Chevreuse (Marie de Rohan-Montbazon, duchesse de),
aristocrate ( ? 1600 - Gagny 1679).
Elle prit une part active dans l'agitation nobiliaire face au renforcement du pouvoir royal qui marqua la période. Issue de l'une des lignées les plus prestigieuses de France et fille d'Hercule de Rohan, duc de Montbazon, elle épouse, à l'âge de 17 ans, le duc de Luynes, favori de Louis XIII ; puis, en 1622, Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, second fils d'Henri de Guise, le Balafré. Nommée surintendante de la Maison de la reine Anne d'Autriche, dont elle devient l'amie, elle profite de sa position et de sa séduction pour participer à de nombreuses intrigues. Maîtresse d'Henri, comte de Chalais, elle joue un rôle déterminant dans l'affaire qui aboutit à l'exécution de ce dernier, en 1626. Elle rejoint le parti qui s'oppose au mariage de Gaston d'Orléans, frère du roi, avec Mlle de Bourbon-Montpensier. Exilée de la cour une première fois en 1633, elle tente d'influer sur la politique étrangère de son amant du moment, le duc Charles IV de Lorraine. Richelieu accepte son retour à la cour, mais ses agissements provoquent de nouveau son exil, en Espagne, en 1637. À la mort de Louis XIII (1643), elle regagne la France, pour se jeter, cette fois, dans la Fronde et l'opposition à Mazarin. La fin des troubles et la reprise en main du pouvoir par Louis XIV mettent un terme à sa carrière d'intrigante politique.
Childebert Ier,
roi des Francs de 511 à 558 (vers 497 - 558).
Deuxième des trois fils nés de l'union de Clovis et de Clotilde, Childebert reçoit, lors du partage du royaume, les villes de Paris et de Rouen, la future Normandie, le Maine et des cités en Aquitaine. Les fils de Clovis prolongent l'œuvre de leur père, se répartissant les tâches, et s'épaulant contre les autres royaumes barbares. Mais ils se déchirent aussi entre eux. Grégoire de Tours, à la fin du VIe siècle, a fait un récit horrifié du complot sanglant qui suit, en 524, la mort de Clodomir, fils aîné de Clotilde : Childebert et son cadet Clotaire assassinent leurs neveux, et démembrent le royaume de leur frère. Dix ans plus tard, Childebert prend part à la conquête du royaume burgonde, dont une partie revient à son frère, mais il soutient aussi son neveu Chramne contre Clotaire. Il permet une avancée des Francs dans le sud de la Gaule, obtenant un succès éphémère contre les Wisigoths en Septimanie, en 531. Avec l'aide de Clotaire, il mène une expédition au-delà des Pyrénées, en 542, et rapporte la tunique de saint Vincent, martyr persécuté au IIIe siècle. Pour abriter la relique, il fonde, à Paris, la basilique Sainte-Croix-et-Saint-Vincent, future Saint-Germain-des-Prés. De son mariage chrétien avec Ultragothe, Childebert n'a aucun héritier mâle, et, à sa mort, en 558, son royaume est absorbé par Clotaire.
Childéric Ier,
premier roi mérovingien, père de Clovis (Tournai, vers 436 - ? vers 481).
