Praguerie (la),
nom donné à la révolte des princes menée contre le roi Charles VII en 1440.
Elle fut qualifiée de « Praguerie » par allusion aux guerres hussites de Bohême. À l'origine de cette révolte se trouve le mécontentement suscité par l'ordonnance royale du 2 novembre 1439. Par ce texte rédigé à la suite de la réunion des trois états à Orléans, Charles VII entend mettre un terme aux abus des écorcheurs et des gens d'armes en réformant le recrutement de l'armée. Son objectif est que, désormais, les chefs de guerre soient uniquement désignés par le pouvoir royal. Mais l'application de l'ordonnance se heurte à l'opposition des principaux princes du royaume, qui ont recours aux services des chefs de bandes et qui n'entendent pas laisser au roi et à son principal conseiller, Richemont, le monopole du recrutement des troupes. Parmi les mécontents se trouvent Charles Ier, duc de Bourbon, Jean V, duc de Bretagne, Jean II, duc d'Alençon, Jean IV, comte d'Armagnac, auxquels se joignent Dunois et La Trémoille. Le dauphin, le futur Louis XI, chargé par son père de faire appliquer la réforme en Poitou, rallie les conjurés. Dès lors, l'objectif est de mettre Charles VII en tutelle et de confier au dauphin le pouvoir. Pour y parvenir, le duc d'Alençon prend même contact avec les Anglais.
Face à la menace que représente pour lui cette coalition, Charles VII réagit fermement et rapidement. Il envoie d'abord une armée en Poitou, où se trouvent les coalisés : à la mi-avril, les places de Saint-Maixent, Melle et Niort sont reprises. Il dirige ensuite son offensive contre le Bourbonnais, le Forez et l'Auvergne, où les conjurés se sont repliés. En juillet, le duc de Bourbon et le dauphin sont contraints d'accepter la paix de Cusset. Le roi se montre alors indulgent en accordant son pardon à la plupart des ligueurs. Mais, dès l'année suivante, ces derniers recommencent à comploter. Philippe le Bon et Charles d'Orléans - ce dernier rentré de vingt-cinq ans de captivité - prennent part à cette nouvelle alliance. En mars 1442, ils se réunissent à Nevers avec le duc de Bourbon, les comtes d'Angoulême et de Vendôme ainsi que d'autres grands seigneurs. Habilement, Charles VII, qui n'a pas été convié à l'assemblée, envoie deux commissaires, Regnault de Chartres et Martin Gouge, qui savent répondre aux demandes formulées par les princes. La coalition se disloque alors et, en 1445, Charles VII peut procéder à la réforme de l'armée en créant les compagnies d'ordonnance.
prairial an III (journées de),
dernières journées révolutionnaires parisiennes les 20 et 21 mai 1795.
À la suite de l'échec de l'insurrection de germinal (1er et 2 mai 1795), la répression s'abat sur les sans-culottes parisiens. Mais la terrible famine qui sévit en cet an III pousse le peuple à réclamer de nouveau « du pain et la Constitution de 93 ». Des pamphlets circulent, dont l'un - daté du 30 floréal et rédigé par un militant incarcéré - appelle à l'insurrection pour le lendemain. Le 1er prairial (20 mai 1795), le peuple des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau s'assemble en armes et envahit la Convention dans l'après-midi. S'ensuit alors un épisode confus, pendant lequel les émeutiers, privés de direction, massacrent le député Féraud et exigent des mesures pour assurer le ravitaillement en pain et l'application de la Constitution de 1793. Le soir, les derniers députés montagnards font adopter des décrets favorables aux insurgés. Pendant ce temps, les comités organisent une force armée, qui parvient à faire évacuer l'Assemblée. La Convention s'empresse de mettre en accusation ceux de ses membres qui se sont solidarisés avec l'émeute. Le lendemain, 2 prairial, les sans-culottes relancent l'insurrection, mais ils se laissent berner par les promesses des députés. Les 3 et 4 prairial, la Convention reprend le contrôle des faubourgs grâce à 20 000 hommes armés. La répression est confiée à une commission militaire, qui prononce 36 condamnations à mort, dont celles de 6 députés montagnards (les « martyrs de prairial »), qui tentent de se suicider en un dernier geste de défi. La répression touche tout le personnel sectionnaire, c'est-à-dire les cadres militants de la sans-culotterie. Le mouvement populaire est désormais impuissant et désarmé.
prairial an VII (coup d'État du 30),
nom donné à la journée parlementaire du 18 juin 1799, qui s'achève par une réaction antijacobine.
En avril 1799 se déroulent de nouvelles élections, dans un climat extrêmement tendu et peu favorable au second Directoire, qui est accusé d'avoir provoqué la reprise des hostilités et de permettre ainsi le triomphe de la Contre-Révolution. De nombreux parlementaires laissent entendre leur désaffection à l'égard du régime. Si les élections expriment une défaite de l'équipe dirigeante, elles ne sont pas pour autant une victoire des jacobins, mais ceux-ci font alliance avec les thermidoriens pour renverser le pouvoir exécutif. Le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens s'emploient dès lors à obtenir la démission des directeurs, désignés comme responsables des défaites militaires et accusés de corruption. Le 27 floréal (16 mai), ils élisent Sieyès en remplacement de Reubell. Le 29 prairial, Treilhard, ancien conventionnel, est obligé de quitter son poste après que son élection eut été invalidée. Le 30, accusés d'avoir préparé un coup d'État, La Revellière-Lépeaux et Merlin doivent se résoudre à démissionner. Sont nommés à leur place Roger-Ducos, ami de Sieyès, et Moulin, obscur général jacobin, tandis que les portefeuilles ministériels sont redistribués. La liberté de la presse est rétablie et les clubs ouvrent de nouveau. Les Conseils ont ainsi réaffirmé leur autorité face au pouvoir exécutif, mais Sieyès est le véritable vainqueur de cette journée alors que Barras en sort isolé.
précaire,
concession temporaire d'une terre d'Église à un laïc, effectuée sur ordre du roi et donnant lieu au versement d'une redevance.
La précaire apparaît au milieu du VIIIe siècle et constitue un expédient destiné à permettre la « mobilisation » des biens ecclésiastiques par la royauté.