Chirac (Jacques), (suite)
La dernière ligne droite.
• Il montrera, pourtant, une indéniable capacité de rebond. D'abord, en conservant - malgré les frondes successives des « rénovateurs » en 1989, de Charles Pasqua et de Philippe Séguin à partir de l'année suivante - le contrôle de son parti ; ensuite, en faisant de celui-ci l'instrument de la confortable victoire aux élections législatives de 1993. Au lendemain de cette dernière, la plupart des observateurs prédisent à Jacques Chirac un succès à la présidentielle de 1995. Un parcours politique de trente ans semble enfin toucher au but. Mais c'est alors qu'un « ami de trente ans » va peut-être anéantir les espoirs du chef de file du RPR. Édouard Balladur, en effet, nommé Premier ministre après la victoire aux législatives, acquiert rapidement une forte popularité dans les sondages, au point d'apparaître bientôt comme le probable vainqueur à la prochaine élection présidentielle. À nouveau, Jacques Chirac semble échouer près du but. Avec, il est vrai, une mue qui s'opère alors en profondeur, et sera vraisemblablement décisive lors de l'affrontement final : l'homme qui, à tort ou à raison, apparaissait jusqu'alors à nombre de ses concitoyens comme un haut fonctionnaire autoritaire et un politicien prompt à la manœuvre gagne, durant ces années de relatif isolement, en densité humaine.
La suite est connue. Resté loin derrière dans les sondages, il annonce sa candidature en novembre 1994, sans susciter, dans un premier temps, de mouvement de fond. Plaçant sa campagne sous le signe de « l'autre politique », stigmatisant « la pensée unique », dénonçant le risque de « fracture sociale », appelant à renouer « le pacte républicain », il multiplie les promesses - que ses adversaires jugeront inconsidérées ou contradictoires -, et parvient, deux mois avant le premier tour, à inverser la tendance des sondages. Et c'est lui qui, finalement, figure devant Édouard Balladur au soir du premier tour, les deux hommes obtenant respectivement 20,84 % et 18,58 % des suffrages exprimés. Quinze jours plus tard, le 7 mai, il devance Lionel Jospin de plus de 1,5 million de voix, rassemblant sur son nom 52,64 % des suffrages. Le gaullisme, vingt et un ans après l'échec de Jacques Chaban-Delmas en 1974, retrouve le chemin de l'Élysée.
Son septennat est marqué en 1997 par une dissolution malheureuse de l'Assemblée nationale qui voit la victoire de la « gauche plurielle » et l'arrivée à Matignon du socialiste Lionel Jospin.
Cette cohabitation contraint le président à un rôle d'opposant, faisant entendre sa différence sur les grands chantiers de la gauche, telles que les trente-cinq heures. Une telle opposition s'achève lors de l'élection présidentielle de 2002 par la défaite de Lionel Jospin, dès le premier tour. Au second tour, Jacques Chirac, qui a mené une campagne sur le thème de la sécurité, devance avec 82,21% le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen.