fascisme français. (suite)
De Vichy à nos jours.
• L'effondrement de 1940 lui-même ne l'a guère favorisé. La dictature du régime de Vichy relève plutôt de la contre-révolution, d'un traditionalisme proche de l'« ordre moral ». Les groupes fascistes collaborationnistes parisiens, qui gravitent autour de Déat, de Doriot, etc., sont entièrement soutenus par l'occupant, et se disputent une clientèle restreinte. Ils ne participent au gouvernement et n'investissent l'appareil répressif qu'à partir de 1943 - avec la Milice -, mais l'État français est alors coupé de la société civile et ne reste en place que par la volonté de Hitler. Si cela n'enlève rien à la gravité des crimes commis, cela ne permet pas de décrire le fascisme comme enraciné dans le pays.
On peut d'ailleurs, comme Pierre Milza, « considérer [le fascisme] comme une forme de pouvoir politique appartenant au passé et qui ne correspond plus aux besoins des sociétés hyperindustrialisées ». En dehors de théoriciens comme Maurice Bardèche et de groupuscules intransigeants sans importance réelle, ses partisans sont devenus les éléments minoritaires d'un courant où leur sont associés des nostalgiques de Vichy, des traditionalistes, des intégristes, des nationalistes, etc. Cette coalition de fait a connu des fortunes variées, jouant sur l'anticommunisme de la guerre froide, les frustrations de la décolonisation, les difficultés des victimes de la modernisation des années cinquante, ou la crise économique. Cela a donné l'OAS, le mouvement Poujade, ou le Front national, dont on peut penser qu'ils ont été ou sont un danger pour la démocratie, mais qui, dans leur globalité, ne relèvent pas du fascisme au sens strict du terme.