au Moyen Âge et jusqu'à l'époque moderne, acte par lequel un vassal déclare tenir un fief de son seigneur et en décrit le contenu.
L'aveu et dénombrement appartient au système des relations vassaliques : il se développe à mesure que se structure le droit féodal. La genèse en est la suivante : l'hommage et le serment de fidélité du vassal sont suivis de l'« investiture », par laquelle le seigneur remet le fief, bien concédé en échange. Dès l'origine, cette opération revêt un aspect formel, symbolisé, lorsque le bien est une terre, par la remise d'un fétu de paille, puis par la « montrée » du fief, c'est-à-dire la chevauchée jusqu'au domaine concerné. À partir du XIIe siècle va s'ajouter, puis se substituer, à cette manifestation la rédaction d'un écrit faisant l'inventaire du fief. Cette procédure, obligatoire au XIIIe siècle, devient peu à peu l'acte essentiel, le socle même du contrat vassalique.
La description gagne bientôt en précision, surtout lorsque s'établissent l'hérédité et la « patrimonialité » des fiefs : pour rappeler et préserver ses droits, le seigneur exige de tout nouvel acquéreur un aveu et dénombrement, au plus tard quarante jours après l'hommage et la foi. À défaut, il est en droit de faire saisir le fief. Il bénéficie lui-même d'un délai - quarante jours à Paris, trente ans dans le Midi - pour approuver ou amender la description rédigée par le vassal.
Au fil du temps, la procédure évolue : d'abord établi devant témoins et revêtu du sceau authentique, l'aveu et dénombrement devient un acte notarié, rédigé sur parchemin. À partir du XVe siècle, le formalisme est encore accentué pour les fiefs mouvants de la couronne : les actes doivent être présentés par les vassaux aux baillis et sénéchaux (XVe siècle), puis aux trésoriers de France (fin du XVe et XVIe siècle), et vérifiés par les bureaux de finance et les chambres des comptes. La publicité en est ainsi assurée.
L'aveu et dénombrement, élément de la construction féodale, subit donc peu à peu l'emprise de l'administration, fer de lance d'un pouvoir royal qui étend ses prérogatives.