Chef d'un groupe de Francs Saliens, Childéric contrôle Tournai et le bassin de l'Escaut, puis étend sa domination sur l'ensemble du nord de la Gaule, la Champagne et la Picardie. Son titre de roi (rex) le désigne comme chef d'une armée fédérée ayant passé un traité (foedus) avec Rome. En fait, Childéric partage le pouvoir dans le nord de la Gaule avec le Romain Aegidius, maître de la milice, c'est-à-dire commandant des troupes romaines, et père de Syagrius, futur adversaire de Clovis. Vers 470, c'est encore à un Romain, le comte Paul, que Childéric se joint pour combattre les Saxons. Les nombreux objets retrouvés dans sa tombe, à Tournai, confirment l'association des cultures franque et romaine, qui est propre aux aristocraties barbares romanisées. Ainsi, la représentation du roi sur son sceau juxtapose des attributs du pouvoir d'origine franque, telle la longue chevelure, et d'autres d'origine romaine, tels le titre de rex et le port du paludamentum, manteau d'apparat des généraux. Ce roi païen possède, en outre, une fibule cruciforme en or, insigne des plus hautes fonctions officielles dans l'Empire romain chrétien. Alors que la présence d'armes et d'objets divers, ainsi que l'ensevelissement, à proximité de dizaines de chevaux sacrifiés, renvoient aux coutumes funéraires germaniques, le choix du site de la tombe, en bordure de route, et à l'immédiate périphérie de la cité, revêt un caractère romain. Ces liens avec les Romains, que Childéric semble toutefois remettre en cause à la fin de son règne, contribuent au rayonnement du roi, qu'attestent, par ailleurs, ses succès contre les Wisigoths et les Burgondes, et son mariage avec une princesse thuringienne.
Chirac (Jacques),
homme politique (Paris 1932).
Quand, en mai 1995, Jacques Chirac devient le cinquième président de la Ve République, il y a vingt et un ans qu'un gaulliste n'a plus occupé la magistrature suprême, depuis la mort de Georges Pompidou. Son élection marque donc le retour du gaullisme au pouvoir - non plus seulement en tant que force d'appoint, comme entre 1974 et 1981, ou dans une posture « cohabitationniste », comme en 1986-1988 et 1993-1995. Mais, en fait, c'est une deuxième génération du gaullisme qui prend ainsi, à travers lui, le relais d'une première strate, celle des « barons » issus de la Résistance, qui ont progressivement quitté le devant de la scène. Bien qu'incarnant cette deuxième génération, Jacques Chirac, au moment de sa victoire électorale, a toutefois déjà trente années de vie publique derrière lui.
De l'appel de Stockholm à l'Algérie française.
• Le père de Jacques Chirac était un pur produit de la « méritocratie » de la IIIe République : petit-fils de paysans pauvres, fils d'instituteurs, il commence sa carrière comme simple employé de banque, et finira cadre supérieur chez l'avionneur Henry Potez. C'est à Paris, dans un milieu en pleine ascension sociale, que Jacques Chirac naît le 29 novembre 1932. La guerre, pour lui, n'aura aucun rapport avec la geste gaulliste : il est alors trop jeune pour connaître la tentation de l'engagement. Et, quand celui-ci se profilera, il ne sera pas précisément placé, dans un premier temps, sous le signe du gaullisme. Petit-fils d'un instituteur radical-socialiste, Jacques Chirac signe, en 1949, l'appel de Stockholm, texte pacifiste condamnant l'arme nucléaire, à l'initiative d'une Union soviétique qui n'en est pas encore détentrice. À cette date, il est vrai, il vient d'entrer en mathématiques élémentaires au lycée Louis-le-Grand. Tout autour, le Quartier latin penche à gauche et, sur ses flancs, Saint-Germain-des-Prés vit ses grandes heures sartriennes. La famille, désormais installée bourgeoisement sur la rive droite, assiste ainsi aux emballements du lycéen pris dans le chaudron de la rive gauche : Jacques Chirac vend l'Humanité à la criée, et, après la seconde partie de son baccalauréat, mousse sur un cargo, navigue entre côte espagnole et Algérie. Ce qui ne l'empêche pas de retrouver le lycée Louis-le-Grand, à la rentrée, pour préparer Polytechnique. Erreur manifeste d'aiguillage : le jeune homme s'ennuie, accumule les mauvaises places, et bifurque vers Sciences-Po. Pour l'heure, il y conserve ses idées de gauche - jugeant trop « tièdes » les étudiants SFIO de la rue Saint-Guillaume, que dirige alors Michel Rocard. Il continue à bourlinguer durant l'été, mais, peu à peu, son agitation d'adolescent passe à feu doux : il se fiance avec Bernadette Chodron de Courcel, rencontrée à Sciences-Po, sort troisième de cette institution en 1954, et est reçu dès l'automne suivant à l'ENA.