Comores,
archipel de l'océan Indien, occupé par la France de 1841 à 1975, dont une île, Mayotte, est encore aujourd'hui une collectivité territoriale française.
C'est d'ailleurs l'acquisition de Mayotte qui permet à la France de mettre un pied sur l'archipel en 1841. En 1886, elle impose son protectorat sur les îles d'Anjouan, Mohéli et la Grande Comore, confisquant les terres et dépossédant les sultans. En 1912, une loi met fin au protectorat et prononce l'annexion des trois îles qui, avec Mayotte, forment une province de Madagascar jusqu'en 1946. L'archipel devient alors un territoire d'outre-mer dont le député, Saïd Mohammed Cheikh, défend habilement les intérêts. En 1958, il refuse le statut d'État de la Communauté, et les lois de 1961 et de 1968 dotent le territoire d'une autonomie élargie. En 1974, la population opte par référendum pour l'indépendance - sauf à Mayotte -, que le gouvernement local proclame en juillet 1975. Mayotte fait aussitôt sécession et choisit donc le maintien au sein de la République française. Quant à la République fédérale islamique des Comores, dont les ressources budgétaires proviennent à 50 % de l'aide française, elle connaît depuis lors une vie politique marquée par l'instabilité.
compagnie d'armes,
principale unité administrative et tactique des armées royales, à partir du règne de Charles V et jusqu'au XVIe siècle.
Les premières compagnies
• . Dans les années 1370, afin de mener à bien la reconquête de la moitié occidentale du royaume concédée à l'Angleterre par le traité de Brétigny (1360), Charles V (1364/1380) adopte une série de mesures militaires qui consacrent la compagnie comme l'unité fondamentale de l'armée royale. La levée régulière d'un impôt direct (fouage) permet au roi d'envisager l'entretien d'une petite armée régulière, plus à même de se livrer à la guerre de harcèlement commencée en 1368. Robert de Juilly, prieur des Hospitaliers en France (1362) et futur grand maître de l'ordre, est chargé de sa constitution. Ainsi, les ordonnances du 16 décembre 1373 et du 14 janvier 1374 promeuvent, comme unité principale, la compagnie de 100 hommes d'armes, c'est-à-dire de cavaliers lourdement armés. Les capitaines qui les commandent sont choisis et gagés par le roi ; ils sont responsables du recrutement et de la discipline de leurs troupes. Enfin, les ordonnances établissent un système de revues régulières, les « montres ». Conduites par de brillants capitaines, tels Bertrand du Guesclin ou Olivier de Clisson, les compagnies d'armes mènent à bien la première reconquête du royaume (1368-1380). Mais, à partir des années 1410, la guerre civile et les conquêtes anglaises ruinent l'organisation de cette première armée royale permanente.
Les compagnies d'ordonnance.
• Ce n'est que dans les années 1440 que Charles VII (1422/1461) entreprend de renouer avec les principes de Charles V. Le roi doit alors faire face aux problèmes posés par sa propre armée, largement composée d'écorcheurs qui se livrent au pillage et n'obéissent qu'à leur capitaine. Par les ordonnances de mars et de mai 1445, Charles VII parvient à dissoudre les compagnies d'écorcheurs et à ne maintenir à son service que les meilleurs capitaines, tels Arnaud d'Albret, Robert de Floque, Poton de Xintrailles ou Jean d'Estouville. Désormais, la nouvelle armée royale est constituée de 15 compagnies d'ordonnance, de 100 lances chacune. Chaque lance est groupée autour d'un homme d'armes, et compte 6 soldats, tous dotés d'un cheval. L'armée de campagne rassemble ainsi 1 500 lances, soit quelque 9 000 hommes. Les effectifs augmentent vite : en 1476, Louis XI dispose de 40 compagnies. Leur logement, leur entretien et leur solde sont assurés par des officiers des finances régionaux. Le recrutement et la discipline restent sous l'entière responsabilité des capitaines. Ce programme est complété par la création d'une compagnie écossaise, à l'origine de la compagnie des gentilshommes de l'Hôtel, destinée à la garde du roi. L'efficacité de cette nouvelle armée est rapidement démontrée lors des campagnes de Normandie (1450) et de Guyenne (1453), qui mettent un terme à la guerre de Cent Ans. Jusqu'au milieu du XVIe siècle, et en dépit de l'importance grandissante qu'acquièrent les troupes mercenaires et les unités spécialisées (artillerie, arquebusiers) à l'occasion des guerres d'Italie ou du conflit avec les Habsbourg, les compagnies d'ordonnance demeurent les piliers de l'armée royale.
Le déclin
• . Dans la seconde moitié du XVIe siècle, l'efficacité des gens d'armes est remise en cause par l'essor des troupes d'infanterie et de cavalerie légère, et par le recours de plus en plus fréquent aux compagnies de mercenaires. Par ailleurs, le prestige dont jouissent les compagnies d'ordonnance auprès de la noblesse est amoindri en raison de l'admission des roturiers dans leurs rangs à partir de 1584. Enfin, durant la première moitié du XVIIe siècle, une nouvelle unité administrative et tactique s'impose : le régiment, comprenant de 12 à 20 compagnies, dont le commandement est confié à des colonels. Toutefois, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, la compagnie constitue le cadre essentiel du recrutement.
compagnies de commerce et de navigation,
sociétés commerciales créées, en France, à partir du XVIIe siècle et visant à développer le commerce maritime et à exploiter les terres nouvellement conquises.
Le rôle prépondérant de l'État.
• Les compagnies de commerce et de navigation ont été un instrument essentiel de la politique économique du XVIIe siècle, inspirée par la doctrine mercantiliste : la richesse d'une nation provient de l'excédent de sa balance commerciale, et celui-ci peut résulter d'une action concertée de l'État. Or, à une époque où la plus grande part du commerce extérieur s'effectue par voie maritime, la France souffre d'un grand handicap, la faiblesse de sa marine, à tel point que les négociants français sont souvent obligés d'avoir recours à des navires anglais ou hollandais. Pour s'assurer la maîtrise des mers, Richelieu va s'employer à développer la flotte : afin d'encourager les initiatives privées, il permet aux nobles de se livrer au commerce de mer sans déroger, et, inversement, aux marchands et armateurs au long cours d'accéder à la noblesse. Colbert poursuit son œuvre, avec l'objectif spécifique de combattre la suprématie commerciale des Hollandais : à partir de 1664, il crée à cet effet ou réorganise de grandes compagnies à chartes, dotées de privilèges, c'est-à-dire qui ont le monopole du trafic sur un territoire donné (système dit « de l'exclusif ») et bénéficient d'exemptions diverses en contrepartie du respect de certaines obligations. Si certaines, telle la Compagnie du Levant (1670), ont une vocation purement commerciale, d'autres sont investies d'une mission colonisatrice : peuplement, contrôle d'un territoire, qui peut d'ailleurs se limiter à l'administration des comptoirs, évangélisation des indigènes. À ces fins, elles disposent de pouvoirs souvent considérables, tels ceux accordés à la Compagnie des Indes orientales (privilège du commerce, droit de négocier des accords, propriété de Madagascar).