missionnaire fondateur d'ordre (Pouy, aujourd'hui Saint-Vincent-de-Paul, Landes, 1581 - Paris 1660).
Issu d'une famille de paysans pauvres, il peut, grâce à la protection du juge local, étudier au collège des cordeliers de Dax. Ordonné prêtre en 1600, il est d'abord pèlerin à Rome, puis étudiant en théologie à Toulouse, en quête d'un bénéfice pour s'établir. Enlevé par des pirates, il aurait même été esclave à Tunis, mais le fait n'est pas prouvé. Monté à Paris en 1608, il s'insinue dans l'entourage de Marguerite de Valois, « la Reine Margot », dont il devient aumônier (1610), et reçoit une petite abbaye. Il fréquente les milieux dévots, rencontre Bérulle, qui lui obtient la cure de Clichy (1612). Devenu précepteur dans la riche famille des Gondi (1613), il redécouvre sur leurs terres picardes la pauvreté paysanne, matérielle et spirituelle. Une conversion se fait en lui, qui le pousse, en 1617, à s'installer dans la misérable cure de Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Dombes ; il y édifie ses paroissiens par son zèle vertueux. Revenu à Paris, nommé en 1619 aumônier général des galères, il mène une vie consacrée à la charité et à l'activité missionnaire : rechristianiser le peuple n'est possible qu'à travers le secours aux plus démunis. En 1625, il fonde la Société des Prêtres de la Mission, dits « lazaristes » parce qu'ils s'installent en 1633 au prieuré Saint-Lazare, à Paris. Cette congrégation veut former des prêtres dans l'esprit tridentin ; chaque mardi se tiennent à Saint-Lazare des conférences spirituelles très prisées des clercs parisiens. Les lazaristes ouvrent des séminaires, prêchent l'exemple, assurent plusieurs centaines de missions, en France, en Pologne et jusqu'à Madagascar. Parallèlement, Vincent de Paul mobilise les laïcs à des fins charitables. Avec Louise de Marillac et la protection de dévotes de la haute société, il fonde en 1633 les Filles de la Charité, dont le costume gris devient vite familier aux pauvres. Dans la collecte des dons ou pour l'œuvre des Enfants trouvés, qu'il crée en 1638, il s'appuie sur les réseaux dévots, telle la Compagnie du Saint-Sacrement : il est particulièrement actif pour alléger les misères lors des troubles de la Fronde. « Monsieur Vincent » jouit d'un grand prestige, sauf auprès des jansénistes, qu'il combat. Anne d'Autriche en fait son directeur de conscience et le nomme au Conseil de conscience (1643), institution qui règle les affaires ecclésiastiques.