Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Clodomir,

deuxième fils de Clovis et de Clotilde, roi des Francs du royaume d'Orléans de 511 à 524 (vers 495 - Vézeronce, Isère, 524).

Lorsque Clovis meurt, en 511, son royaume est, conformément à la coutume franque, partagé entre ses quatre fils, à la manière d'un héritage patrimonial. Au terme de tractations conflictuelles, le découpage se fait en parts équilibrées, et Clodomir reçoit des territoires situés autour de la Loire, entre l'Yonne et l'océan Atlantique, le seuil du Poitou et la Beauce. Il contrôle donc, depuis sa capitale, Orléans, une portion du vieux pays franc au nord du fleuve et une partie de l'Aquitaine septentrionale romaine. En 523, poursuivant la politique d'expansion de son père, il entreprend, avec ses frères Childebert et Clotaire, la conquête de la Burgondie. Après une première campagne victorieuse contre les Burgondes, dont le roi Sigismond est tué, Clodomir se heurte, l'année suivante, à une sévère résistance organisée par le nouveau roi, Gondemar. Il trouve alors la mort au cœur des possessions burgondes, dans la vallée de l'Isère. Son royaume devient l'objet de la convoitise de ses frères, qui s'en emparent dans le sang : deux de ses fils, Théodoald et Gontier, sont assassinés, et le troisième, Clodoald (ou Cloud), n'échappe à la mort qu'en se retirant dans un monastère non loin de Paris, où il acquiert une réputation de sainteté.

Cloots (Jean-Baptiste du Val-de-Grâce, baron de Cloots, dit Anacharsis),

homme politique français d'origine allemande (Gnadenthal, Prusse, 1755 - Paris 1794).

Le jeune homme qui arrive à Paris à l'âge de 21 ans en 1776 est issu d'une famille originaire des Pays-Bas, et a reçu son éducation en français. Membre du Musée français, il fréquente les Philosophes, côtoie Condorcet. En 1789, il rédige des brochures révolutionnaires, participe aux journées d'octobre, et circule dans plusieurs clubs révolutionnaires : Jacobins, Cordeliers, Cercle social. Jamais il ne s'identifie à une position politique constituée, ce qui souligne sa singularité, son ambiguïté, et le mènera à sa perte.

Le 19 juin 1790, à la tête d'une délégation d'étrangers, il demande que la fête de la Fédération soit celle du « genre humain ». Dès lors, il s'attribue le titre d'« orateur du genre humain », adopte le nom d'Anacharsis Cloots, affirmant ainsi « se déféodaliser » et « se déchristianiser ». Il réclame très tôt la République, sans signer la pétition du Champs-de-Mars. Le 21 avril 1792, il offre à l'Assemblée législative son ouvrage la République universelle ou Adresse aux tyrannicides. Le 24 août, il reçoit, avec d'autres étrangers, le titre de « citoyen français », puis est élu à la Convention dans l'Oise, où il a acquis pour 450 000 livres de biens nationaux. Il milite pour une guerre antimonarchique qui doit permettre de fonder la « République fédérative des individus ». Favorable aux annexions, mais en désaccord avec le projet de Républiques sœurs des girondins, il rompt avec ces derniers, et se rapproche des positions radicales d'Hébert. Acteur fondamental de la « défanatisation » violente de Paris, il est fustigé par Robespierre, exclu du Club des jacobins, puis de l'Assemblée, en tant que citoyen né à l'étranger. C'est avec d'autres étrangers et les hébertistes qu'il est conduit à la guillotine le 4 germinal an II (24 mars 1794).

Clotaire Ier,

roi des Francs de 511 à 561 (vers 497 - Compiègne 561).

Fils cadet de Clovis et de Clotilde, Clotaire partage, en 511, avec ses deux frères Childebert et Clodomir, et avec son demi-frère Thierry, l'ensemble des territoires réunis par Clovis. On a longtemps considéré ce premier partage comme un manque évident de sens de l'État chez les Mérovingiens ; ou plutôt s'agit-il d'un compromis politique respectant les grands ensembles qui forment le royaume des Francs. L'aîné, Thierry, hérite en effet de la partie orientale, qui correspond au noyau de l'ancien royaume des Francs Rhénans ; Clotaire se voit attribuer l'ancien royaume de Tournai et la première zone d'expansion des Francs, jusqu'à Soissons ; enfin, Childebert et Clodomir se répartissent les terres situées entre la Somme et la Loire. L'Aquitaine, plus récemment conquise, est divisée entre les quatre héritiers. Cependant, même fractionné, le royaume ne disparaît pas : chacun des frères porte le titre de roi des Francs, et la proximité de leur capitale - Reims (Thierry), Orléans (Clodomir), Paris (Childebert) et Soissons (Clotaire) - semble révéler une volonté de poursuivre en commun la politique d'expansion inaugurée par Clovis. En effet, en s'associant, ils parviennent à annexer définitivement le royaume des Burgondes, après plusieurs offensives (534) ; Clotaire gagne alors les territoires situés au sud de la Durance. De même, ce dernier conquiert avec Thierry le royaume des Thuringiens en 531-535, et son mariage avec la princesse thuringienne Radegonde (probablement sa septième épouse) lui ouvre des droits territoriaux. Toutefois, cette coopération n'empêche pas Clotaire de gagner un maximum de terres : ainsi, à la mort de son frère Clodomir (524), il évince ses neveux de la succession, et partage le royaume d'Orléans avec son frère Childebert. En 555, Théodebald, petit-fils de Thierry, meurt sans héritier ; Clotaire prend alors possession de l'Auvergne, qu'il confie à son fils Chramne, qui intrigue immédiatement contre lui. En 558, la mort de son frère Childebert, qui n'a pas de descendance masculine, permet à Clotaire de renforcer considérablement sa puissance et de venir à bout de plusieurs révoltes fomentées par Chramne (560). Ainsi l'unité du royaume est-elle reconstituée par le plus jeune des fils de Clovis, mais de manière très éphémère, puisqu'il disparaît en 561, laissant quatre fils, qui se partagent à leur tour le royaume de leur père.

Clotaire II,

roi de Neustrie de 584 à 629, puis roi des Francs de 613 à 629 (584 - 629).

Lorsqu'en 584 meurt le roi de Neustrie Chilpéric Ier, la Gaule est en proie à des guerres intestines, qui opposent l'Austrasie, gouvernée par Brunehaut, et la Neustrie. L'unique héritier de Chilpéric Ier est Clotaire II, alors âgé de quelques mois, sous la garde de sa mère Frédégonde, ennemie jurée de Brunehaut. Le roi de Bourgogne, Gontran, oncle de Clotaire, arbitre la situation : il prend sous sa protection le fils et la veuve de Chilpéric Ier, refusant de les livrer à Brunehaut. Cependant, Gontran s'allie avec celle-ci et, au mépris des droits de Clotaire, lègue la Bourgogne à Childebert II, fils de Brunehaut.