registres dans lesquels les curés ou vicaires relèvent, sous l'Ancien Régime, baptêmes, mariages et sépultures survenus dans le cadre paroissial.
Apparus dans les diocèses au XVe siècle, ils se généralisent au siècle suivant. Mais leur mise en place est laborieuse et leur tenue inégale, malgré la réglementation royale et les décisions du concile de Trente.
En 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts contraint les curés à tenir, en langue française, des registres de baptêmes des nouveau-nés. Puis, par l'ordonnance de Blois (1579), l'enregistrement des mariages est rendu obligatoire. Tous les ans, les curés doivent dorénavant déposer leurs registres de baptêmes, mariages et sépultures au greffe du tribunal royal. L'ordonnance civile de 1629, dite « Code Michau », renouvelle la nécessité pour les curés de tenir « bons et fidèles registres » et de les remettre au greffe, sous peine d'une amende. L'ordonnance de Saint-Germain-en-Laye (1667) prévoit deux exemplaires pour ces documents : le premier, la minute, reste à la cure ; le second, la grosse, simple copie, est destinée au greffe du bailliage ou de la sénéchaussée. Les actes doivent être inscrits dans l'ordre chronologique et signés par les intéressés, les témoins et le curé. Mais ces ordonnances sont mal appliquées jusqu'à la déclaration royale de 1736, qui rappelle et précise les dispositions de 1667.
Ces registres comptabilisent la seule population catholique et présentent bien des lacunes : sous-enregistrement (décès d'enfants non signalés), mauvaise identification des personnes, imprécision des liens de parenté, etc. Ils demeurent néanmoins une source essentielle pour les historiens. Dès les années 1950, des méthodes d'examen et d'exploitation de ces documents sont élaborées par Pierre Goubert et Louis Henry. Ce dernier met au point un système d'étude « longitudinale », par la reconstitution des familles ; chaque événement démographique est alors analysé par rapport au précédent, et les générations sont suivies. Pour étudier la population de Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, Jean-Pierre Bardet a mis sur fiches, par famille, les informations de près de 250 000 actes, obtenant près de 6 000 fiches différentes, des documents proches des livrets de famille contemporains.