Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

Mollet (Guy), (suite)

Un temps vice-président du Conseil après la crise du 13 mai 1958, il accepte la Constitution de 1958 et entre même au gouvernement, à titre personnel, comme ministre d'État. Un poste qu'il quitte en janvier 1959, en désaccord avec le plan économique et financier Pinay-Rueff.

En 1962, la réforme constitutionnelle portant sur l'élection du président de la République au suffrage universel - un détournement des institutions au profit du pouvoir personnel du général de Gaulle, selon lui - l'incite à se lancer dans une opposition virulente au régime, et même à envisager l'alliance avec les communistes. L'arrivée de François Mitterrand à la tête du Parti socialiste en 1971 tourne la page molletiste : Guy Mollet se consacre dès lors au travail doctrinal, notamment au sein de l'Office universitaire de recherches socialistes, qu'il a créé en 1969.

Mollien (Nicolas François),

comte de l'Empire, ministre du Trésor et pair de France (Rouen 1758 - Paris 1850).

Fils d'un riche maître passementier, il suit de brillantes études à Paris et, grâce à la protection du duc de Richelieu, entre au ministère des Finances, où il assume avec succès la surveillance des fermes générales. Il est l'un des instigateurs de l'établissement des barrières de l'octroi à Paris, puis il contribue à la conclusion du traité de commerce entre la France et l'Angleterre (1786). Soucieux de s'éloigner de Paris et du cœur de la Révolution, il obtient la direction de l'Enregistrement et des Domaines dans le département de l'Eure (1791), mais il donne sa démission à la suite des événements du 10 août 1792. Il devient alors industriel, à la tête d'une filature mécanique de coton. Enfermé en 1794 pour complicité avec les fermiers généraux, il est libéré à la suite du 9 Thermidor. Après le 18 Brumaire, le ministre des Finances, Gaudin, lui confie la direction de la Caisse d'amortissement : il introduit alors les écritures en partie double dans la comptabilité du gouvernement. Jouissant de l'estime de Bonaparte, auquel il remet un rapport quotidien sur les dispositions de la Bourse et les événements financiers, il entre au Conseil d'État en 1804, et devient ministre du Trésor en 1806, poste qu'il occupe jusqu'en 1814. Il n'accepte aucune fonction sous la première Restauration et redevient ministre du Trésor durant les Cent-Jours ; puis il se retire dans sa campagne située près d'Étampes. Il siège à la Chambre haute à partir de 1819. Créé comte de l'Empire en 1808 et récipiendaire de plusieurs dotations, il n'a pas pour autant laissé une grande fortune.

monachisme,

mouvement de retranchement dans la solitude par lequel un homme, appelé « moine », se sépare du reste de la société en vue de parvenir à l'union à Dieu. Il est « ermite » ou « anachorète » lorsqu'il effectue seul sa séparation d'avec le monde. Il est « cénobite » lorsqu'il vit ce retirement en communauté.

L'émergence du monachisme occidental.

• Le monachisme chrétien naît en Orient avec saint Antoine (vers 250-356), qui inaugure la vie d'ermite en se retirant dans le désert de Haute-Égypte en 271, et avec saint Pacôme (292-346), qui fonde une communauté de moines vers 323. Cette forme d'ascèse, qui consiste à imiter la vie du Christ et son combat contre le démon, se répand ensuite très rapidement en Occident à partir de la seconde moitié du IVe siècle. Vers 350, des groupes d'ermites apparaissent en Italie du Sud avant de gagner la Gaule, où saint Martin de Tours (vers 316-397) fonde les monastères de Ligugé vers 360 et de Marmoutiers quelque dix ans plus tard. Le monachisme occidental évolue alors vers une forme nettement cénobitique. Vers 410, Honorat d'Arles (vers 350-430) installe une communauté dans l'île de Lérins, puis, en 415, le Grec Jean Cassien (vers 360-435) fonde l'abbaye de Saint-Victor à Marseille et transmet son expérience monastique dans plusieurs écrits. Peu après, Césaire d'Arles (469-542) compose deux règles organisant la vie communautaire des moines et des moniales après avoir établi plusieurs abbayes dans sa métropole d'Arles. À la fin du VIe siècle, le nombre de monastères dans le royaume franc est évalué à plus de deux cents. Construits le plus souvent à la périphérie des villes, ils jouent un rôle majeur dans l'évangélisation du royaume.

L'apogée du mouvement monastique.

• Malgré le courant monastique venu d'Irlande, animé par saint Colomban (543 ?-615), qui fonde notamment vers 590 le monastère de Luxeuil dans les Vosges, la règle de saint Benoît de Nursie (vers 480-547) s'impose rapidement sur le continent européen. Destinée à l'origine à organiser la vie de la communauté monastique du Mont-Cassin, cette règle, rédigée après 534, est en effet appelée à une diffusion exceptionnelle. S'inspirant des règles antérieures, elle exige un établissement stable et oblige les moines à la chasteté, la pauvreté et l'obéissance. L'accent principal est mis sur l'office divin et le travail manuel ainsi que sur l'étude et la vertu. Soucieux de mettre les monastères au service de leurs intentions unificatrices, les Carolingiens imposent cette règle bénédictine à l'ensemble du monachisme occidental. Le concile d'Aix-la-Chapelle (817) précise certains points de cette règle et, sous l'impulsion de saint Benoît d'Aniane (vers 750-821), prolonge la durée de l'office divin tout en accentuant le caractère liturgique de la vie monastique. Le mouvement bénédictin connaît alors une période d'apogée, qui dure jusqu'au début du XIIIe siècle.

L'abbaye de Cluny, fondée en 909, devient le principal foyer de restauration monastique. Ce mouvement de réforme, qui entend porter remède à la sécularisation, impose aux moines une stricte discipline et place les monastères, désormais coupés de la tutelle des laïcs et des évêques, sous la dépendance directe du pape. L'influence de l'érémitisme conduit parallèlement à la naissance de nouvelles formes de vie monastique et favorise l'apparition d'ordres aspirant à une vie spirituelle davantage séparée du monde. L'abbaye de Cîteaux, fondée en 1098, devient, notamment sous l'impulsion de saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), l'emblème de ce monachisme caractérisé par son dépouillement et son austérité. L'émergence des ordres mendiants au XIIIe siècle, qui coïncide avec une période de crise du monachisme dans son ensemble, confère désormais à ceux-ci le rôle d'animation spirituelle de la société.