universités. (suite)
Crises et réformes.
• Il faut attendre les lendemains de la crise de mai 68 pour que soit réformée en profondeur cette structure institutionnelle, qui a fait de l'université, suivant la formule d'Alain Touraine, non pas seulement « un laboratoire mais un conservatoire ». La « loi-cadre d'orientation universitaire » mise sur pied par Edgar Faure durant l'été 1968, définitivement adoptée le 12 novembre de la même année, apporte la réponse de l'État aux doléances et aux vœux de la communauté universitaire en révolte. Elle obéit à deux principes fondamentaux. En premier lieu, l'idée de la « participation », qui conduit à confier la gestion des établissements et des unités d'enseignement et de recherche (UER) qui les composent à des conseils élus, où seront représentés non plus seulement les professeurs, mais l'ensemble de ceux qui y travaillent, enseignants de tous les grades, étudiants et personnels d'administration et de service. La loi confirme, d'autre part, le principe de l'« autonomie universitaire », dont le champ d'application reste cependant limité aux méthodes et aux contenus de l'enseignement et de la recherche. Les diplômes doivent conserver une validité nationale, et les universités n'obtiennent pas l'autonomie financière. La loi Savary (26 janvier 1984), dans la logique de l'alternance politique de 1981, ne modifie pas radicalement le système mis en place en 1968. Pour l'essentiel, les remarques formulées en 1984 par René Rémond sur « la crise des universités » conservent aujourd'hui toute leur pertinence. Celles-ci, en effet, continuent de « subir les contrecoups d'un afflux d'étudiants sans précédent dans leur longue histoire ». Le total de la population étudiante, qui était passé, entre la Belle Époque et 1939, de 31 000 à 76 000, s'est accru à un rythme accéléré après la guerre : pour les seuls étudiants des universités, il était de 137 000 en 1950, de 213 000 en 1960, de 637 000 en 1970, de 801 000 en 1980, et il dépasse le million depuis 1990. Le statut même du savoir est remis en question dès lors que l'on attend avant tout du diplôme la garantie d'un débouché professionnel. Le problème que pose, aux universitaires comme aux responsables politiques, « la concomitance contradictoire entre l'afflux à l'entrée et la réduction des débouchés à la sortie » (René Rémond) reste aujourd'hui sans solution. L'arrêté du 9 avril 1997 relatif au diplôme d'études universitaires générales (DEUG), à la licence et à la maîtrise s'efforce de remédier à l'échec massif en premier cycle, tout en écartant l'idée d'une « sélection » générale à l'entrée, tandis que l'harmonisation, européenne impose des changements notamment dans le second cycle (instauration de master remplaçant la maîtrise) mais favorise aussi les programmes d'échanges d'étudiants et de professeurs. En vérité, les dysfonctionnements de l'institution universitaire reflètent plus que jamais les maux dont souffre la société tout entière.