Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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putsch des généraux,

sédition (21-25 avril 1961) menée depuis Alger par les généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller afin de maintenir l'Algérie dans la France.

Le putsch trouve son origine dans le désarroi et la colère qu'inspire, au sein d'une partie de l'armée, l'évolution de la politique algérienne du général de Gaulle. Revenu au pouvoir dans l'ambiguïté du 13 mai 1958, de Gaulle se prononce rapidement pour l'autodétermination de l'Algérie, qui est massivement approuvée lors du référendum du 8 janvier 1961. Après la répression de la « semaine des barricades » (janvier 1960), le divorce est consommé entre le Général et les irréductibles de l'« Algérie française », qui se rassemblent au sein de diverses organisations (Front de l'Algérie française, à Alger ; colloque de Vincennes, à Paris).

Prévu à l'occasion du déplacement du chef de l'État en Algérie au mois de décembre 1960, un premier putsch est finalement abandonné. Mais, après que de Gaulle a invoqué le coût financier de l'Algérie - en vue de justifier sa décolonisation (conférence de presse du 11 avril 1961) -, les ultras de l'armée décident de passer à l'offensive. Sollicité par des colonels en révolte, le général Challe, qui avait porté des coups sévères aux réseaux armés du FLN en 1959, dirige l'opération aux côtés des généraux Zeller et Jouhaud, rejoints ensuite par Salan, ancien commandant en chef des forces françaises en Algérie. Après des hésitations, Challe décide de ne rien entreprendre en métropole : les généraux s'emparent du pouvoir à Alger dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, et proclament un « Conseil supérieur de l'Algérie ». Ils affirment leur volonté de « gagner la guerre d'Algérie dans un délai de trois mois ». Mais en Algérie même, ils ne parviennent pas à rallier l'ensemble de l'armée, tandis que l'un de leurs complices à Paris, le général Faure, est arrêté dès le 22 avril. Le 23 au soir, dans une allocution télévisée, de Gaulle dénonce le « pronunciamiento militaire » d'un « quarteron de généraux en retraite ». Le lendemain, il met en application l'article 16 de la Constitution. Massivement approuvée en métropole, la fermeté du chef de l'État encourage la résistance des soldats du contingent en Algérie, et dissuade les officiers hésitants de rallier les putschistes. Isolé, Challe négocie sa reddition le 26 avril, alors que Jouhaud et Salan rejoignent l'OAS, dont ils deviennent les principaux animateurs.

Si l'échec du putsch renforce l'autorité du général de Gaulle, il révèle aussi les graves divisions de l'armée, et n'entame pas la détermination des activistes, civils et militaires, qui se regroupent au sein de l'OAS.

Pyramides (bataille des),

dite aussi bataille d'Embabèh, victoire remportée par Bonaparte le 21 juillet 1798, au début de l'expédition d'Égypte.

Le 1er juillet 1798, 35 000 soldats français débarquent près d'Alexandrie et prennent cette ville dès le lendemain. Pour se porter le plus rapidement possible sur Le Caire, le corps expéditionnaire se lance dans la traversée du désert de Damanhour ; parallèlement à cette progression sur la rive gauche du Nil, une flottille de ravitaillement remonte le fleuve. Le 21 juillet, les Français arrivent en vue des pyramides de Gizeh, mais l'armée des mamelouks leur interdit l'accès au Caire, qui se trouve sur l'autre rive. L'armée française adopte une formation en carrés indépendants : à l'aile droite, Desaix est en tête, suivi par Reynier ; Dugua est au centre, tandis que l'aile gauche est composée par Vial et Bon. Face à eux, le village d'Embabèh a été fortifié, et 6 000 cavaliers mamelouks, rangés le long du Nil, sont placés sous les ordres du puissant bey Mourad, tandis que le bey Ibrahim commande des forces navales sur le fleuve. Avant le combat, Bonaparte harangue ses troupes (« Soldats, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous regardent », aurait-il dit, selon la version retenue par la tradition). L'attaque des mamelouks se porte sur Desaix et Reynier, qui fixent le gros des forces ennemies. L'aile gauche de Bonaparte emporte les retranchements adverses. Plus de 1 500 mamelouks sont tués. Blessé au combat, Mourad s'enfuit vers la Haute-Égypte tandis qu'Ibrahim se réfugie en Syrie. Le lendemain, Bonaparte entre au Caire : trois semaines lui ont suffi, après son débarquement, pour contrôler toute la Basse-Égypte.

Pyrénées (traité ou paix des),

traité signé le 7 novembre 1659 mettant fin au conflit entre la France et l'Espagne qui dure depuis 1635.

Après la victoire française des Dunes, Philippe IV d'Espagne ne peut plus espérer une « paix blanche » pour sortir d'une guerre dans laquelle les deux pays s'enlisent. Mais il reste rétif à l'idée de marier sa fille Marie-Thérèse à Louis XIV, moyen par lequel le cardinal Mazarin croit possible d'assurer une paix durable. Pour émouvoir l'orgueil espagnol, le cardinal menace de faire épouser au jeune roi une princesse savoyarde. Les négociations s'ouvrent dans l'île des Faisans, sur la Bidassoa, rivière qui sépare la France et l'Espagne ; elles sont menées, du côté français, par Lionne et Mazarin. La France obtient le Roussillon et la Cerdagne (sauf l'enclave de Llivia), ce qui repousse la frontière jusqu'aux Pyrénées. Sur la frontière nord, la France annexe l'Artois et onze places fortes (dont Gravelines, Philippeville, Avesnes, Thionville et Montmédy), coins enfoncés dans les Pays-Bas espagnols. Le prince de Condé, dont le passage au service de l'Espagne avait prolongé la guerre, est pardonné : il peut rentrer en France et retrouver ses domaines, mais pas le gouvernement de la Guyenne. Enfin, Louis XIV épouse l'Infante, qui renonce à ses droits à la succession espagnole « moyennant », comme dit le texte, une dot de 500 000 écus d'or. La somme ne sera jamais versée (Mazarin l'avait peut-être prévu), ce qui permettra de faire valoir les droits de Marie-Thérèse sur les Pays-Bas (guerre de Dévolution), puis ceux d'un petit-fils de Louis XIV sur l'Espagne (Philippe d'Anjou, futur Philippe V). La France promet de ne plus soutenir le Portugal, révolté contre Madrid ; l'Espagne accepte en Italie l'occupation française de Pignerol, clé du Piémont, et cesse de chercher chicane aux clients de la France, la Savoie ou le duché de Modène. Le duché de Lorraine, envahi par les Français, est évacué mais doit céder l'Argonne, démanteler les remparts de Nancy, et accepter le libre passage des troupes de Louis XIV.