Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

lignage. (suite)

Au moment de leur mariage, les filles reçoivent, quant à elles, une dot qui les exclut de l'héritage. Les frères cadets, qui demeurent sans avoir, sont voués au célibat, à moins qu'ils ne parviennent à obtenir en mariage une de ces filles richement dotées pour la conquête desquelles la compétition entre juvenes est si rude. Si ce n'est pas le cas, ils vivent en perpétuels mineurs dans la maison de leur frère et sous son autorité. Les cadets font fréquemment le choix - plus ou moins forcé - de l'Église. Évêchés et abbatiats constituent des enclaves de pouvoir très convoitées, dont la maîtrise assure le prestige du lignage tout entier. De même les attirent les chapitres cathédraux, qui assurent de confortables prébendes. Les monastères accueillent également des membres de l'aristocratie : à chaque génération, la famille se fait un devoir de dédier l'un de ses enfants à un saint afin que, toute sa vie durant, il prie pour les siens et leur prospérité.

Ligue,

organisation politico-religieuse constituée, en 1584, pour défendre la religion catholique et lutter contre l'arrivée au pouvoir du protestant Henri de Navarre.

La mort du duc d'Anjou, frère d'Henri III, soulève la question de la succession, parce qu'elle fait du prince calviniste et relaps Henri de Navarre, chef du parti protestant, l'héritier présomptif de la couronne, puisque le roi n'a pas eu de fils.

Une union nobiliaire.

• C'est en se fondant sur une loi coutumière de catholicité de la succession royale que les ducs de Guise, de Mayenne, de Nevers, et quelques grands seigneurs se réunissent à Nancy en septembre 1584, et forment une « sainte union des catholiques », en vue de la défense et de la conservation de la religion apostolique et romaine. À la fin du mois de décembre, un traité est signé à Joinville avec le roi d'Espagne : le cardinal de Bourbon est reconnu comme l'héritier de la couronne, en vertu d'un droit d'aînesse en ligne collatérale, et les signataires s'engagent à combattre l'hérésie ainsi qu'à « recevoir » le concile de Trente comme loi du royaume. La Ligue est donc d'abord une organisation nobiliaire visant à exercer une pression sur la royauté. Elle est inspirée par un idéal commun de croisade, associé à une conception participative ou représentative de la monarchie. Par le manifeste de Péronne (mars 1585), elle définit son programme : elle appelle les Français à prendre conscience du danger en se mobilisant contre les hérétiques mais également contre la fiscalité tyrannique du pouvoir, et les gentilshommes à se dresser contre les favoris Épernon et Joyeuse. Enfin, elle exige que les états généraux soient réunis périodiquement.

Retour à Dieu et mobilisation.

• Mais cette alliance nobiliaire se double d'une union citadine quand, en janvier 1585, est créée la Ligue parisienne. Par le serment et le secret exigés de ses membres, celle-ci ressemble à une confrérie, mais elle peut être apparentée à un « parti » de Dieu par son mode d'organisation. En effet, appliquant le principe de la cooptation, établissant un réseau de correspondants dans les autres villes du royaume, elle est dirigée par un conseil restreint, qui se charge du recrutement et du « quadrillage ». En 1588, entre 8 000 et 25 000 hommes auraient ainsi été encadrés ; l'année suivante sont créés une assemblée délibérative et exécutive - le Conseil des Quarante -, des conseils de quartier, ainsi que le Conseil des Seize, rassemblant les chefs des conseils de quartier.

La mobilisation repose sur un discours polémique diffusé par des libelles, pièces versifiées, placards..., dont le but est de discréditer l'entourage royal, d'abord, puis le roi, et, enfin, Henri de Navarre, et qui possède souvent une tonalité radicale : primauté du peuple sur le roi ; réunion permanente des états généraux, conçus comme l'expression de la souveraineté ; légitimité de la résistance au tyran et légitimation du tyrannicide ; intensité de la foi, considérée comme l'un des critères de la vertu de noblesse...

Plusieurs interprétations sont données à cet exclusivisme qui refuse toute cohabitation avec le calvinisme : frustration des bourgeoisies marchandes et basochiennes face à la fermeture des offices ; tentative bourgeoise de restructuration d'un ordre politico-social ancien face à un État dont le corps des officiers tend à se dissocier de plus en plus des autres élites urbaines ; diffusion d'une « angoisse eschatologique » et retour au religieux incitant au sacrifice dans l'imminence du règne du Christ...

Un conflit ouvert.

• Dès 1585, la Ligue nobiliaire impose au roi le traité de Nemours (7 juillet). Elle est relayée, à partir de 1587, par la Ligue parisienne. La crise éclate à l'occasion de la journée des Barricades, le 12 mai 1588 (échec du roi et prise de contrôle par les ligueurs de l'organisation municipale et de la milice bourgeoise), puis de l'assassinat des frères Guise à Blois (23-24 décembre 1588). Paris, Rouen, Lyon, Marseille..., deviennent alors les théâtres d'une véritable croisade contre le roi antéchrist : la Sorbonne délie le peuple de son obligation de fidélité ; le parlement est épuré ; un système de délation et de contrôle est mis en place ; un conseil général de l'union fait du duc de Mayenne le lieutenant général du royaume. C'est dans ce contexte de crise mystique qu'Henri III est assassiné, le 1er août 1589, par le moine ligueur Jacques Clément.

L'échec de la rébellion s'étale sur plusieurs années, et plusieurs facteurs l'expliquent : la supériorité militaire royaliste, l'abjuration d'Henri de Navarre (1593), une propagande exaltant à la fois le « providentialisme » royal et le sentiment national face à une Ligue alliée à l'Espagne, les déchirements entre les Seize, entre ces derniers et le duc de Mayenne, entre ligueurs pro- et anti-espagnols... L'entrée d'Henri IV dans Paris, le 22 mars 1593, et l'absolution pontificale, le 17 septembre 1595, contribuent à l'affaiblissement de cette sainte union des catholiques.

Ligue de la patrie française,

organisation nationaliste fondée en 1899.

Dans les derniers jours de décembre 1898, un groupe d'hommes de lettres et de professeurs emmené par l'écrivain bonapartiste François Coppée et le critique Jules Lemaître prend l'initiative de créer la Ligue de la patrie française. L'idée en revient à trois agitateurs nationalistes : Gabriel Syveton, Henri Vaugeois et Louis Dausset. L'entreprise rencontre immédiatement un immense succès. Membres de l'Académie française et de plusieurs sections de l'Institut, professeurs du Collège de France et de l'Université, magistrats, médecins, artistes et écrivains, parmi lesquels beaucoup de grands noms de l'« antidreyfusisme », y adhèrent par centaines, sur la base d'un manifeste ambigu marqué par les déchirements nés de l'affaire Dreyfus, déchirements qu'il prétend cependant dépasser.