épuration, (suite)
Enjeux et controverses.
• Guerre franco-française, l'épuration a suscité de nombreuses polémiques. Ses mécanismes et son ampleur étant à présent mieux connus, certaines conclusions s'imposent. La frontière entre l'épuration sauvage et l'épuration légale n'est pas toujours franche : les juges sont souvent les mêmes, le degré de légalité de certaines juridictions militaires reste mal établi, et les officiants de l'épuration légale ont souvent ajusté leur attitude en fonction de la faiblesse ou, au contraire, de la sévérité de l'épuration sauvage dans une région ou un secteur. En comparaison avec les autres pays d'Europe occupés, la France a davantage recouru à l'exécution, mais moins à la prison ; elle est la seule nation occidentale, avec l'Italie, a avoir connu une épuration extrajudiciaire, dont le nombre des victimes reste néanmoins nettement inférieur à celui des pays déchirés par une véritable guerre civile. Si l'épuration a bien été un « phénomène social majeur » (Henry Rousso), elle n'en a pas moins été inégale dans le temps - la durée profitant aux accusés -, selon les régions ou les conditions sociales et les professions - les ouvriers et les paysans ayant été plus sévèrement condamnés que les classes moyennes et les élites. Surtout, la participation française à la « solution finale » n'a pas été sanctionnée en tant que telle à la Libération : cet « oubli » n'a été réparé qu'en 1979, lors de la première inculpation pour crimes contre l'humanité d'un haut fonctionnaire de Vichy, Jean Leguay, suivie ensuite par celles de René Bousquet et de Maurice Papon.