Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Pierre Lombard,

théologien dont les écrits servirent de fondement à l'enseignement universitaire médiéval (Novare, Italie, vers 1100 - Paris 1160).

Pierre Lombard fait d'abord des études à la cathédrale de Lucques. Vers 1133-1136, grâce à l'appui de Bernard de Clairvaux, il est accueilli à Paris, au monastère de Saint-Victor, où il bénéficie de l'enseignement d'Hugues de Saint-Victor. Puis il enseigne à son tour, avec succès, aux cloîtres de Notre-Dame, avant de devenir évêque de Paris en 1159.

L'enseignement de Pierre Lombard, rassemblé dans les Quatre Livres des sentences, composés vers 1155-1158, constitue, à la fois, une somme théologique et doctrinale et un support de la méthode scolastique en usage dans le monde universitaire à partir du milieu du XIIIe siècle. L'ouvrage connaît un succès croissant : en 1215, le quatrième concile du Latran fait de Pierre Lombard le maître incontesté de la doctrine chrétienne. Entre 1223 et 1227, le théologien Alexandre de Halles utilise pour la première fois les Livres des sentences comme textes de référence pour son enseignement à l'Université de Paris. Puis, vers 1240-1242, son premier Commentaire des sentences fonde un nouveau genre universitaire qu'illustrent ensuite, en particulier, Bonaventure et Thomas d'Aquin. Les Quatre Livres des sentences deviennent ainsi l'ouvrage de théologie classique, et le resteront jusqu'au XVIe siècle.

Pierre de Dreux,

dit Pierre Mauclerc, comte ou duc de Bretagne de 1213 à 1237 (vers 1187 - 1250).

Second fils de Robert de Dreux et de Yolande de Coucy, arrière petit-fils de Louis VI le Gros, Pierre de Dreux est fiancé par Philippe Auguste à l'héritière de la Bretagne, Alix de Thouars, en 1212. Afin de garantir la fidélité du duché, le roi lui confie le gouvernement de la Bretagne dès 1213. Pierre de Dreux s'acquitte de cette tâche avec fermeté, y compris à l'égard des clercs : il édifie des fortifications sur les terres des évêques et s'oppose à leurs droits coutumiers. Une attitude qui lui vaut plusieurs excommunications et le surnom, un siècle plus tard, de « mauclerc » (mauvais clerc).

D'une grande fidélité envers Philippe Auguste, il fait preuve en revanche d'une certaine hostilité à l'égard de Saint Louis et de la régente Blanche de Castille. Veuf d'Alix de Thouars en 1221, il tente de se remarier avec la comtesse de Flandre mais Blanche fait échec à son projet. Pierre Mauclerc entre alors en rébellion ouverte contre elle, aux côtés d'Hugues de Lusignan et de Thibaud IV de Champagne, et prête hommage pour la Bretagne au roi d'Angleterre Henri III Plantagenêt. Mis au pas par une expédition armée en 1231, il ne fait la paix qu'en 1234 en renouvelant son hommage au roi de France. En 1237, il remet le duché de Bretagne à son fils Jean. À partir de ce moment, sous le nom de Pierre de Braine, il prend part aux croisades et accompagne Saint Louis en Égypte. Il meurt sur le chemin du retour.

Pierre de Dreux, cadet de la famille capétienne, introduit des hermines dans ses armoiries lorsqu'il est fait chevalier ; ce symbole héraldique restera dans les armes de Bretagne jusqu'au drapeau moderne de 1937.

Pierre (Henry Grouès, dit l'abbé),

ecclésiastique (Lyon 1912).

Issu d'un milieu bourgeois imprégné de catholicisme social, entré chez les capucins en 1931, ordonné prêtre en 1938, puis vicaire à Grenoble, l'abbé Pierre cache et aide à passer en Suisse en 1942 des juifs persécutés, guide les réfractaires au STO vers les maquis, passe à la clandestinité puis gagne Alger en 1944. Député apparenté MRP de Nancy de 1945 à 1951, il restaure pour se loger une maison en ruine à Neuilly-Plaisance, foyer de la première communauté d'Emmaüs, ouverte aux exclus : clochards, prisonniers libérés, etc. Il crée une « cité d'urgence » et, avec ses « compagnons », se fait chiffonnier pour faire vivre la communauté, qui essaime en 1952. Pendant le très rude hiver 1954, la pénurie de logements multiplie les sans-abri, le froid tue. L'abbé force alors les portes de la radio, révèle les drames des bidonvilles, en appelle à la charité. Il émeut ; dons et propositions d'hébergement affluent. Il devient lui-même un mythe, bien que le problème du logement perde de son acuité dès le printemps, puis semble se résoudre du fait de l'expansion d'alors. Malgré les défiances de la hiérarchie catholique et des problèmes de santé, l'abbé incarne la lutte contre la misère, revenue au premier plan avec la crise économique dans les années 1980-1990. Au service de diverses causes et surtout de celle des mal-logés et des sans-domicile-fixe (SDF), il devient l'homme le plus populaire de France, malgré certaines prises de position publiques controversées.

Pilâtre de Rozier (François Pilastre, connu de son vivant sous le nom de Jean-François du Rozier, et dénommé depuis Jean-François),

premier aéronaute (Metz 1754 - Wimille, près de Boulogne-sur-Mer, 1785).

Après des études de pharmacie à Metz, ce fils d'un ancien militaire devenu aubergiste se fait connaître à Paris en donnant des cours d'électricité. Son entregent l'aide à obtenir en 1779 une charge de valet de chambre de Madame, épouse de Monsieur, frère du roi (et futur Louis XVIII), puis une chaire de chimie à Reims, enfin, en 1780, la fonction d'intendant des cabinets d'histoire naturelle et de physique de Monsieur. En 1781, il fonde l'Athénée royal, ou Musée de Monsieur, un établissement payant spécialisé dans l'enseignement des sciences, qu'il dirige jusqu'en 1784. Son goût des nouveautés et son désir de reconnaissance scientifique en font un pionnier de l'aérostation. Il organise en octobre 1783 des ascensions en ballon captif. Le 21 novembre 1783, il accomplit avec le marquis d'Arlandes le premier vol libre en montgolfière : dix kilomètres de traversée au-dessus de Paris, franchis en vingt-cinq minutes à mille mètres d'altitude. Les vols plus longs et à plus haute altitude qu'il organise, notamment à Lyon et à Versailles, lui valent une pension. En novembre 1784, il fait des préparatifs pour traverser la Manche en aéromontgolfière, un ballon à hydrogène et à air chaud de son invention. Devancé en janvier 1785 par Blanchard et Jeffries, cloué au sol par des vents défavorables, il ne part que le 15 juin 1785, accompagné de Romain. Le ballon se déchire peu après le décollage, entraînant les deux hommes dans une chute mortelle.