Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
H

Habsbourg (lutte contre les), (suite)

Quand Charles II meurt enfin (1700), léguant sa couronne au duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, celui-ci peut croire réalisé le vieux projet des Valois et des Bourbons : briser l'encerclement de la France par la maison d'Autriche. Mais il va devoir affronter un prétendant autrichien soutenu par l'ensemble de l'Europe. Au terme d'une guerre qui place le royaume dans une situation parfois dramatique, les traités d'Utrecht et de Rastadt (1713-1714) laissent l'Espagne aux Bourbons, mais c'est une Espagne diminuée, réduite à la péninsule, qui abandonne ses possessions italiennes et les Pays-Bas aux Habsbourg de Vienne.

La liquidation du conflit dynastique (1715-1763).

• Au XVIIIe siècle, les Habsbourg ont cessé d'être pour la France l'adversaire principal. Sans doute le vieux réflexe anti-autrichien joue-t-il encore lors des guerres des successions de Pologne et d'Autriche. Mais, dans une Europe où de nouvelles puissances s'affirment (Prusse, Russie) et où les enjeux maritimes et coloniaux prennent une importance grandissante, les antagonismes majeurs opposent désormais la France à l'Angleterre ou l'Autriche à la Prusse, et commandent un rapprochement entre les deux vieilles maisons rivales. Envisagé dès 1715, le renversement des alliances se concrétise en 1756, quand la France et l'Autriche se trouvent alliées lors de la guerre de Sept Ans contre l'Angleterre et la Prusse. Conclusion symbolique : en 1770, pour la première fois depuis le XVIe siècle, un dauphin de France, le futur Louis XVI, épouse une archiduchesse autrichienne.

La France et l'Autriche s'affronteront encore sur les champs de bataille. Sans doute peut-on considérer la conquête des Pays-Bas par les armées de la Révolution (1793), ou la suppression du Saint Empire par Napoléon (1806), comme l'épilogue du conflit séculaire. Mais il est désormais d'une autre nature et a perdu son caractère singulier.

La lutte contre les Habsbourg aura profondément marqué la France d'Ancien Régime. C'est dans cette lutte que s'est, pour l'essentiel, construit l'Hexagone. Et c'est dans une large mesure pour répondre à ses nécessités que se sont forgées les institutions militaires, financières et politiques de l'État moderne français.

Hachette (Jeanne Laisné, dite Fourquet, surnommée Jeanne),

héroïne de guerre (Beauvais 1454 ou 1456 - id. [ ?]).

L'invasion de la Picardie par Charles le Téméraire est tout particulièrement cruelle et sanglante. Nesle, première ville à subir les assauts bourguignons, est le théâtre d'un véritable carnage. Craignant d'être victimes de semblables exactions, les habitants de Beauvais mobilisent toutes leurs énergies dans la défense de leur ville, devant laquelle Charles le Téméraire arrive le 27 juin 1472. Les femmes et même les enfants participent activement à la résistance contre l'envahisseur bourguignon. « Une jeune bourgeoise, Jeanne Laisné, écrit Michelet dans son Histoire de France, se souvint de Jeanne d'Arc et arracha un drapeau des mains des assiégeants. » On la surnomme « Jeanne Hachette », car elle se sert d'une petite hache en combattant. Face à cette résistance héroïque, le duc de Bourgogne finit par lever le siège, le 22 juillet, et les troupes royales entrent dans la ville peu après. Mariée et probablement dotée par Louis XI, Jeanne Hachette achève sa vie en perdant toute notoriété. Si son nom reste inscrit dans la mythologie collective, c'est parce que le XVe siècle marque l'irruption des héroïsmes féminins. « Quand tout est désespéré dans une cause nationale, écrira plus tard Lamartine à ce sujet, il ne faut pas désespérer encore s'il reste un foyer de résistance dans un cœur de femme. »

Hachette (Louis),

éditeur (Rethel 1800 - Paris 1864).

