Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
R

régicides, (suite)

Les régicides appartenaient à tous les groupes politiques de la Convention. Mais la seconde Restauration réunit en un même ensemble les 206 survivants : la loi d'amnistie du 12 janvier 1816, dans son article 7, condamne à l'exil les régicides ayant voté l'Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire, ou exercé des fonctions durant les Cent-Jours, soit 153 anciens conventionnels. La diaspora des bannis trouve un centre autour de Bruxelles. Ces hommes - une coalition hétéroclite de magnats bonapartistes et d'exilés désargentés demeurés ardents révolutionnaires - jouent un rôle essentiel dans la formation des jeunes républicains de la première moitié du XIXe siècle. La révolution de 1830 autorise la quarantaine de survivants à rentrer en France ; leur ombre légendaire planera sur la nouvelle génération : ainsi du montagnard régicide Baudot qui lègue ses papiers à Edgar Quinet.

registres paroissiaux ou registres de catholicité,

registres dans lesquels les curés ou vicaires relèvent, sous l'Ancien Régime, baptêmes, mariages et sépultures survenus dans le cadre paroissial.

Apparus dans les diocèses au XVe siècle, ils se généralisent au siècle suivant. Mais leur mise en place est laborieuse et leur tenue inégale, malgré la réglementation royale et les décisions du concile de Trente.

En 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts contraint les curés à tenir, en langue française, des registres de baptêmes des nouveau-nés. Puis, par l'ordonnance de Blois (1579), l'enregistrement des mariages est rendu obligatoire. Tous les ans, les curés doivent dorénavant déposer leurs registres de baptêmes, mariages et sépultures au greffe du tribunal royal. L'ordonnance civile de 1629, dite « Code Michau », renouvelle la nécessité pour les curés de tenir « bons et fidèles registres » et de les remettre au greffe, sous peine d'une amende. L'ordonnance de Saint-Germain-en-Laye (1667) prévoit deux exemplaires pour ces documents : le premier, la minute, reste à la cure ; le second, la grosse, simple copie, est destinée au greffe du bailliage ou de la sénéchaussée. Les actes doivent être inscrits dans l'ordre chronologique et signés par les intéressés, les témoins et le curé. Mais ces ordonnances sont mal appliquées jusqu'à la déclaration royale de 1736, qui rappelle et précise les dispositions de 1667.

Ces registres comptabilisent la seule population catholique et présentent bien des lacunes : sous-enregistrement (décès d'enfants non signalés), mauvaise identification des personnes, imprécision des liens de parenté, etc. Ils demeurent néanmoins une source essentielle pour les historiens. Dès les années 1950, des méthodes d'examen et d'exploitation de ces documents sont élaborées par Pierre Goubert et Louis Henry. Ce dernier met au point un système d'étude « longitudinale », par la reconstitution des familles ; chaque événement démographique est alors analysé par rapport au précédent, et les générations sont suivies. Pour étudier la population de Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, Jean-Pierre Bardet a mis sur fiches, par famille, les informations de près de 250 000 actes, obtenant près de 6 000 fiches différentes, des documents proches des livrets de famille contemporains.

Reims (cathédrale de),

édifice gothique, appelé cathédrale Notre-Dame, construit au XIIIe siècle.

C'est dans ce lieu que les rois de France ont été sacrés jusqu'en 1825 (Charles X), exception faite d'Henri IV (sacré à Chartres) et de Louis XVIII (qui n'a pas été sacré). Plusieurs monuments se sont succédé jusqu'à l'édification de la cathédrale Notre-Dame. Reims étant le siège d'un évêché dès le IIIe siècle, une cathédrale y est construite au Ve siècle, et c'est vraisemblablement dans le baptistère que Clovis, entre 496 et 501, reçoit le baptême des mains de l'évêque Remi. En 816, Louis Ier le Pieux est couronné empereur par l'archevêque Ebbon et donne à ce dernier l'autorisation de bâtir une cathédrale ; cet édifice carolingien sera remanié au milieu du XIIe siècle par l'archevêque Samson. En 1210, un important incendie détruit le centre de la ville, et la reconstruction du groupe épiscopal débute dès l'année suivante, sous la direction de l'archevêque Aubry de Humbert. L'essentiel des travaux est achevé en 1275, mais l'activité du chantier est ralentie aux XIVe et XVe siècles, avant que les ravages d'un incendie l'interrompent de nouveau en 1516.

Les proportions de l'édifice (150 mètres de long, et 38 mètres de hauteur sous voûte) témoignent de la finesse de son architecture gothique, qui s'élève à l'intérieur sur trois étages : grandes arcades, triforium à quadruple arcature, fenêtres hautes. Le revers de la façade est richement décoré de cinquante-deux statues qui encadrent la grande rose du portail ajouré. Une partie du programme iconographique, aussi bien les sculptures du portail central que les vitraux des deux roses de la façade, est consacrée à la Vierge, à laquelle la cathédrale est dédiée. L'histoire de l'église de Reims occupe une partie des vitraux du chœur (où sont représentés les évêques de la province métropolitaine) ainsi que les sculptures du portail central (saints de l'église de Reims) et de la galerie des Rois de la façade (rois sacrés de l'Ancien Testament et baptême de Clovis). L'ensemble est dominé par la figure du Christ de la Passion et du Jugement.

Au cours de la Première Guerre mondiale, la cathédrale est bombardée à plusieurs reprises et sérieusement endommagée après l'incendie de la charpente. La restauration est conduite pendant plus de vingt ans par l'architecte Henri Deneux pour redonner à la cathédrale sa splendeur initiale. Mais le délitement de la pierre calcaire impose d'importants travaux de préservation.

reine.

Le titre de reine est réservé à l'épouse du roi lorsque le mariage a été contracté publiquement.

La reine jouit d'un certain nombre de privilèges importants, tels que la disposition de sa propre Maison, d'un chancelier, de grands officiers et d'une garde particulière. Sacrée et couronnée en même temps que le roi - sauf si le mariage a lieu après le sacre -, elle n'est cependant pas ointe de la sainte ampoule, ne partage pas les pouvoirs thaumaturgiques de son époux, et son sacre n'implique aucun engagement envers la nation. Pas plus que l'épouse du monarque ne possède les attributs de la souveraineté, la couronne ne peut revenir à une femme. La loi salique, qui dès l'époque franque exclut les filles d'une succession paternelle tant qu'il reste des héritiers mâles, est étendue au trône par les juristes du XIVe siècle : la masculinité de la succession royale, que la présence d'héritiers mâles avait assurée sans interruption de 987 à 1316, est ainsi sanctionnée par le droit. Cette exclusion des femmes n'interdit pas qu'en des circonstances exceptionnelles - mort du roi et minorité de son fils, absence ou défaillance du souverain - les reines aient exercé un pouvoir effectif, souvent décisif pour l'histoire de la monarchie.