Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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préfet, (suite)

Le préfet doit assurer l'ordre et la représentation de l'État dans le département, où il est le chef de l'exécutif face au conseil général, qui y est l'organe législatif. Il remplit en outre, dans les grandes villes comme Lyon ou Paris, les fonctions du maire ; dans la capitale, cette situation durera jusqu'en 1977.

Pérennité d'une fonction.

• L'institution préfectorale n'a jamais véritablement été remise en cause depuis sa création, tous les régimes l'ayant utilisée pour assurer leur pouvoir. Seule la IIe République supprime les préfets pendant une courte période de trois mois. Parmi les hauts fonctionnaires, les préfets sont les plus menacés par les changements de régime même si, en dépit des nombreuses révocations ou des démissions (beaucoup plus rares), le corps préfectoral se professionnalise : le nouveau pouvoir est souvent obligé de faire appel aux sous-préfets du régime précédent. Les tentatives de renouvellement brutal, comme celle qui suit la chute du Second Empire, ne durent que quelques mois, et très vite le gouvernement de Thiers, puis l'Ordre moral renouent avec les pratiques précédentes. Avec l'installation définitive des républicains au pouvoir, le corps préfectoral retrouve une grande stabilité et l'âge moyen d'entrée en fonction ne cesse de s'élever. Dès le début du XXe siècle, une association professionnelle est créée, dont l'un des soucis principaux est de veiller à la limitation des nominations au tour extérieur.

Sous la IIIe et la IVe Républiques se met en place ce que l'on a pu nommer un « équilibre politico-administratif local » fondé sur la collaboration réciproque entre le député, surtout lorsqu'il est élu au scrutin d'arrondissement, et le préfet. Cette situation provoque une double mise en cause : d'une part, la légitimité du préfet, et plus encore celle du sous-préfet, soupçonné de n'être que « le pivot de la candidature officielle » est objet de débats (la Chambre vote d'ailleurs par trois fois la suppression de cette fonction - en 1886, en 1906 et en 1920 -, mais le Sénat empêche la loi d'aboutir) ; d'autre part, le ministre de l'Intérieur accuse les parlementaires de freiner l'efficacité de l'exécutif en pesant sur les décisions préfectorales.

Avec la Ve République et le renforcement de l'exécutif, ce mode de fonctionnement s'atténue fortement. Surtout, les carrières politiques se jouant désormais moins au niveau local que dans les cabinets ministériels, le couple préfet/parlementaire se distend. Depuis la mise en place de la loi de décentralisation, en 1982, l'exécutif départemental est assuré par le président du conseil général et non plus par le préfet (appelé un temps « commissaire de la République »). Mais, paradoxalement, les pouvoirs de ce dernier, en particulier dans ses missions de coordination des services de l'État, ont été renforcés depuis cette date.

préhistoire

Sont considérées comme « préhistoriques » les sociétés sur lesquelles nous ne disposons pas de sources écrites ou orales, et comme « historiques » celles qui ont utilisé l'écriture, phénomène toujours corrélé avec l'existence d'un État.

On parlera en outre de sociétés « protohistoriques » pour celles connues par les écrits de peuples voisins (notamment, Grecs et Latins pour les Gaulois), ou pour celles qui sont en transition entre préhistoire et histoire. Par convention, on ne décrira ici sous la rubrique « préhistoire » que les sociétés de chasseurs-cueilleurs du paléolithique et du mésolithique (en France, de 1 million à 6 000 ans avant J.-C.), les sociétés d'agriculteurs du néolithique et des âges des métaux étant traitées sous la rubrique protohistoire. Mais « préhistoire », comme « protohistoire » et « histoire », désigne également la discipline qui étudie ces sociétés, avec ses méthodes spécifiques.

L'invention de la science préhistorique

Si les premières sources écrites remontent au début du IIIe millénaire en Égypte et en Mésopotamie, dans d'autres parties du monde la préhistoire a duré jusqu'à l'arrivée des premiers Européens. Quant à l'actuel territoire français, nos plus anciennes sources sont les récits d'auteurs grecs ou romains, tels Diodore, Posidonios, Strabon ou César, récits plus ou moins fragmentaires et déformés, qui datent au plus tôt du Ier siècle avant notre ère. L'idée que des peuples avaient pu précéder les Gaulois sur le sol de France a donc été pendant longtemps inconcevable, d'autant que la seule chronologie qui faisait foi était celle de la Bible, laquelle donnait à l'histoire du monde une durée totale de 6 000 ans depuis la Création. Toute lecture non littérale de la Bible fut d'ailleurs, jusqu'à la fin du XIXe siècle au moins, passible d'excommunication.

C'est pourquoi les objets préhistoriques découverts par hasard étaient attribués à des causes naturelles : les haches polies étaient des « céraunies » ou « pierres de foudre », dues à un éclair ; les flèches de silex étaient des « glossopètres » ou « langues de serpents pétrifiées ». Néanmoins, on commençait à s'interroger, au vu de certains fossiles, sur la possibilité de retrouver les restes d'hommes d'avant le Déluge, « antédiluviens », hypothèse à laquelle Cuvier, le fondateur de la paléontologie, ne croyait guère.

C'est au cours du XIXe siècle que s'amorce une entreprise de mise en ordre des découvertes préhistoriques. Le Damois Thomsen, conservateur des collections du Musée de Copenhague, propose en 1836 de diviser la préhistoire en trois « âges » successifs, « de la pierre », puis « du bronze », et enfin « du fer ». L'Anglais Lubbock divisera ensuite, en 1865, l'âge de la pierre en deux parties, le paléolithique (dit aussi « âge de la pierre ancienne » ou « taillée ») et le néolithique (« âge de la pierre nouvelle » ou « polie »). On date cependant de 1859 la reconnaissance officielle de l'ancienneté de l'homme, lorsqu'un groupe de géologues anglais authentifie les découvertes d'outils préhistoriques dans les terrasses alluviales de la vallée de la Somme. Ces découvertes sont dues au fonctionnaire des douanes Boucher de Perthes, considéré comme le « père de la préhistoire », qui publie ses recherches dans ses Antiquités celtiques et antédiluviennes. Peu avant, en 1856, a été découvert près de Düsseldorf le squelette de l'« homme de Néanderthal », premier fossile humain reconnu comme tel, tandis qu'à partir de 1859 Darwin, en Angleterre, démontre que les espèces vivantes, l'homme au premier chef, ne sont pas figées et connaissent une constante évolution.