préfet, (suite)
Le préfet doit assurer l'ordre et la représentation de l'État dans le département, où il est le chef de l'exécutif face au conseil général, qui y est l'organe législatif. Il remplit en outre, dans les grandes villes comme Lyon ou Paris, les fonctions du maire ; dans la capitale, cette situation durera jusqu'en 1977.
Pérennité d'une fonction.
• L'institution préfectorale n'a jamais véritablement été remise en cause depuis sa création, tous les régimes l'ayant utilisée pour assurer leur pouvoir. Seule la IIe République supprime les préfets pendant une courte période de trois mois. Parmi les hauts fonctionnaires, les préfets sont les plus menacés par les changements de régime même si, en dépit des nombreuses révocations ou des démissions (beaucoup plus rares), le corps préfectoral se professionnalise : le nouveau pouvoir est souvent obligé de faire appel aux sous-préfets du régime précédent. Les tentatives de renouvellement brutal, comme celle qui suit la chute du Second Empire, ne durent que quelques mois, et très vite le gouvernement de Thiers, puis l'Ordre moral renouent avec les pratiques précédentes. Avec l'installation définitive des républicains au pouvoir, le corps préfectoral retrouve une grande stabilité et l'âge moyen d'entrée en fonction ne cesse de s'élever. Dès le début du XXe siècle, une association professionnelle est créée, dont l'un des soucis principaux est de veiller à la limitation des nominations au tour extérieur.
Sous la IIIe et la IVe Républiques se met en place ce que l'on a pu nommer un « équilibre politico-administratif local » fondé sur la collaboration réciproque entre le député, surtout lorsqu'il est élu au scrutin d'arrondissement, et le préfet. Cette situation provoque une double mise en cause : d'une part, la légitimité du préfet, et plus encore celle du sous-préfet, soupçonné de n'être que « le pivot de la candidature officielle » est objet de débats (la Chambre vote d'ailleurs par trois fois la suppression de cette fonction - en 1886, en 1906 et en 1920 -, mais le Sénat empêche la loi d'aboutir) ; d'autre part, le ministre de l'Intérieur accuse les parlementaires de freiner l'efficacité de l'exécutif en pesant sur les décisions préfectorales.
Avec la Ve République et le renforcement de l'exécutif, ce mode de fonctionnement s'atténue fortement. Surtout, les carrières politiques se jouant désormais moins au niveau local que dans les cabinets ministériels, le couple préfet/parlementaire se distend. Depuis la mise en place de la loi de décentralisation, en 1982, l'exécutif départemental est assuré par le président du conseil général et non plus par le préfet (appelé un temps « commissaire de la République »). Mais, paradoxalement, les pouvoirs de ce dernier, en particulier dans ses missions de coordination des services de l'État, ont été renforcés depuis cette date.