évêque et écrivain (Dijon 1627 - Paris 1704).
Issu d'une famille de magistrats, Bossuet est orienté dès son jeune âge vers une carrière ecclésiastique. D'abord élève au collège des jésuites de Dijon, il se rend à Paris pour étudier la philosophie et la théologie au collège de Navarre, l'un des plus prestigieux de l'Université : maître ès arts en 1644, il recevra - au terme d'une solide formation scolastique, vivifiée par le recours aux Pères de l'Église et à l'Écriture - le bonnet de docteur en théologie huit ans plus tard. Cette même année 1652, il est ordonné prêtre. Il s'installe à Metz, où son action s'oriente dans trois directions : l'assistance aux pauvres, car il est un disciple de Vincent de Paul et appartient comme lui à la Compagnie du Saint-Sacrement ; la controverse avec les protestants (son premier ouvrage est une Réfutation du catéchisme de Paul Ferry, en 1655) ; la prédication.
L'orateur et le précepteur.
• Cette dernière vocation s'était manifestée dès son séjour parisien, jusque dans un lieu aussi mondain que l'hôtel de Rambouillet ; elle s'affermit à Metz, où Bossuet prononce en 1655 sa première oraison funèbre. Le « Panégyrique de sainte Thérèse », donné devant la reine mère Anne d'Autriche, lui vaut le titre de « prédicateur ordinaire du roi ». À partir de 1659, il passe plus de temps à Paris qu'à Metz. Sa réputation ne cesse de croître dans deux domaines de l'éloquence sacrée : le sermon, qui est plus que le prône de la messe paroissiale ; une véritable conférence prononcée isolément (« Sur l'éminente dignité des pauvres dans l'Église », 1659) ou enchaînée avec d'autres du même prédicateur pour former une « station » (« le Carême du Louvre » en 1662, « l'Avent de Saint-Germain » en 1669, prononcés l'un et l'autre devant la cour) ; l'oraison funèbre, qui constitue une pièce d'apparat officielle. Bossuet se voit confier en 1669 celle d'Henriette de France et, l'année suivante, celle d'Henriette d'Angleterre, où retentit le cri fameux : « Madame se meurt, Madame est morte ! » Il accumule les honneurs et les responsabilités : il est nommé évêque de Condom en 1669 et précepteur du dauphin en 1670. Pendant une décennie, cette dernière charge l'accapare et réduit considérablement son activité de prédication. Son enseignement n'a sans doute guère profité à un élève indolent, mais il portera ses fruits dans le public, qui pourra lire en 1681 le Discours sur l'histoire universelle, synthèse providentialiste dans la lignée grandiose de la Cité de Dieu de saint Augustin, et, après la mort de leur auteur, la Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte, ainsi que le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même.