missions. (suite)
Le mouvement missionnaire à l'époque moderne.
• Peu à peu, cependant, la papauté éprouve le besoin de reprendre en main les missions. À l'issue du concile de Trente (1545-1563), un nouveau catéchisme doit être répandu, d'abord en Europe, face à la Réforme, mais aussi dans le reste du monde. Toutefois, dans un premier temps, les Français participent assez peu à cette action missionnaire. Ce n'est qu'au XVIIe siècle, dans une France qui se relève à peine des guerres de Religion, qu'un élan est donné : les missions intérieures, chargées de reconquérir les âmes des protestants ou des catholiques superficiellement évangélisés, et les missions extérieures sont alors menées conjointement. L'évangélisation des Indiens d'Amérique est ainsi entreprise par les jésuites en Acadie, en 1611-1613 ; par les récollets et les jésuites en Nouvelle-France, à partir des années 1610-1620. Mais ces entreprises se heurtent à la résistance des Iroquois et aux attaques anglaises.
En 1622, le pape Grégoire XV fonde la congrégation de la Propagande de la foi, qui a la haute main sur le recrutement du clergé missionnaire et doit s'efforcer de contrôler les entreprises de ce dernier. Rome souhaite ainsi revenir sur le système du « patronat », dont bénéficient surtout l'Espagne en Amérique, et le Portugal au Brésil, en Afrique et en Asie. Aussi, les initiatives françaises sont-elles encouragées par la papauté. Le jésuite avignonnais Alexandre de Rhodes (1591-1660) pose les premiers jalons des communautés chrétiennes du Tonkin et de l'Annam. Les missionnaires français sont en effet surtout présents sur le continent asiatique. En 1658, la fondation par Pierre Lambert de La Motte et François Pallu du séminaire des Missions étrangères, installé rue du Bac à Paris en 1663, donne une impulsion aux missions asiatiques. Les membres du clergé français sont appréciés par les empereurs chinois comme techniciens, traducteurs, ingénieurs, tel le Frère Thibault, qui offre un automate à l'empereur Kien-Long en 1754. En Inde, puis en Chine, certains missionnaires considèrent que, pour diffuser le message du Christ, il convient non seulement d'adopter la langue des populations à convertir, mais aussi de s'adapter à leurs mœurs et à leurs pratiques religieuses. Cependant, des prélats français - notamment Mgr Maigrot, en 1693 - jugent laxistes ces accommodements prônés par les jésuites : la querelle dite « des rites chinois » sera finalement tranchée par la papauté. En effet, le pape Clément XI condamne les initiatives jésuites en 1704, et, malgré des mesures de rétorsion prises par l'empereur chinois, Benoît XIV confirme cette condamnation en 1742-1744, compromettant ainsi nombre de missions asiatiques. De même, dans les Amériques, les jésuites, qui sont parvenus depuis 1609 à confisquer à l'Espagne et au Portugal de vastes territoires entre le Paraguay et l'Uruguay (les « réductions »), où les Indiens évangélisés sont soustraits à l'esclavage, sont désavoués par la papauté en 1767. Affaibli par les rivalités entre les puissances coloniales et par les controverses au sein du clergé, l'esprit de mission finit par s'essouffler, faute de missionnaires, après la suppression de la Compagnie de Jésus en 1773. En outre, pendant la Révolution, le séminaire des Missions étrangères est fermé.
Un nouvel élan.
• Le séminaire de la rue du Bac est rouvert en 1815, et, afin de financer les missions (les biens ecclésiastiques ayant été nationalisés sous la Révolution), une œuvre de la Propagation de la foi est fondée à Lyon en 1822, avec pour charge de susciter des dons et de répartir les fonds entre les différentes missions. Pour la première fois, des laïcs sont ainsi largement impliqués dans l'action missionnaire. Au cours du XIXe siècle, de nombreuses congrégations, masculines - les maristes, les missionnaires de Notre-Dame d'Afrique ou Pères blancs, etc. -, ou féminines - la congrégation Saint-Joseph de Cluny, fondée par Anne-Marie Javouhey, par exemple -, naissent en France. L'effort principal est alors porté sur la formation d'un clergé autochtone - une action souvent favorisée par la colonisation de vastes territoires en Afrique. Au XXe siècle, deux tendances s'affirment et se conjuguent : la romanisation des œuvres missionnaires (ainsi, l'œuvre de la Propagation de la foi quitte Lyon pour Rome en 1922) et la prise en main de l'apostolat par les Églises locales elles-mêmes.