Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
P

paroisse,

lieu de rassemblement de la communauté chrétienne sur un territoire délimité.

L'institution paroissiale trouve son origine dans l'organisation du réseau cultuel de la Gaule chrétienne, au Ve siècle. L'évangélisation des campagnes est alors l'occasion de fondations de chapelles à proximité des bourgades formées autour d'un marché, ou encore dans les domaines ruraux. La paroisse reproduit ainsi, à un échelon local, le centre épiscopal de la cité, où siège l'évêque, en ayant les mêmes fonctions liturgiques et pastorales. Elle assure la liturgie du dimanche et des fêtes ainsi que la prédication et le baptême. Survivant à la dissolution des cadres antiques de la société aux VIIe et VIIIe siècles, elle devient l'unité sociale par excellence de la communauté chrétienne. À l'époque carolingienne, l'accroissement de la population et l'extension des cultures ainsi que les progrès de la prédication conduisent à multiplier le nombre de paroisses rurales.

Ce n'est qu'à partir du XIe siècle, au lendemain de la réforme grégorienne, que la paroisse rurale devient véritablement la cellule de base de la vie religieuse des laïcs. Définitivement constitué dans les campagnes au milieu du XIIIe siècle, le réseau paroissial s'étend ensuite aux villes. La croissance économique justifie, en effet, la multiplication des paroisses urbaines (on en compte 35 à Paris, en 1300). La prédication, l'instruction des fidèles et l'administration des sacrements sont désormais assurées dans ce cadre, malgré la concurrence qu'exercent parfois les ordres nouveaux de mendiants (franciscains et Dominicains, notamment), qui érigent leurs propres églises.

Le concile de Trente (1545-1563) utilise la paroisse comme cadre de la revivification de la vie religieuse. Organe principal de la pastorale, la paroisse est destinée à devenir un lieu de contrôle où doit résider le curé, pivot de la discipline ecclésiastique. La Contre-Réforme prend également appui sur cette cellule spirituelle de base. Jusqu'à la Révolution, les paroisses fournissent l'essentiel de l'encadrement du peuple chrétien. Leur remodelage géographique, imposé par le concordat de 1801 - qui les aligne sur le quadrillage civil, la commune reprenant souvent les limites de l'ancienne paroisse -, affecte profondément la structure paroissiale. Celle-ci demeure cependant le centre du rassemblement des chrétiens.

Les récents codes de droit canonique (notamment celui de 1983) prennent en compte les mutations de la société et tentent de définir une nouvelle ligne d'action spirituelle des paroisses, plus adaptée aux conditions de la vie moderne.

partages du royaume franc,

partages du royaume par les souverains mérovingiens, puis carolingiens, en vertu de la coutume franque qui exige une répartition équitable du patrimoine paternel entre tous les fils.

La fonction royale est considérée par les Francs comme un bien patrimonial, au même titre que les trésors : ainsi, en 511, le regnum Francorum constitué par Clovis est partagé entre ses quatre fils. Selon les hasards de la démographie royale et des successions dynastiques, le royaume est ensuite tantôt réunifié sous un roi unique (Clotaire Ier, Clotaire II, Dagobert Ier), tantôt partagé entre frères et cousins de la famille royale mérovingienne (entre 561 et 613, puis entre 639 et 687). Le principe d'unité est théoriquement préservé : il n'existe qu'un seul royaume franc, composé de plusieurs lots territoriaux, plus ou moins cohérents selon les partages, attribués aux différents rois. L'unité du royaume franc est perpétuée par les liens du sang, par la poursuite de politiques communes, comme la conquête de la Bourgogne ou de la Provence au VIe siècle, et par le choix de capitales proches les unes des autres (Soissons, Reims, Paris, Orléans). Mais l'affaiblissement du pouvoir royal mérovingien, au VIIe siècle, et les différents partages favorisent progressivement l'essor des aristocraties et des royaumes régionaux (Neustrie, Austrasie et Bourgogne).

Cependant, l'unité du royaume franc est rétablie au VIIIe siècle par la dynastie carolingienne ; puis, les hasards dynastiques (mort du frère de Charlemagne en 771, mort des frères de Louis le Pieux au début du IXe siècle) expliquent l'absence de partages entre 771 et 840. Lors du partage de Verdun (843), les trois fils de Louis le Pieux appliquent à nouveau la coutume franque pour l'Empire tout entier. La perpétuation de ce partage aux IXe et Xe siècles contribue à renforcer les royaumes régionaux, et particulièrement la Francie et la Germanie. Toutefois, au Xe siècle, la coutume franque du partage de l'héritage paternel est peu à peu remise en cause lorsque le modèle du lignage agnatique - qui réserve à l'aîné la totalité ou la meilleure part de l'héritage - est adopté par les grandes familles aristocratiques, parmi lesquelles figurent les Robertiens, c'est-à-dire les ancêtres des Capétiens. Devenu roi en 987, Hugues Capet réserve d'emblée la fonction royale à son fils aîné, et ses successeurs feront de même. Mais la question de l'attribution aux cadets de parts de l'héritage paternel n'est pas abandonnée pour autant : elle resurgit aux XIIIe et XIVe siècles avec les apanages que constituent Louis VIII et Jean le Bon pour leurs fils cadets sur des biens récemment acquis par la couronne.

parti colonial,

groupe parlementaire formé à la Chambre des députés en 1889.

La dénomination de « parti colonial » n'apparaît officiellement qu'en 1892. Simple intergroupe parlementaire, il rassemble des députés de tendances diverses - avec une prépondérance du centre-gauche - qui se retrouvent lors de la discussion des questions coloniales (ils sont 125 après les élections de 1893). Eugène Étienne, député gambettiste d'Oran de 1881 à 1914 et plusieurs fois ministre, en est, de loin, la figure la plus marquante. Un groupe similaire se constitue au Sénat, en 1898, sous la présidence de Jules Siegfried.

Le parti colonial encourage la création de plusieurs groupes de pression tels que l'Union coloniale française (1893) et certains comités spécialisés. Il entretient d'étroites relations avec le Comité de l'Afrique française (fondé en 1890), dispose d'organes de presse dont le plus connu est la France coloniale, et se livre à une intense propagande en faveur d'une active politique d'expansion ainsi que de la mise en valeur et du peuplement des colonies. Il organise de fréquents banquets, qui lui valent le qualificatif de « parti où l'on dîne », mais il ne paraît pas, en dernière analyse, avoir grandement influé sur les décisions gouvernementales. Au début du XXe siècle, le parti est affaibli par des scissions (en 1905, départ de d'Estournelles de Constant). Après la Première Guerre mondiale, il s'occupe assez activement des préparatifs de l'Exposition coloniale de 1931 mais, l'époque de l'expansion étant révolue, il ne retrouve ni dans les milieux politiques ni au Parlement son influence d'avant 1914.