premier en date des journaux français de conception moderne, fondé par Théophraste Renaudot.
Il paraît du 30 mai 1631 au 15 septembre 1915, avec une périodicité hebdomadaire, puis bihebdomadaire à partir de 1761, et enfin quotidienne à partir de 1792.
Si la Gazette (c'est son titre originel) n'est pas la plus ancienne des « feuilles volantes », elle assoit, au XVIIe siècle, une production périodique jusque-là très instable et marque, de ce fait, l'histoire de la presse française. Fidèle soutien du pouvoir politique jusqu'à la révolution de 1830, elle est, dès sa fondation, un instrument de propagande entre les mains du cardinal de Richelieu et de Louis XIII, qui lui prêtent parfois leur plume. Ce recueil de nouvelles, en majorité étrangères, bénéficie alors d'informations de première main et rencontre d'emblée un grand succès, tant en France qu'en Europe, malgré une présentation austère, proche de celle du livre. Cependant, son monopole - elle jouit du « privilège exclusif » de l'information politique - élimine la concurrence et retarde longtemps l'apparition en France d'une presse politique digne de ce nom.
Après la mort de Renaudot (1653), qui était doué d'un certain talent journalistique, la Gazette devient une véritable institution, entièrement soumise à Louis XIV, dont elle célèbre le culte. Son contenu étant devenue insipide, elle commence à subir la concurrence d'autres périodiques plus libres et plus hardis, notamment des gazettes hollandaises - de langue française -, souvent passées en contrebande. Pour combattre l'influence de celles-ci, le ministère des Affaires étrangères acquiert le privilège de la Gazette en 1761. Le journal est réorganisé et prend, l'année suivante, le titre de Gazette de France. Toutefois, le ministère, qui l'exploite en régie directe ou l'afferme, ne parvient pas à en enrayer le déclin, d'autant que le monopole est peu à peu écorné.
Sous la Révolution, laquelle met un terme définitif au privilège et voit fleurir des centaines de journaux, elle garde un ton neutre, mais, en avril 1792, elle passe sous la coupe des girondins qui accèdent au ministère. Sa parution est un temps interrompue après la chute de la Gironde en juin 1793. Censurée comme l'ensemble de la presse, elle échappe, durant le Consulat et l'Empire, aux décrets successifs qui suppriment la plupart des journaux politiques. Napoléon espère en effet séduire les lecteurs conservateurs de ce journal très lu en province. Ultraroyaliste à la Restauration, légitimiste après 1830, elle est vendue à un particulier en 1827, et perd de son influence au gré du développement de la presse. D'un monarchisme réservé sous le Second Empire comme sous la IIIe République, cette vieille feuille fait pâle figure devant le militantisme de la revue de l'Action française (fondée en 1899) et s'oppose à Charles Maurras, qui a brièvement collaboré à sa rédaction. Elle disparaît au cours de la Première Guerre mondiale, faute de lecteurs.