Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Brune (Guillaume Marie Anne),

maréchal d'Empire (Brive-la-Gaillarde, Corrèze, 1763 - Avignon, Vaucluse, 1815).

C'est la Révolution qui transforme en soldat ce fils d'avocat monté à Paris par ambition artistique. Militant cordelier, volontaire national en 1791, il devient général en 1793. Sous les ordres de Bonaparte, il participe en 1795 à la répression de la journée du 13 vendémiaire, puis rejoint l'armée d'Italie en 1797. Dès lors, ses qualités militaires et diplomatiques lui valent de nombreuses missions, qu'il remplit brillamment. Mais ses convictions républicaines et jacobines dérangent le pouvoir politique. Commandant l'armée d'Italie en 1798, il est rappelé par le Directoire pour avoir soutenu les jacobins italiens. Cependant, à la tête de l'armée de Hollande l'année suivante, il met à mal la seconde coalition en remportant la victoire de Bergen. Hostile au coup d'État du 18 brumaire, il est envoyé en Vendée, où il parvient à convaincre les chouans de déposer les armes, puis en Italie, où il est à nouveau victorieux à Vérone (3 janvier 1801). Nommé au Conseil d'État en 1801, il doit quitter Paris pour prendre un poste d'ambassadeur en Turquie (1802-1804). Même s'il est fait maréchal d'Empire en 1804, il demeure le seul, avec Jourdan, à ne recevoir aucun titre de noblesse. En 1807, il s'empare de Stralsund, sur la Baltique, mais Napoléon use du prétexte de la signature d'une convention dont les termes lui déplaisent pour le relever de ses fonctions et le mettre en disponibilité jusqu'en 1814. Pendant les Cent-Jours, il est rappelé par l'Empereur, et tient Toulon jusqu'au 31 juillet 1815. Cherchant à rejoindre Paris, il est assassiné le 2 août par une bande royaliste.

Brunehaut,

reine mérovingienne d'Austrasie (Espagne 543 - Renève, près de Dijon, 612).

Fille du roi des Wisigoths d'Espagne Athanagilde, Brunehaut épouse, vers 566, Sigebert, roi d'Austrasie, petit-fils de Clovis et frère du roi de Neustrie, Chilpéric. Sa beauté et son origine wisigothique lui confèrent un prestige dont elle sait user. Lorsque sa sœur Galeswinthe, épouse de Chilpéric, est assassinée par Frédégonde, maîtresse de ce dernier, Brunehaut incite son époux à la venger. L'opposition entre la Neustrie et l'Austrasie devient alors une guerre ouverte, tandis que les grands des deux royaumes cherchent à s'émanciper en soutenant le roi adverse. Brunehaut, veuve de Sigebert (assassiné par Frédégonde en 575), se heurte ainsi à un parti de grands austrasiens. Elle parvient à faire reconnaître son fils Childebert II comme roi d'Austrasie, puis conforte sa position en s'alliant avec le roi de Bourgogne, Gontran.

Confrontée au parti des grands propriétaires fonciers, Brunehaut peut s'assurer de la loyauté d'un parti royaliste soucieux de développer une autorité monarchique solide, groupé autour de Gogon, gouverneur de Childebert II. Ce parti se montre favorable à l'alliance avec la Bourgogne, dont le roi Gontran choisit Childebert II pour héritier. En 592, à la mort de Gontran, Childebert II devient donc roi de Bourgogne. Mais il meurt peu de temps après, en 595, laissant pour héritiers deux fils : Thierry II, à qui échoit la Bourgogne, et Théodebert II, qui reçoit l'Austrasie. Brunehaut administre les deux royaumes, tout en luttant contre Frédégonde et son fils Clotaire II, d'une part, les aristocraties austrasienne et bourguignonne, d'autre part. En 597, Clotaire II, seul maître de la Neustrie, suscite la guerre entre Thierry II et Théodebert II, qui expulse sa grand-mère d'Austrasie. Cette dernière se réfugie en Bourgogne, où elle s'appuie sur le maire du palais, Protadius ; mais, quand celui-ci meurt en 605, elle perd son dernier soutien. En 613, Clotaire II fait capturer Brunehaut, qu'il met à mort, la faisant tirer (selon le récit de Grégoire de Tours) par un cheval dont on a tressé la crinière à ses cheveux. Au prix du massacre du reste de la famille austrasienne, Clotaire II parvient à refaire momentanément l'unité du royaume franc.

Longtemps maudite par les chroniqueurs, Brunehaut a été réhabilitée par l'historiographie allemande, pour laquelle elle incarne le sens de l'État.

Brunswick (manifeste de),

« déclaration » du 25 juillet 1792 adressée aux Français et signée par le duc de Brunswick, commandant en chef des armées autrichiennes et prussiennes.

Depuis la déclaration de guerre du 20 avril 1792, Louis XVI, qui espère recouvrer son ancien pouvoir, veut obtenir des puissances coalisées la publication d'un manifeste menaçant les jacobins et les autorités révolutionnaires, et privilégiant sa personne dans les traités à venir. Tel est le sens d'un premier texte modéré proposé en juin aux souverains autrichien et prussien. Mais, à la suite de la journée révolutionnaire du 20 juin, la reine désire en imposer par une déclaration plus vigoureuse. Aussi, Brunswick signe-t-il un texte rédigé par le marquis de Limon, l'un des émigrés royalistes hostiles à tout compromis. Publié au début du mois d'août, alors que Brunswick vient de pénétrer en Lorraine, le manifeste est une grave faute psychologique : il exige la liberté du roi et la soumission de tous les Français, sommés de ne pas résister aux armées coalisées, et menace, assurant que, en cas d'atteinte à la sûreté de Louis XVI, l'empereur germanique et le roi de Prusse « en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale ». Alors que le sentiment national est déjà très exalté et que l'agitation républicaine est à son comble, le manifeste compromet gravement Louis XVI en prouvant sa collusion avec l'étranger, ainsi que l'existence d'un complot aristocratique. Loin de terroriser, il indigne, rallie les hésitants à la cause républicaine, et donne l'impulsion finale à la journée du 10 août, qui voit la chute de la monarchie.

Buchez (Philippe),

philosophe et homme politique (Matagne-la-Petite, Ardennes belges, 1796 - Rodez 1865).