Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
S

Simon (Jules François Suisse, dit Jules), (suite)

Devenu sénateur inamovible en 1875 - année où il est élu à l'Académie française -, Jules Simon se veut à la fois républicain et conservateur. En décembre 1876, il est appelé par le président Mac-Mahon à former le nouveau ministère, mais est rapidement contraint à la démission par ce dernier, qui lui reproche de ne pas contrôler suffisamment la Chambre des députés, où les républicains sont désormais majoritaires : ainsi s'ouvre la crise dite « du 16 mai 1877 ». Écarté du pouvoir exécutif, Jules Simon retrouve son siège au Sénat, où il lutte, à partir de 1879, contre le projet de Jules Ferry d'exclure de l'enseignement supérieur les congrégations non autorisées, combat le projet d'amnistie des communards défendu par Victor Hugo, s'oppose à la loi qui légalise le divorce en 1884. Sa fidélité à la République libérale le conduit à dénoncer le boulangisme (Souviens-toi du 2 Décembre, 1889).

SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance),

rémunération minimale des salariés travaillant dans un secteur de droit privé.

En janvier 1970, le SMIC remplace le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), créé par la loi du 11 février 1950. Considéré comme un minimum vital, le SMIG avait été maintenu bas pour éviter une spirale inflationniste, et avait augmenté moins vite que le salaire horaire ouvrier moyen, avant d'être revalorisé lors des accords de Grenelle en 1968, et d'être transformé en SMIC en 1970, à l'instigation du président Pompidou. Ce nouveau salaire minimum s'applique à toutes les branches d'activité, à l'exception des administrations et des entreprises publiques, dont le personnel bénéficie d'un statut particulier. L'évolution des plus bas salaires est dorénavant conditionnée à la fois par l'indice des prix calculé par l'INSEE et par l'évolution du pouvoir d'achat du salaire moyen ouvrier : fixé par le gouvernement chaque année, avec effet au 1er juillet, il est revalorisé automatiquement en cours d'année chaque fois que l'indice des prix à la consommation enregistre une hausse d'au moins 2 %. Le SMIC constitue un instrument de politique économique et sociale car son évolution détermine la progression de l'ensemble des bas salaires et contribue à limiter les disparités au bas de l'échelle des rémunérations. Défendu par les économistes keynésiens - car il est censé soutenir la consommation (la demande) -, il est mis en cause régulièrement par les économistes libéraux et par l'OCDE, pour lesquels il serait une entrave à la liberté des salaires et à la flexibilité du travail, voire un obstacle à la compétitivité des entreprises confrontées à la concurrence internationale.

Au 1er janvier 2004, environ 3 millions de personnes sont payées au SMIC. La proportion de « smicards » est beaucoup plus forte dans les petites entreprises que dans les grandes (treize fois plus dans les établissements de 1 à 9 salariés que dans ceux de 500 salariés et plus), et elle est particulièrement élevée dans le secteur de l'hôtellerie-restauration (40 % des salariés de cette branche) ; de même les femmes (16,5 %, contre 7,5 % des hommes) et, plus encore, les jeunes de moins de 26 ans (33,5 %) sont surreprésentés parmi les salariés rémunérés au SMIC.

socialisme.

Le socialisme français prend place dans le mouvement d'ensemble né au XIXe siècle qui a dénoncé le capitalisme et voulu assurer une répartition plus égale des richesses.

Les premières idées socialistes proprement dites apparaissent dans les années 1830. Les théoriciens du socialisme utopique - Saint-Simon, Fourier, Leroux, Proudhon... - définissent des projets, forts différents, d'organisation de l'économie et de la société, qui, tous, s'opposent au libéralisme. Mais les luttes sociales et les luttes politiques se mêlent pendant plusieurs décennies. Il faut attendre la fin des années 1870 pour que prennent corps les premiers partis socialistes, et les années 1890 pour que ceux-ci remportent leurs premiers succès électoraux. La force de l'idée républicaine, qui impose alors les principaux clivages entre la gauche et la droite, et la faiblesse relative de la classe ouvrière, dans une France majoritairement rurale où l'industrialisation est lente, expliquent la double impossibilité dans laquelle s'est trouvé le socialisme naissant : rompre nettement avec les républicains pour promouvoir un intérêt social propre, ou s'identifier pleinement à la République. Ses caractères originaux en découlent : division en courants idéologiques distincts ; influence doctrinale, notamment le marxisme, jusque dans les années 1970, comme point discriminant ; insuffisance organisationnelle ; faible liaison avec le syndicalisme ; importance de l'implantation municipale et des élus ; rôle clé des dirigeants, qui ont dû toujours chercher une « synthèse ». Ces traits visibles à la fin du XIXe siècle perdurent, pour la plupart, jusqu'à aujourd'hui.

Réforme ou révolution ?

• La participation du socialiste indépendant Alexandre Millerand dans le gouvernement de « défense républicaine » de Waldeck-Rousseau (1899-1901) fait éclater le premier regroupement des partis socialistes en 1901. Deux orientations s'opposent alors : celle du Parti socialiste de France, autour de Jules Guesde mais aussi d'Édouard Vaillant, héritier du blanquisme, qui se veut révolutionnaire, fidèle au marxisme, et condamne le « ministérialisme » ; celle du Parti socialiste français, autour de Jean Jaurès, qui soutient le Bloc des gauches et entend unir les valeurs de la République et du socialisme. Le compromis, imposé par l'Internationale socialiste, qui permet l'unité de 1905, amène la nouvelle Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) à adopter une déclaration de principe marxiste qui privilégie la lutte des classes et qui se donne pour finalité la socialisation des moyens de production et d'échange. Les controverses demeurent vives sur la question du pouvoir, sur la place des réformes, sur le rôle du syndicalisme, sur les moyens de lutter contre les menaces de guerre. Jean Jaurès, cependant, impose peu à peu son ascendant et prône une synthèse entre les idées de réforme et de révolution, entre le patriotisme et l'internationalisme. Ce socialisme s'avère plus adapté que celui des marxistes intransigeants à un électorat composite où se côtoient ouvriers, paysans, fonctionnaires et intellectuels. À la veillle de la Première Guerre mondiale, le socialisme devient une force notable. Un rapprochement s'esquisse avec la CGT, la centrale syndicaliste révolutionnaire, dans la lutte contre la loi des trois ans (service militaire).