Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

antisémitisme. (suite)

La défaite porte au pouvoir les chantres de l'antisémitisme, dont l'idéologie offre une grille d'interprétation commode pour expliquer l'ampleur du désastre. À Vichy, un antisémitisme d'État se met en place. Dès l'automne 1940 (le processus s'accentue après juin 1941), les juifs sont recensés, fichés, exclus d'un nombre grandissant de professions ; leurs biens sont « aryanisés ». En zone sud, les préfets internent jusqu'à 40 000 juifs étrangers. À partir de l'été 1942, l'infrastructure ainsi déployée et la politique de collaboration menée par le gouvernement français contribuent à l'application de la « solution finale » en France.

Vers le reflux ?

• La libération du territoire français et l'abolition de la législation antisémite ne signifient pas pour autant la disparition d'un antisémitisme à caractère populaire, économique et xénophobe, attisé par ceux qui avaient profité de la spoliation des juifs. Pourtant, l'expression publique de sentiments antisémites devient taboue ; l'antisémitisme - apanage d'une droite déconsidérée par les années Vichy, puis marginalisée à nouveau après la guerre d'Algérie - cesse ainsi de constituer une force politique en France, malgré la subsistance de quelques vagues d'agressions antisémites : une série d'attaques lors du bref passage de Pierre Mendès France à la présidence du Conseil (1954-1955), une vague de graffitis et d'incendies criminels (1959-1960) et l'affaire de la rumeur d'Orléans, en mai 1969.

Quand, le 29 novembre 1967, le général de Gaulle, alors président de la République, qualifie les juifs de « peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur » lors d'une conférence de presse, il brise le tabou. Dès lors, l'antisionisme idéologique, en essor depuis la guerre des Six Jours, devient le prétexte à des dérives antisémites qui, cette fois, n'épargnent pas une partie de la gauche politique et qui atteignent leur apogée durant la guerre du Liban, en juin 1982. Dans le même temps, un nouvel avatar de l'antisémitisme s'exprime à travers les thèses négationnistes développées par Robert Faurisson (Défense de l'Occident, 1978). Reprenant une thèse avancée par Paul Rassinier à la fin des années quarante, Faurisson nie l'existence des chambres à gaz. Une fraction de l'ultragauche, renouant avec l'antisémitisme de certains socialistes prémarxistes, se fait l'écho de ces thèses. Elles alimentent également le discours d'une extrême droite qui, depuis le début des années quatre-vingt, a connu un nouvel élan sous l'égide du Front national, et n'hésite pas à reprendre à mots couverts les thèmes consacrés du discours antijuif. Politiquement marginal, condamné par la loi (loi Pleven du 1er juillet 1972 et loi Gayssot du 13 juillet 1990), l'antisémitisme contemporain semble, cependant, avoir une emprise moindre sur l'opinion publique française.

Toutefois, les attitudes antisémites paraissent connaître une recrudescence certaine liée en grande partie à l'évolution de la situation au Proche-Orient : profanations de cimetières, déclarations offensantes, injures, voire actes de violence…

Antraigues (Emmanuel Henri Louis Alexandre de Launay, comte d'),

homme politique et agent de renseignement (Montpellier, Hérault, 1753 - Barnes Terrace, Angleterre, 1812).

Rendu populaire par la publication, en 1788, d'un Mémoire sur les états généraux qui stigmatise le despotisme, il est élu député de la noblesse du Vivarais en 1789. Cependant, aux États généraux comme à la Constituante, il se montre royaliste intransigeant, partisan de l'absolutisme royal et de la résistance à la Révolution. Compromis dans la conspiration de Favras, il émigre en Suisse dès février 1790, publie des pamphlets et vend ses services à l'Espagne, puis, après le déclenchement de la guerre (1792), à l'Europe coalisée contre la France, ainsi qu'à Louis XVIII. Entre 1790 et 1812, il met sur pied des réseaux de renseignement et rédige lui-même des notes de synthèse, plus partisanes que soucieuses d'exactitude. N'hésitant pas à inventer ou à produire de faux documents, Antraigues cherche à persuader les puissances étrangères, qu'il exhorte au combat, de la possibilité de rétablir la monarchie absolue en France. Arrêté en Italie par l'armée française en 1797, il fournit à Bonaparte - qui le libère - les preuves de la trahison de Pichegru, qui permettent le coup d'État du 18 fructidor an V contre les royalistes. S'il se brouille avec Louis XVIII, il continue, en revanche, de rédiger ses rapports pour l'Autriche, la Russie et l'Angleterre, où il s'installe en 1806. C'est dans ce pays que lui et sa femme sont assassinés, dans des circonstances restées mystérieuses.

antrustions,

guerriers appartenant à la garde personnelle du roi franc.

 En tant que familiers du roi, ils forment l'élite guerrière de ses fidèles (sa « truste ») et engagent leur vie à le servir. Ils lui sont liés personnellement par un serment de foi et de fidélité, qu'ils prêtent en joignant leurs mains entre celles de leur souverain. Cette cérémonie d'immixtio manuum, proche de la recommandation vassalique dans sa forme, s'en éloigne par le sens, car elle marque un engagement unilatéral, qui n'oblige donc pas le roi de manière contractuelle. La loi salique leur accorde une importance particulière en attachant à leur sang le prix très élevé de trois fois le wergeld (réparation pécuniaire proportionnelle au délit commis) d'un Franc libre. Rarement mentionnée dans les textes, la qualité d'antrustion s'estompe au profit de celle de leudes. Membres de l'aristocratie intégrés à la truste royale par un serment appelé du mot germanique leudesamium, ceux-ci reçoivent du souverain des gratifications, afin d'ancrer plus profondément la fidélité promise. La présence des leudes donne donc au pouvoir du roi une assise plus solide. C'est pourquoi, lors des partages successoraux du royaume, les héritiers se les disputent, quoique la tradition interdise ces pratiques. Le pacte d'Andelot, conclu entre Gontran et Childebert II, fils de Clotaire Ier, en 587, dénonce ainsi sévèrement cette trahison des leudes.

Anzin (Compagnie d'),

société par actions fondée en 1757 pour exploiter le bassin houiller d'Anzin (Nord), découvert en 1734.