assignats, (suite)
Tandis que les capitaux sont placés à l'étranger, l'assignat devient la seule monnaie en circulation. La masse de papier-monnaie, qui est de 3,7 milliards de livres en août 1793, passe à 5,5 milliards en juillet 1794, bien au-delà de la valeur des biens nationaux. L'hyperinflation est évitée de justesse grâce à des mesures dirigistes en 1792 et à la « terreur » financière en 1793 : interdictions de la vente du numéraire et du double affichage des prix, fermeture de la Bourse, contrôle des prix avec la loi du maximum... Mais les thermidoriens abandonnent les contrôles économiques durant l'hiver 1794-1795 et multiplient les émissions de billets. En février 1796, la masse de papier en circulation atteint les 34 milliards, et le billet de 100 livres ne vaut plus que 30 centimes en numéraire.
Le 30 pluviôse an IV (19 février 1796), l'assignat est supprimé, et la planche à billets, brisée. Cependant, pour éviter une brusque déflation, le Directoire crée les mandats territoriaux, des billets échangeables contre les assignats à raison d'un pour trente, un cours trop favorable à ces derniers. En quatre mois, les mandats, dont le cours forcé est abrogé le 15 germinal (4 avril), perdent toute valeur. Le 5 thermidor (23 juillet), la monnaie métallique est autorisée pour les transactions, et les mandats sont retirés de la circulation entre août et décembre 1796. Durant un an, le pays connaît une formidable déflation.
Et si les assignats et les mandats ont alimenté la crise économique et provoqué une situation sociale dramatique, l'État, pour sa part, a su tirer parti de la dépréciation monétaire pour réduire considérablement son endettement : un assainissement parachevé par la « banqueroute des deux tiers » en 1797. Cependant, les Français feront preuve d'une méfiance tenace à l'égard du papier-monnaie. Elle marquera tout le XIXe siècle.