Bloc national, (suite)
Assurer la pacification religieuse, permettre le redressement du pays par l'exécution des traités, et notamment le paiement des réparations allemandes, sans alourdir la charge pesant sur les contribuables français, lutter contre la « subversion » révolutionnaire, tels étaient les principaux objectifs de la Chambre bleu horizon : force est de reconnaître qu'ils furent inégalement atteints, sauf le troisième, la grande vague de grèves révolutionnaires du printemps de 1920 se soldant par un échec total. La reprise des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, en 1921, aboutit à une amélioration des rapports entre l'Église et l'État, nettement avantageuse pour les deux parties ; elle provoque toutefois le mécontentement d'intransigeants de droite, devant le refus de l'État républicain de revenir sur l'intangibilité des lois laïques, mais aussi l'irritation des anticléricaux. En politique extérieure, l'échec est patent : l'occupation de la Ruhr, décidée en janvier 1923 pour contraindre l'Allemagne au paiement des réparations, se solde par un fiasco, obligeant le gouvernement à une augmentation générale des impôts à la veille des élections de 1924.
En réalité, plusieurs facteurs n'ont cessé de contribuer à affaiblir l'action des gouvernements du Bloc national : l'absence d'une majorité homogène, le décalage entre la majorité et les gouvernements, les illusions de l'opinion. L'analyse des scrutins révèle, en effet, l'existence de plusieurs types de majorités, souvent axées à droite (question religieuse) ou parfois orientées vers un rassemblement plus large (politique extérieure). Les chefs du gouvernement, exclusivement choisis dans le vivier d'avant-guerre (Millerand, Briand, Poincaré), se situent au centre et sont soucieux de se démarquer des bataillons de la droite catholique et nationaliste en s'appuyant sur les radicaux. Enfin, l'opinion ne comprend que tardivement et imparfaitement le caractère illusoire des clauses économiques du traité de Versailles, l'affaiblissement du pays, victorieux mais exsangue, et les risques considérables d'une situation d'isolement international.