Fouché (Joseph), (suite)
Une figure clé de l'ère napoléonienne.
• Prudent lors du coup d'État de brumaire an VIII (novembre 1799), Fouché conserve sous le Consulat son ministère, qu'il modernise et auquel il donne une extension considérable. Il crée une police secrète et un réseau d'espionnage en France comme à l'étranger, constitue un fichier de notices biographiques, incluant jusqu'à celle de Bonaparte, et obtient le renfort de la gendarmerie, détachée du ministère de la Guerre. Inquiet d'une telle puissance, Bonaparte démembre le ministère en 1802, mais Fouché, devenu sénateur, demeure influent. En 1804, il pousse à l'exécution du duc d'Enghien, puis incite le Sénat à approuver l'Empire héréditaire, ce qui lui vaut de retrouver son ministère le 10 juillet.
Fouché ne cesse néanmoins d'intriguer, parfois avec Talleyrand, comme en 1808 lorsque les deux ministres cherchent un successeur éventuel à Napoléon 1er, qui guerroie alors en Espagne. En 1809, durant la campagne d'Autriche, il décide, en l'absence de l'Empereur, de lever des gardes nationales pour défendre le Nord contre les Anglais. Malgré sa méfiance, Napoléon lui accorde alors le titre de duc d'Otrante. Mais l'année suivante, ayant découvert les négociations secrètes de Fouché avec l'Angleterre, n'acceptant pas l'hostilité de celui-ci à son mariage avec Marie-Louise ainsi qu'à la présence d'anciens aristocrates à la cour, l'Empereur le renvoie, puis le nomme gouverneur des Provinces Illyriennes à Dresde (1813). Rallié aux Cent-Jours, après avoir vainement proposé ses services à Louis XVIII en 1814, Fouché redevient ministre en mars 1815, et continue de négocier avec les Bourbons et l'Angleterre. Après Waterloo, il organise l'abdication de Napoléon ainsi que le retour de Louis XVIII, et conserve son ministère en juillet 1815 grâce à l'appui des Anglais. Élu député à la Chambre un mois plus tard mais détesté des ultras, il est définitivement écarté du pouvoir en septembre 1815, avant d'être révoqué et banni en application de la loi de 1816 frappant les régicides ralliés aux Cent-Jours.