Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Guise (maison de), (suite)

Après la mort d'Henri et de Louis, leur frère Charles de Lorraine, duc de Mayenne, assume la direction de la Ligue, mais fait sa soumission à Henri IV en 1595. La maison de Guise cesse alors de jouer un rôle de premier plan. Elle s'éteint à la fin du XVIIe siècle, et le duché de Guise passe aux Condé en 1704, avant d'échoir aux Orléans en 1832.

Guizot (François),

historien, penseur et homme politique (Nîmes 1787 - Val-Richer, Calvados, 1874).

Les années de formation intellectuelle et politique.

• Issu d'une famille d'ancienne bourgeoisie protestante, François Guizot a pour grands-pères un pasteur et un avoué ; son père, avocat engagé dans le mouvement fédéraliste nîmois pendant la Révolution, est guillotiné en 1794. La famille s'installe à Genève de 1799 à 1805. François Guizot y accomplit de solides études, avant de compléter sa formation à la faculté de droit de Paris. Sous l'Empire, il fréquente les milieux libéraux et s'essaie à la littérature, réussisant toutefois davantage dans des activités de traduction et de journalisme. Très tôt, les questions d'enseignement l'attirent ; à partir de 1811, il dirige aux côtés de Pauline de Meulan, qui devient sa femme, les Annales de l'Éducation. L'année suivante, il devient titulaire de la chaire d'histoire moderne à la faculté de lettres de Paris. C'est sous les deux Restaurations que commence pour lui une brillante carrière dans l'administration, au secrétariat général du ministère de l'Intérieur sur recommandation de Royer-Collard (1814), puis au secrétariat général du ministère de la Justice (1815).

Vers l'opposition.

• Hostile à la fois aux ultras et aux républicains, au droit divin comme à la souveraineté du peuple, Guizot défend le principe d'une monarchie constitutionnelle garantie par une charte. Il expose ses idées en 1816 (Du gouvernement représentatif et de l'état actuel de la France) et s'impose dans le groupe des Doctrinaires que forment avec lui Royer-Collard, Barante, Victor de Broglie et Serre. Entre 1816 et 1820, il occupe des postes à haute responsabilité - au Conseil d'État ou dans l'entourage direct de ministres influents - sauf quand l'arrivée au pouvoir des ultraroyalistes l'incite à des retraites volontaires. Il acquiert par ailleurs une connaissance remarquable des rouages administratifs du pays : Decazes le nomme en 1819 à la direction des affaires communales et départementales. C'est en 1820 qu'il rejoint les rangs de l'opposition, le régime bafouant à ses yeux les libertés fondamentales. Révoqué du Conseil d'État, il renoue avec l'Université, mais son cours sur « l'histoire des origines du gouvernement représentatif » est suspendu en 1822. Il en profite pour écrire quelques-uns de ses ouvrages majeurs, tels les premiers volumes de l'Histoire de la révolution d'Angleterre. Son influence s'exerce au Globe - le journal des Doctrinaires -, dans la société « Aide-toi, le ciel t'aidera », qu'il contribue à fonder en 1827, et dans plusieurs institutions protestantes. Il reprend ses cours à la Sorbonne en 1828 à la faveur de l'éphémère ministère Martignac. Élu député de l'arrondissement de Lisieux (janvier 1830), il mène un combat déterminé contre le ministère Polignac et dénonce vigoureusement les ordonnances de Juillet. Son rôle est décisif au lendemain des Trois Glorieuses, et l'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe, roi-citoyen, le comble d'aise.

La direction des affaires publiques.

• Selon Guizot, la Révolution commencée en 1789 s'achève en 1830. La monarchie de Juillet incarne l'ordre et la liberté ; toute opposition devient donc illégitime. Ministre de l'Intérieur de l'été à l'automne 1830, il supervise l'épuration du corps préfectoral et poursuit clubs et sociétés populaires. Puis il compte parmi les chefs du « parti de la Résistance », formé d'orléanistes conservateurs. De 1832 à 1837, malgré quelques interruptions, il est ministre de l'Instruction publique. À ce poste, il met en œuvre des réformes essentielles. La loi du 28 juin 1833, qui porte son nom, impose à chaque commune d'entretenir une école élémentaire laïque ou congréganiste, et, si elle compte plus de six mille habitants, une école primaire supérieure ; elle renforce la formation des maîtres en prévoyant une école normale par département. En outre, un puissant élan est donné à de grandes institutions (Académies, Commission des monuments historiques). Guizot est aussi très actif dans la vie parlementaire, se livrant avec Thiers, Barrot ou Molé à d'incessantes luttes d'influence qui fragilisent le régime jusqu'en 1840. Cette année-là, sa carrière connaît un tournant : ambassadeur à Londres depuis février, il devient en octobre ministre des Affaires étrangères dans le cabinet Soult. Le vieux maréchal lui abandonne la réalité du pouvoir. Des relations cordiales entre Paris et Londres garantissent la paix en Europe, tandis que, dès juillet 1841, la convention des Détroits marque le retour de la France dans les relations internationales. À l'intérieur, Guizot impose l'idée de la succession dynastique et repousse les attaques des partisans d'un élargissement du suffrage. Il mène alors une politique économique volontariste - « Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne » - qui contribue à la modernisation du pays. Pourtant, le système de Guizot finit par se gripper : plusieurs initiatives françaises compromettent l'entente franco-britannique - affaire des « mariages espagnols » (l'union de l'infante Fernanda avec un fils de Louis-Philippe fait craindre à Londres que le trône d'Espagne ne revienne un jour à un prince français) ; rapprochement avec le chancelier autrichien Metternich -, tandis que les scandales Teste-Cubières ou Choiseul-Praslin ternissent l'image du régime. Enfin, dans un contexte économique qui se dégrade à partir de 1847, les oppositions politiques se font plus pressantes. Président du Conseil en octobre 1847, Guizot devient très impopulaire ; il est débordé par la « campagne des banquets » qui se développe durant l'hiver 1847-1848 et doit capituler lors des événements de février 1848. Le 23, Louis-Philippe accepte sa démission.