Louis VI le Gros, (suite)
L'affirmation de la monarchie.
• En la personne de Suger (1081-1151), abbé de Saint-Denis, Louis VI trouve un administrateur hors pair, dont il fait son principal conseiller politique, après avoir subi l'emprise du sénéchal Étienne de Garlande. Louis VI se consacre alors à la pacification du domaine royal, puis à son agrandissement. En 1110, il défait son propre demi-frère Philippe de Montlhéry, puis Hugues du Puiset, l'année suivante, et de nombreux autres seigneurs, notamment Hugues de Crécy et Thomas de Marle, sire de Coucy, en 1130. Il rattache alors leurs terres au domaine royal. Jointes à une habile politique matrimoniale ainsi qu'à une application du droit féodal, ou encore à l'achat de terres, ces conquêtes militaires permettent de soumettre progressivement les seigneurs insurgés d'Île-de-France.
En même temps qu'il affermit son autorité sur le domaine royal, Louis VI sait jouer des forces économiques nouvelles et de l'accélération de la croissance urbaine pour faire reculer l'autorité féodale exercée sur les villes. Il tente ainsi de limiter le pouvoir des seigneurs en encourageant le mouvement communal sur les fiefs de ses vassaux. La création de communautés rurales (telle celle de Lorris, en Gâtinais) participe de la même volonté de se soustraire aux solidarités juridiques de la féodalité.
Rivalités et conflits.
• Au-delà du domaine royal, Louis VI s'emploie encore à exercer la justice royale dans les grands fiefs seigneuriaux. Il exige l'hommage de ses vassaux et réussit ainsi à soumettre les ducs d'Aquitaine et de Bourgogne. Grâce à l'aide de ses vassaux, il peut, en 1124, faire reculer l'empereur germanique Henri V, gendre et allié d'Henri Ier d'Angleterre, qui s'apprête à envahir le royaume. Mais il doit aussi faire face aux prétentions de certaines principautés et, notamment, aux revendications territoriales de son vassal Henri Ier Beauclerc, duc de Normandie et roi d'Angleterre. À partir de 1109, la rivalité qui oppose ce dernier au roi de France s'épuise en guerres incessantes. Marquées par de graves défaites (abandon du Vexin normand, à Brémule, le 20 août 1119), celles-ci durent pendant plus de vingt cinq ans. Ce conflit est ravivé par le soutien qu'apporte le roi aux prétentions de Robert II Courteheuse - dépouillé de la Normandie par son frère Henri Ier - puis, à partir de 1120, de son fils Guillaume Cliton au trône d'Angleterre. Mais Louis VI ne réussit pas davantage à imposer ce dernier en Flandre. S'il a tenté une première fois de mettre en échec la coalition qui se dessine entre l'Empire, l'Angleterre, la Normandie et les maisons alliées de Blois et de Champagne, il doit faire face, en 1127, à une seconde menace : l'alliance entre l'Angleterre, la Normandie, la Flandre et l'Anjou. Pour écarter le péril que représente la maison de Blois-Champagne, Louis VI associe au trône, dès 1129, son fils aîné, Philippe, qui meurt accidentellement le 13 octobre 1131, puis son deuxième fils, le futur Louis VII, en 1131.
À la fin du règne de Louis VI, le domaine royal s'étend de l'Île-de-France aux Pyrénées (par le mariage du futur Louis VII avec l'unique héritière du duc d'Aquitaine). La fonction royale commence à s'affirmer comme symbole de l'autorité souveraine, théorisée par Suger dans sa Vie de Louis VI le Gros.