illustration au caractère souvent naïf, créée à la fin du XVIIIe siècle dans l'imprimerie Pellerin, à Épinal, et devenue l'archétype de l'image populaire.
C'est Jean-Charles Pellerin (1756-1836) qui diversifie les activités de l'entreprise paternelle, dont la production se répand dans la France entière, grâce au colportage. Les estampes religieuses apparaissent les premières (vie de Jésus et de la Vierge, protection des saints et des saintes), et sont accompagnées de quelques lignes de texte (complainte, oraison). Puis sont repris les thèmes traditionnels de l'imagerie populaire : scènes de la vie conjugale et récits légendaires (les Quatre Fils Aymon, le Juif errant). Enfin, le catalogue s'enrichit de gravures militaires et historiques, notamment de celles consacrées aux batailles napoléoniennes, qui contribuent à la notoriété de l'entreprise.
Ces premières images sont imprimées sur papier vergé, à partir d'une gravure sur bois, et coloriées au pochoir. Les descendants du fondateur modernisent les techniques de fabrication (adoptions du papier mécanique, de la stéréotypie, puis, après 1850, de la lithographie), et mettent en place un réseau commercial qui s'étoffe non seulement en province mais aussi dans les colonies et à l'étranger, en Belgique, en Suisse et au Canada.
Tout au long du XIXe siècle, les changements politiques scandent la thématique : Louis XVIII, Louis-Philippe, les journées de 1848, le Second Empire, les présidents de la IIIe République, sont successivement mis en images. Néanmoins, ce sont les illustrations enfantines, parfois réalisées par de célèbres dessinateurs parisiens, tels Job, Benjamin Rabier ou Albert Robida, qui assurent à l'imagerie sa prospérité, dans la seconde moitié du XIXe siècle, avant de garantir sa survie. Leur composition est modifiée pour répondre aux besoins de la nouvelle clientèle : à la représentation unique succède une planche de 12 ou 16 vignettes qui permet d'illustrer un récit (contes de fées, histoires morales), rendu ainsi plus attrayant et plus accessible. La gamme des produits s'élargit avec les images à colorier, les constructions à découper et à coller (décors de théâtre), les soldats alignés... Dans les années 1880, l'association avec l'éditeur parisien Glucq donne naissance à des estampes ayant des visées pédagogiques (série encyclopédique « Glucq »), à des images de « réclame » et de propagande politique (pour les élections législatives de 1902). La guerre de 1914-1918 donne lieu à la création de nouvelles planches (exploits de soldats, atrocités allemandes), parmi lesquelles trois compositions du dessinateur alsacien Hansi. Après le conflit, l'imagerie spinalienne, de plus en plus concurrencée, amorce un lent déclin (sous l'Occupation, l'imagerie du maréchal Pétain est produite à Vichy et à Limoges). En 1985, un groupe d'industriels vosgiens assure le sauvetage de l'entreprise et d'un catalogue riche de plus de 7 500 titres.