Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Lorraine. (suite)

Dans les années trente, la persistance du danger allemand se traduit par la construction d'un système défensif (la ligne Maginot), qui, en 1940, se révèlera totalement inadapté. De 1940 à 1944, les départements lorrains sont occupés, et la Moselle est annexée une seconde fois par l'Allemagne. Au lendemain du conflit, la construction européenne et la réconciliation franco-allemande mettent enfin un terme aux revendications territoriales.

La Lorraine contemporaine.

• En 1955 intervient la création des vingt-et-une régions-programmes, dont la Lorraine, formée de quatre départements : la Meuse, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle et les Vosges. C'est la première fois dans l'histoire que ces territoires sont réunis au sein d'un même ensemble administratif. L'évolution de la vie régionale se caractérise alors par un conflit entre Nancy et Metz. Il connaît une phase aiguë entre 1969 et 1971, à la suite de la désignation de Metz comme capitale régionale et de l'annonce du tracé de l'autoroute A4 (Paris-Strasbourg) qui, en passant au nord de Metz, défavorise Nancy et le sud de la Lorraine. Metz, au contraire, trouve enfin une légitime compensation aux aléas de l'histoire.

En outre, une crise industrielle très grave aboutit, en l'espace de quinze ans (1975-1990), à la disparition de toutes les mines de fer et de nombreuses usines sidérurgiques ou textiles (groupe Boussac), et à la réduction progressive de l'extraction charbonnière, dont l'arrêt a eu lieu en 2004. La Lorraine est perçue comme une région sinistrée, car la création de nouvelles activités n'a pas compensé les suppressions massives d'emplois.

Enfin, un antagonisme latent se fait sentir entre une Lorraine du Nord tournée vers la Sarre, le Luxembourg, et une Lorraine du Sud plus orientée vers Paris. Cette différence, parfois exagérée, ne recoupe ni les anciens clivages duchés/évêchés, ni la rivalité Nancy/Metz. Elle procède simplement de la proximité géographique et de l'héritage linguistique. Sans doute, il est possible de dessiner sur une carte l'« eurorégion » Sar(re)-Lor(raine)-Lux(embourg) ; dans la réalité, et en dépit des échanges humains quotidiens, elle se heurte à la résistance des personnalités étatiques et des cultures nationales. La poursuite de la construction européenne, à laquelle une majorité de Lorrains est attachée, peut néanmoins contribuer à tisser des liens.

La Région Lorraine existe depuis plus d'une génération. Avec une population stabilisée autour de 2,3 millions d'habitants, elle est plus peuplée que ses voisins, l'Alsace, la Champagne-Ardenne, la Franche-Comté et le Land allemand de la Sarre ; elle compte six fois plus d'habitants que le grand-duché de Luxembourg. Au fil des années, l'assemblée et l'administration régionales cherchent à développer une cohésion entre les quatre départements. Néanmoins, par rapport à l'Alsace, les sondages mettent en évidence une perception faible et une fragilité relative de la conscience régionale. Malgré la tardive réunion de la Lorraine à la nation, les Lorrains se sentent, depuis deux siècles, d'abord des Français. La régionalisation est encore trop récente pour avoir infléchi ce sentiment fondamental d'appartenance.

Lothaire,

roi des Francs de 954 au 2 mars 986 (Laon 941 - Compiègne 986).

Fils du roi Louis IV d'Outremer et de Gerberge, Lothaire devient roi le 12 novembre 954, avec l'accord du puissant duc des Francs Hugues le Grand, auquel il doit céder le contrôle des duchés d'Aquitaine et de Bourgogne. À la mort de ce dernier, en 956, s'ouvre une période de régence, sous le contrôle de la dynastie ottonienne : Gerberge est en effet la sœur d'Otton Ier, roi de Germanie, et de Brunon, archevêque de Cologne et duc de Lotharingie, mais elle est aussi la sœur d'Hadwige, veuve d'Hugues le Grand et mère d'Hugues Capet.

La mort de Brunon en 965, puis celle de Gerberge en 969, permettent à Lothaire de se dégager de l'influence germanique, et de tenter alors de faire contrepoids à la puissance de son cousin Hugues Capet en s'appuyant sur les grands seigneurs du nord du royaume, traditionnellement fidèles aux Carolingiens, Arnould Ier de Flandre et Herbert III de Vermandois. Il entre aussi en conflit avec Otton II au sujet de la Lotharingie, qu'il revendique : en 978, il se porte avec son armée sur Metz et Aix-la-Chapelle, d'où Otton II s'enfuit à grand-peine. Mais le triomphe est de courte durée, car Otton II riposte et dévaste le royaume jusqu'aux portes de Paris, que défend Hugues Capet. Le conflit s'apaise en mai 980, mais Lothaire n'abandonne jamais complètement ses ambitions. On a vu dans cet épisode l'un des premiers témoignages d'une « identité nationale » dans le royaume occidental.

Lothaire Ier,

empereur de 840 à 855 (795 - Prüm 855).

Il est le fils aîné de Louis le Pieux et d'Ermengarde et le petit-fils de Charlemagne. En 817, Louis décide de conserver intacte l'unité de l'Empire carolingien, en faveur de son fils aîné : par un testament appelé Ordinatio imperii, il promet la succession impériale à Lothaire, qui aura la prééminence sur ses frères. Ces derniers se voient attribuer des royaumes périphériques (Bavière et Aquitaine), mais devront rester soumis à leur aîné. En 822, Louis le Pieux confie aussi le royaume d'Italie à Lothaire.

Mais, en 823, la naissance d'un autre fils, Charles, issu d'un second mariage, amène Louis le Pieux à modifier son premier testament. Lothaire, qui craint de perdre la suprématie qu'on lui a promise, rassemble autour de lui un parti favorable au maintien de l'unité de l'Empire et déclenche une révolte qui marque le début de la guerre civile dans l'Empire carolingien. À la mort de Louis le Pieux, en 840, Lothaire tente de faire exécuter l'Ordinatio imperii, ce qui donne lieu à une guerre ouverte entre les trois frères : Louis le Germanique et Charles le Chauve, ligués contre Lothaire, parviennent à anéantir son armée à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye, le 25 juin 841. Lothaire doit donc accepter le partage de l'Empire, rendu définitif en 843 par le traité de Verdun. Il obtient la partie centrale de l'Empire, où sont situées les deux capitales Rome et Aix-la-Chapelle, ainsi que le titre impérial, mais sans suprématie sur l'ensemble des territoires. Il parvient difficilement à stabiliser ce royaume composite, qui sera partagé, à sa mort, entre ses trois fils.