Le fondateur de l'empire éditorial Hachette fait ses études à Paris, au Lycée impérial, devenu en 1814 le lycée Louis-le-Grand, où sa mère est lingère. En 1819, il est reçu troisième à l'École normale supérieure, et se destine tout naturellement à l'Université. Mais, en 1822, le grand maître de l'Université, Mgr de Frayssinous, décide de supprimer l'École, qui abrite un trop grand nombre de libéraux, et aucun normalien n'est reçu à l'agrégation. Louis Hachette change alors d'orientation. Après des études de droit, il rachète en 1826 la librairie Brédif, dans le Quartier latin, ainsi que son modeste fonds éditorial.

Dès le début, la stratégie de Louis Hachette est fixée : il s'agit d'utiliser ses amitiés et ses contacts dans le milieu universitaire pour éditer et vendre des ouvrages éducatifs. Il bénéficie de deux avantages : la confiance de capitalistes, qui lui prêtent de l'argent ; les liens avec le régime libéral instauré après 1830. Hachette profite ainsi de la loi Guizot de 1833, qui généralise l'enseignement primaire, et, en 1835, il reçoit une commande publique de 720 000 ouvrages. Cela lui permet d'enrichir son catalogue, par commande à des auteurs et par rachat de fonds d'autres libraires. À cette stratégie éditoriale correspond une stratégie commerciale. La Librairie Hachette publie des périodiques destinés à toutes les catégories d'enseignants et noue des contacts avec ce milieu, notamment avec les inspecteurs généraux. Elle occupe ainsi solidement le marché des livres scolaires et universitaires, ce qui lui donne la possibilité, à partir des années 1840, d'élargir son fonds aux dictionnaires et à la littérature générale (Michelet, Hugo, Lamartine). De nouveaux supports commerciaux naissent : « la Petite Bibliothèque de gare » en 1852 (guides, histoire, littérature française et étrangère), qui se vend dans les stations de chemin de fer, ainsi que « la Bibliothèque rose », qui édite dès 1855 la comtesse de Ségur. Quand un ouvrage ne se vend plus dans une collection, il est immédiatement réédité dans une autre moins coûteuse.

À la mort de son fondateur, en 1864, la Librairie Hachette, ancêtre du puissant groupe multimédia d'aujourd'hui, est déjà le premier éditeur de France, disposant d'un pôle éducatif très développé, de périodiques et de collections pour la jeunesse, et présent dans la grande diffusion.

Hanriot (François),

commandant de la Garde nationale parisienne (Nanterre 1759 - Paris 1794). Personnage mal connu et dénigré, ce militant sans-culotte, fils de paysan, doit ses responsabilités révolutionnaires à sa fidélité pour Robespierre. Clerc de notaire, puis commis à l'octroi de Paris, il participe à l'incendie des barrières lors des émeutes précédant la prise de la Bastille en juillet 1789, ce qui lui vaut un bref séjour en prison. Jacobin, militant actif du faubourg Saint-Marceau, l'un des plus populaires et des plus misérables de la capitale, il se fait le porte-parole du petit peuple. À la veille des journées des 31 mai-2 juin 1793, le comité insurrectionnel de la Commune le nomme commandant provisoire de la Garde nationale de Paris afin de conduire l'émeute dirigée contre les girondins. Hanriot mobilise aussitôt des hommes provenant des sections les plus populaires. Sous sa direction, la Garde nationale, devenue force insurrectionnelle, fait céder la Convention le 2 juin, Hanriot répondant à la tentative de sortie des députés par l'ordre « Canonniers à vos pièces ! ». Proclamé par Marat « sauveur de la patrie », il est élu, à l'issue d'élections entâchées d'irrégularités, à la tête de la Garde nationale (1er juillet 1793), qu'il commande jusqu'à la chute de Robespierre. Cet homme modeste, qui sait éviter les émeutes graves dans une conjoncture économique difficile, est curieusement absent lors du 9 thermidor an II (27 juillet 1794), laissant sans instructions les hommes venus défendre la Commune. Mis « hors la loi » avec les robespierristes, il est guillotiné le lendemain.