Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Jean V, (suite)

Dès son avènement en 1461, Louis XI se réconcilie avec les princes condamnés par son père, et le procès de Jean V est révisé en octobre. Pourtant, le comte d'Armagnac reprend les armes en 1465 contre le roi, dans les rangs de la ligue du Bien public, coalition des princes contre Louis XI, et complote avec les Anglais en 1470. Ses biens sont donc à nouveau confisqués. Il bénéficie de la protection du frère de Louis XI, Charles de France, duc de Guyenne, mais, à la mort de ce dernier en 1472, Louis XI exige la soumission de l'Armagnac. Le comte est tué lors du siège de Lectoure. Son frère Charles se morfondra treize ans dans les geôles de Louis XI.

Jean V le Sage,

duc de Bretagne de 1399 à 1442 (château de l'Hermine, près de Vannes, 1389 - La Touche, près de Nantes, 1442).

Fils de Jean IV de Bretagne et de Jeanne de Navarre, Jean V est, à 10 ans, l'héritier du plus grand fief du royaume après la Bourgogne. Marié dès 1397 avec Jeanne, fille de Charles VI, le jeune duc prête hommage au roi en 1404.

Au début du XVe siècle, la Bretagne est livrée à des guerres locales entre marins bretons et soldats anglais. La situation se stabilise vers 1407, et, dès lors, le duc s'efforce surtout de ne pas s'engager dans la guerre de Cent Ans. C'est ainsi qu'à Azincourt (1415), les contingents bretons arrivent tardivement pour soutenir la chevalerie française. Jean V pratique une véritable politique de bascule entre la France et l'Angleterre, politique qui lui permet de s'affranchir de plus en plus de la tutelle royale : en 1418, il se dit « duc par la grâce de Dieu ». En 1423, il s'allie avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon et avec le duc de Bedford contre le roi Charles VII. En 1440, il prend part à la Praguerie, révolte des princes contre la restauration du pouvoir monarchique. En outre, Jean V règle par la force le conflit qui oppose sa famille à celle de Clisson : Margot de Clisson ayant tenté par deux fois de l'assassiner, il confisque définitivement le comté de Penthièvre et met fin à toute querelle dynastique.

Au cours de son règne, qui fut le plus long de l'histoire de la Bretagne, Jean V, grand seigneur pieux et mécène, a renforcé la puissance et l'indépendance de son duché.

Jean XXII (Jacques Duèse ou d'Euze),

principal pape de la période avignonnaise, qui règne de 1316 à 1334 (Cahors 1245 - Avignon 1334).

Originaire du Quercy, Jacques Duèse reçoit une formation de juriste, et devient un familier du roi Charles II d'Anjou, comte de Provence et roi de Sicile de 1285 à 1309, dont il éduque le fils Louis d'Anjou. Il est ensuite évêque de Fréjus (1300), chancelier du royaume de Sicile (1308), puis évêque d'Avignon (1310), avant d'être difficilement élu au pontificat sous le nom de Jean XXII, le 7 août 1316, à Lyon, grâce aux pressions exercées sur le conclave par le roi de France Philippe V (1316/1322). Jean XXII décide d'installer la papauté en Avignon, une ville appartenant aux rois angevins de Naples, et située à proximité des États des rois de France et du Comtat Venaissin, lequel fait partie des États pontificaux. Il nomme des cardinaux presque tous originaires du midi de la France, enracinant ainsi pour longtemps le gouvernement de l'Église sur les bords du Rhône. Par ailleurs, il entreprend une politique de centralisation administrative, en créant de nouvelles institutions, en augmentant la fiscalité pontificale, et en exerçant un contrôle accru sur la collation des bénéfices dans toute la chrétienté. Enfin, il combat vigoureusement tous ceux qui dénoncent les excès de son pontificat, et qu'il considère comme rebelles à son autorité : l'empereur Louis de Bavière et ses partisans en Italie, les franciscains spirituels - tel Bernard Délicieux -, les béguins et béguines du Midi ou de Rhénanie. Ainsi, le gouvernement de Jean XXII est marqué à la fois par un renforcement de la monarchie administrative pontificale et par la collaboration croissante de la papauté avec les rois capétiens.

Jean-Baptiste de La Salle (saint),

fondateur des Frères des Écoles chrétiennes (Reims 1651 - Saint-Yon, près de Rouen, 1719).

Né dans une famille bourgeoise et dévote de Reims, aîné de onze enfants, il est destiné très tôt à l'Église et reçoit, à 16 ans, une charge de chanoine de la cathédrale de cette ville. Devenu prêtre en 1678 après des études de théologie, il est conduit à diriger la fondation des sœurs du saint Enfant Jésus qui instruisent les petites filles pauvres. Dès 1679, il participe à la création d'écoles paroissiales pour jeunes garçons à Reims, puis dans le reste de la Champagne. S'inspirant des expériences menées à Lyon par Charles Démia et dans certaines paroisses parisiennes, ces écoles de charité ont pour but de dispenser aux enfants pauvres, outre une instruction élémentaire, des notions de civilité accompagnées d'un enseignement quotidien du catéchisme. Leur fondateur prend rapidement conscience de l'importance de la formation des maîtres. À cet effet, il regroupe chez lui des laïcs vivant pauvrement et leur donne une règle commune, consacrant toute sa fortune à cette œuvre. En 1684, les maîtres prennent le nom de « Frères des Écoles chrétiennes ».

Souvent sollicité par les curés pour créer de nouveaux établissements, Jean Baptiste de La Salle abandonne son canonicat pour se consacrer à sa communauté, puis s'intalle, en 1688, dans la paroisse Saint-Sulpice à Paris où il poursuit son œuvre d'éducateur. Mais, dans la capitale, ses initiatives se heurtent à l'opposition des maîtres écrivains, et il doit faire face à de nombreux procès. Il accepte cependant la création d'écoles en Languedoc et Provence dans le but de rallier d'anciens protestants. Parallèlement, il rédige de nombreux textes à finalité pédagogique comme les Règles de la bienséance et de la civilité chrétienne (1703), destinées à l'apprentissage de la lecture dans les écoles des Frères, et la Conduite des écoles chrétiennes (1720), où il définit ce que doit être la progression des enfants dans les matières enseignées ainsi qu'un emploi du temps minutieux organisé en fonction de l'enseignement quotidien du catéchisme.

Retiré à Saint-Yon, près de Rouen, où il a fondé un séminaire, La Salle abandonne en 1717 sa charge de supérieur et se consacre à la rédaction d'ouvrages de spiritualité (Méditations). À sa mort, une cinquantaine d'écoles, dont une à Rome, sont tenues par environ cent Frères répartis en vingt-cinq communautés. Canonisé en 1900, le fondateur des lassaliens demeure la figure par excellence du pédagogue chrétien dans la France de l'époque moderne.