compagnies de commerce et de navigation, (suite)
Nées de la volonté de l'État, les compagnies se heurtent néanmoins à l'hostilité de villes manufacturières comme Lyon, qui craignent la concurrence des toiles indiennes, et à l'indifférence de la plupart des négociants français : peu entreprenants, ces derniers se méfient de ces entreprises lointaines, malgré l'exemple de Louis XIV qui y investit des millions de livres. En outre, les compagnies souffrent de la mauvaise conjoncture économique qui domine le XVIIe siècle et des politiques protectionnistes, telle celle de Louvois. La plupart d'entre elles ont ainsi une existence éphémère. Parfois, l'État se substitue à elles et prend en charge directement l'administration des colonies : c'est le cas pour les Antilles, en 1674, lors de l'effondrement de la Compagnie des Indes occidentales.
Le déclin des compagnies.
• Au XVIIIe siècle, malgré la création, dans le cadre du système de Law, de la Compagnie d'Occident (1717), qui fusionne bientôt avec la Compagnie des Indes orientales (1719), les compagnies ne sont plus adaptées à l'évolution de l'économie. Dans une conjoncture beaucoup plus favorable, le système de l'exclusif apparaît comme un obstacle aux échanges. Au nom de la liberté du commerce, les physiocrates, tels Turgot ou l'abbé Raynal, indifférents voire hostiles à la colonisation, entretiennent un mouvement d'opinion dirigé contre les monopoles des compagnies. En 1769, Choiseul supprime le privilège de la Compagnie des Indes, et l'exclusif est assoupli en 1784. Dans ce qui reste des possessions coloniales, largement amputées par le traité de Paris de 1763, un gouvernement direct (intendants et gouverneurs) se substitue partout à l'administration des compagnies. Enfin, les Assemblées révolutionnaires leur portent le coup de grâce : considérées comme des corporations, elles sont supprimées. Survivances du mercantilisme à l'heure où naît le libéralisme, elles disparaissent avec l'Ancien Régime.
Malgré leurs échecs, les compagnies de commerce et de navigation ont permis de mener à bien des opérations hors de portée des simples particuliers, notamment par leur ampleur financière ; elles ont contribué à fonder le premier Empire colonial français et jeté certaines bases de l'essor économique du XVIIIe siècle.