mouvement de retranchement dans la solitude par lequel un homme, appelé « moine », se sépare du reste de la société en vue de parvenir à l'union à Dieu. Il est « ermite » ou « anachorète » lorsqu'il effectue seul sa séparation d'avec le monde. Il est « cénobite » lorsqu'il vit ce retirement en communauté.
L'émergence du monachisme occidental.
• Le monachisme chrétien naît en Orient avec saint Antoine (vers 250-356), qui inaugure la vie d'ermite en se retirant dans le désert de Haute-Égypte en 271, et avec saint Pacôme (292-346), qui fonde une communauté de moines vers 323. Cette forme d'ascèse, qui consiste à imiter la vie du Christ et son combat contre le démon, se répand ensuite très rapidement en Occident à partir de la seconde moitié du IVe siècle. Vers 350, des groupes d'ermites apparaissent en Italie du Sud avant de gagner la Gaule, où saint Martin de Tours (vers 316-397) fonde les monastères de Ligugé vers 360 et de Marmoutiers quelque dix ans plus tard. Le monachisme occidental évolue alors vers une forme nettement cénobitique. Vers 410, Honorat d'Arles (vers 350-430) installe une communauté dans l'île de Lérins, puis, en 415, le Grec Jean Cassien (vers 360-435) fonde l'abbaye de Saint-Victor à Marseille et transmet son expérience monastique dans plusieurs écrits. Peu après, Césaire d'Arles (469-542) compose deux règles organisant la vie communautaire des moines et des moniales après avoir établi plusieurs abbayes dans sa métropole d'Arles. À la fin du VIe siècle, le nombre de monastères dans le royaume franc est évalué à plus de deux cents. Construits le plus souvent à la périphérie des villes, ils jouent un rôle majeur dans l'évangélisation du royaume.
L'apogée du mouvement monastique.
• Malgré le courant monastique venu d'Irlande, animé par saint Colomban (543 ?-615), qui fonde notamment vers 590 le monastère de Luxeuil dans les Vosges, la règle de saint Benoît de Nursie (vers 480-547) s'impose rapidement sur le continent européen. Destinée à l'origine à organiser la vie de la communauté monastique du Mont-Cassin, cette règle, rédigée après 534, est en effet appelée à une diffusion exceptionnelle. S'inspirant des règles antérieures, elle exige un établissement stable et oblige les moines à la chasteté, la pauvreté et l'obéissance. L'accent principal est mis sur l'office divin et le travail manuel ainsi que sur l'étude et la vertu. Soucieux de mettre les monastères au service de leurs intentions unificatrices, les Carolingiens imposent cette règle bénédictine à l'ensemble du monachisme occidental. Le concile d'Aix-la-Chapelle (817) précise certains points de cette règle et, sous l'impulsion de saint Benoît d'Aniane (vers 750-821), prolonge la durée de l'office divin tout en accentuant le caractère liturgique de la vie monastique. Le mouvement bénédictin connaît alors une période d'apogée, qui dure jusqu'au début du XIIIe siècle.
L'abbaye de Cluny, fondée en 909, devient le principal foyer de restauration monastique. Ce mouvement de réforme, qui entend porter remède à la sécularisation, impose aux moines une stricte discipline et place les monastères, désormais coupés de la tutelle des laïcs et des évêques, sous la dépendance directe du pape. L'influence de l'érémitisme conduit parallèlement à la naissance de nouvelles formes de vie monastique et favorise l'apparition d'ordres aspirant à une vie spirituelle davantage séparée du monde. L'abbaye de Cîteaux, fondée en 1098, devient, notamment sous l'impulsion de saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), l'emblème de ce monachisme caractérisé par son dépouillement et son austérité. L'émergence des ordres mendiants au XIIIe siècle, qui coïncide avec une période de crise du monachisme dans son ensemble, confère désormais à ceux-ci le rôle d'animation spirituelle de la société.