Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Barnenez (tumulus de),

monument funéraire mégalithique datant du IVe millénaire avant J.-C. situé à Barnenez, lieu-dit de la commune de Plouézoch (Finistère).

Édifié sur la presqu'île de Kernelehen, dominant la baie de Morlaix et ses îles, il se présente comme un tertre, grossièrement quadrangulaire et étagé en gradins, fait de pierres sèches rapportées. Il est long de 70 mètres et large de 25 mètres ; son volume total est de 7 000 mètres cubes, et son poids de 14 000 tonnes. D'orientation est-ouest, il fut construit en deux parties : la plus ancienne, à l'est, recouvre cinq chambres funéraires ; la seconde, six. Utilisé comme carrière de pierres dans les années cinquante, il fut sauvé in extremis et restauré.

Les chambres funéraires s'ouvrent toutes par un long et étroit couloir débouchant sur le côté sud du monument. De forme circulaire, certaines ont une couverture en grosses dalles de pierre - on parle alors de « dolmen à couloir » ; d'autres ont une voûte en encorbellement en simples pierres sèches - on parle de « tholos ». Certaines comportent des gravures : représentations humaines, haches, arcs, bovidés. Le mobilier funéraire est peu abondant, et la poterie la plus ancienne est dite « de type Carn », du nom de l'île Carn. On trouve aussi de la céramique néolithique chasséenne, à fin décor gravé. Le monument a cependant été réoccupé ultérieurement, si bien qu'on a pu mettre au jour des vestiges de la fin du néolithique, du chalcolithique (campaniforme) ou de l'âge du bronze ancien. Il a donc été utilisé pendant deux mille ans.

baron,

terme féodal désignant, à partir du XIIe siècle environ, un puissant seigneur.

Parallèlement au renforcement de la noblesse guerrière, le mot « baron » a subi, durant le Moyen Âge, de nombreux glissements de sens. Désignant à l'origine l'homme (par opposition à la femme), le terme de « baron » signifie, depuis l'époque mérovingienne, « serviteur ». Cette évolution est donc parallèle à celle qui affecte le terme de « vassal », expression également réservée à l'aristocratie militaire. Après l'an mil, certains chevaliers se disent barons, et le vocable recouvre alors celui de « fidèle ». Ces sens primitifs (hommes virils et braves, fidèles à leur seigneur) demeurent dans la littérature médiévale (et en particulier dans la chanson de geste) : les barons sont ces chevaliers valeureux et loyaux qui entourent le roi à la cour et à la guerre.

Le terme de « baron » désigne ainsi plus un certain idéal de la société aristocratique qu'un groupe nobiliaire clairement délimité. Lorsque, dans la seconde moitié du XIIe siècle, les actes de la chancellerie royale évoquent le conseil des « barons du royaume », c'est à cette idéologie féodale qu'ils se réfèrent. Pourtant, on sait que la réalité des rapports de pouvoir au Moyen Âge est souvent fort éloignée de l'image rêvée d'une noblesse unie dans la fidélité envers la personne royale. Et le mot finit par désigner, dès le XIIIe siècle, les grands du royaume, souvent prompts à défendre leurs intérêts au sein du gouvernement royal : depuis le règne de Saint Louis, les « révoltes des barons » scandent régulièrement l'histoire politique française.

Pourtant, les princes territoriaux, vassaux directs du roi, ne sont pas les seuls à se faire appeler « barons ». Il n'est pas rare que leurs propres vassaux prétendent également à ce titre. S'il est intégré à la hiérarchie féodale, le baron y occupe donc une place flottante et mal définie ; et il est bien difficile de distinguer, au sein de la noblesse française, ceux qui sont barons de ceux qui ne le sont pas. Il en va de même pour le terme de « baronnie », qui désigne des seigneuries remarquables par leur ancienneté (c'est le cas des baronnies du Périgord) ou par leur puissance (telle la baronnie de Marigny, depuis 1313). À partir du XIVe siècle, le titre baronnial devient purement honorifique et n'a presque plus de réalité politique.

baroque.

Employé en histoire de l'art et de la musique, plus récemment en histoire de la littérature, voire en histoire générale, dans les acceptions les plus différentes, souvent contradictoires (selon les emplois, le terme est antonyme ou synonyme de classique), le mot, entré dans l'usage courant, est aujourd'hui plus gênant qu'utile.

L'historien devrait renoncer à employer cette pseudo-notion, qui, si elle peut être un objet de l'histoire, ne saurait être un outil historiographique. Une analyse complète du mot et de ses emplois supposerait un volume entier, puisque depuis un siècle chaque auteur en a donné sa définition ; dans le cadre de cet article, nous ne pouvons qu'offrir quelques repères. Cet effort de clarification lui-même n'est pas sans risque, car le baroque est comme une rumeur : l'évoquer, c'est l'entretenir.

L'adjectif « baroque » est, au sens propre, un terme technique, emprunté au portugais barroco (1563)  : « Terme de joaillier, qui ne se dit que des perles qui ne sont pas parfaitement rondes » (Dictionnaire de Furetière, 1690). Le mot prend bientôt le sens figuré de « bizarre », « irrégulier » (Saint-Simon, 1711 ; Dictionnaire de l'Académie, 1740), le seul connu encore de Littré (1877). Il n'est pas lié spécifiquement au monde des arts, mais il peut y être employé occasionnellement pour désigner en peinture, architecture, musique... toutes expressions bizarres ou dissonantes.

« Baroque est tout ce qui suit non les normes des proportions, mais le caprice de l'artiste. Dans les peintures de Tintoret, il y a toujours quelque chose d'étrange et d'insolite, il s'y trouve toujours quelque chose de baroque » (Pernety, Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure, 1757). Même lorsque l'emploi du mot paraît recouper l'usage moderne, il convient de se rappeler qu'il n'a encore que le sens général d'irrégulier. Dans le Supplément à l'Encyclopédie (1776), Jean-Jacques Rousseau entend par musique baroque la musique « dont l'harmonie est confuse, chargée de modulations et de dissonances » ; lorsque, dans l'Encyclopédie méthodique de l'architecture (1788), Quatremère de Quincy définit « le baroque en architecture » comme « une nuance du bizarre », son expression ne coïncide que par hasard avec l'emploi contemporain du mot, puisqu'il oppose le style baroque de Guarini au style régulier du Bernin et de Mansart, que l'on qualifie aujourd'hui de baroque.