer le peuple, et prône le coup d'État pour instaurer une dictature révolutionnaire, « gendarmerie des pauvres contre les riches ».

Revenu à Paris peu avant le siège de 1870, il se dépense sans compter pour la défense nationale, notamment dans les colonnes de son journal la Patrie en danger. Il organise, contre un gouvernement trop attentiste à ses yeux, les manifestations révolutionnaires du 31 octobre 1870 et du 22 janvier 1871. Candidat malheureux aux élections législatives de février 1871, il s'adresse à la classe ouvrière avec amertume dans une affiche célèbre, Un dernier mot. Arrêté peu après, il ne peut participer à la Commune, ce qui ne l'empêche pas d'être élu à titre symbolique. Il ne sort de captivité qu'en juin 1879, deux mois après que les électeurs de Bordeaux l'ont élu député. Cette élection est cependant annulée, et il échoue l'année suivante dans une partielle à Lyon. Lors des derniers mois de son existence, il dirige le journal Ni Dieu ni maître, et tient de grandes réunions publiques à Lille et à Paris. Lors de ses obsèques, le 5 janvier 1881, 100 000 personnes viennent saluer la mémoire d'un militant qui a passé plus de trente-trois ans en prison.

Blériot (Louis),

ingénieur, industriel et aviateur (Cambrai 1872 - Paris 1936).

Issu d'une famille aisée, ingénieur diplômé de l'École centrale de Paris, il crée, en 1897, dans la capitale, une usine de phares d'automobiles qui lui assure rapidement fortune. Mais c'est l'aviation, sa seule vraie passion, qui le rend célèbre. Dès 1902, il compte parmi les premiers constructeurs de monoplans - une formule pleine d'avenir, mais alors peu en vogue. Longtemps malchanceux, il entre dans l'histoire le 25 juillet 1909 en effectuant la première traversée aérienne de la Manche, de Calais à Douvres, en trente-deux minutes. Fruit d'un pari sportif financé par le Daily Mail, l'exploit est célébré comme le signe d'une nouvelle « unification » du monde. Du jour au lendemain, Blériot devient un héros mondial. Edmond Rostand lui dédie une ode ; Marinetti et les autres futuristes italiens lui vouent un véritable culte. Toute une imagerie le compare à Vercingétorix, le plus ancien des héros français. Mais Blériot entend rester un ingénieur et un industriel. Sa notoriété l'aide à fonder et à faire rayonner, depuis ses ateliers de Levallois puis de Suresnes, une firme d'avionnerie inventive - la plus importante d'Europe jusqu'en 1918 -, qui va s'illustrer pendant la Grande Guerre avec les célèbres Spad pilotés par les as de la chasse. En 1920, Blériot crée aussi une compagnie aérienne qui dessert Paris-Londres. Dans les années trente, il dessine des hydravions lourds, utilisés par Air France sur l'Atlantique sud.