Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Pippinides, (suite)

Les Pippinides sont les héritiers de l'union des deux plus grandes familles d'Austrasie au VIIe siècle : la famille de Pépin l'Ancien, possessionnée dans la moyenne vallée de la Meuse, et la famille d'Arnoul (mort vers 643), dont le patrimoine s'étend entre la Meuse et la Moselle et autour de Worms. À l'origine, leur puissance est favorisée par Clotaire II (584-629), qui tient à les rétribuer pour leur soutien lors de la guerre interne à la famille royale mérovingienne (faide royale, 570-613) : Arnoul reçoit alors l'évêché de Metz, capitale de l'Austrasie, et Pépin, la mairie du palais d'Austrasie. L'un et l'autre sont en outre chargés de l'éducation du fils du roi, le jeune Dagobert Ier, puis du fils de Dagobert, Sigebert III. Entre 643 et 656, Grimoald, fils de Pépin, exerce une véritable tutelle sur Sigebert III, et en 656 essaie même d'imposer son fils, Childebert l'Adopté, comme roi des Francs : mais cette première tentative échoue, et Grimoald et son fils sont assassinés en 662.

Dès lors, les Pippinides vont s'efforcer d'accroître leur puissance tout en respectant la légitimité des rois mérovingiens. Ils adoptent précocement, avant le VIIIe siècle, la règle de patrimonialité de l'honor familial (biens et titres) et la succession en ligne directe et patrilinéaire. Parallèlement, ils se constituent un très important réseau de fidélités au sein des aristocraties austrasienne et neustrienne. Ils s'appuient sur les sièges épiscopaux de Metz et de Reims ainsi que sur un vaste réseau de fondations monastiques familiales en Austrasie (Nivelles, Fosses, Stavelot, Malmédy, Lobbes), et prennent le contrôle de certaines grandes abbayes de Neustrie (Fontenelle, Saint-Wandrille, Saint-Denis). À partir de 687, ils parviennent à s'imposer comme maires du palais pour tout le royaume franc. Ils exercent dès lors pleinement le pouvoir : Pépin II (vers 640-714), issu du mariage d'un fils d'Arnoul avec une fille de Pépin l'Ancien, reçoit le titre de « prince des Francs » et désigne lui-même le successeur du roi au sein de la famille mérovingienne en 691, en 695 et en 711. En 737, son fils Charles Martel, qui depuis sa victoire sur les Arabes à Poitiers (732) apparaît comme le défenseur de la Chrétienté, ne désigne pas de successeur au roi mérovingien Thierry IV.

Dans le même temps, les Pippinides établissent des liens privilégiés avec la papauté en soutenant activement les missionnaires anglo-saxons en Germanie, Willibrord et Boniface. En 743, les deux fils de Charles Martel, Carloman et Pépin le Bref, rétablissent cependant sur le trône un roi mérovingien, Childéric III. Mais, à la suite de la retraite de Carloman (747) et grâce à l'appui de la papauté et des élites aristocratiques laïques et ecclésiastiques d'Austrasie et de Neustrie, Pépin le Bref se fait couronner et sacrer roi des Francs, en 751, après avoir déposé Childéric III. Il inaugure, avec ses fils Carloman et Charlemagne, la dynastie carolingienne.

Placards (affaire des),

première grande manifestation du parti protestant sous François Ier, qui entraîne de la part du pouvoir royal une sévère répression.

L'affaire éclate dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534 : à Paris, à Orléans et à Amboise, dans la résidence du roi et jusque sur la porte de sa chambre, sont apposées des affiches - ou « placards » - violemment anticatholiques, qui dénoncent le culte des saints et l'« abus de la messe papale ». Soigneusement orchestrée et bénéficiant manifestement de complicités dans l'entourage royal, l'opération déchaîne la colère de François Ier, qui y voit un complot dirigé à la fois contre l'Église et contre l'autorité monarchique. Des processions réparatrices sont organisées les jours suivants dans la capitale. Le 21 janvier 1535, une procession générale se déroule de Saint-Germain-l'Auxerrois à Notre-Dame : bourgeois, membres du parlement, échevins, ordres religieux et hiérarchie ecclésiastique y participent, en présence du roi, qui promet solennellement d'extirper l'« hérésie ». Le soir même, plusieurs protestants sont conduits au bûcher. La vague de répression engendrée par l'affaire dure jusqu'au mois de juillet 1535, date de la promulgation de l'édit d'amnistie de Coucy. Des perquisitions ont lieu aux domiciles des suspects, les prisons se remplissent et la délation est encouragée ; devant la crainte du bûcher, nombre de protestants, dont Calvin, sont contraints de fuir. Un édit est même promulgué au mois de janvier - le roi le révoquera quelques semaines plus tard - qui soumet toute impression de livre nouveau à l'autorisation royale et à la censure ecclésiastique.

Par leur violence, les persécutions contrastent singulièrement avec la politique religieuse ambivalente et attentiste qui a été celle de François Ier jusqu'au mois d'octobre 1534. Favorable à l'humanisme évangélique, soucieux de laisser une chance aux tentatives de conciliation - incarnées par l'évêque Jean du Bellay -, le roi, désireux également de ne pas s'aliéner le pape, a parfois laissé le parlement et la faculté de théologie de Paris exercer leurs rigueurs contre les « hérétiques ». L'affaire des Placards et ses suites marquent-elles, comme on l'a parfois prétendu, un tournant dans la politique religieuse de François Ier ? L'affirmation est sans doute excessive : l'événement attise une brève flambée d'intolérance plus qu'il n'inaugure un véritable changement politique. Il n'en constitue pas moins le symptôme d'une lente et irréversible dégradation du climat religieux depuis la fin des années 1520.

plaid,

désigne au haut Moyen Âge une assemblée politique ou judiciaire d'hommes libres.

Le plaid général (placitum generale) a lieu chaque année en mars, puis, à partir de 755, en mai (champ de mars ou de mai), puis en été. Le souverain y réunit autour de lui les grands afin de fixer les principales orientations politiques du royaume et d'appeler les hommes à l'ost. Les décisions prises lors de ces assemblées sont consignées dans des capitulaires. Les plaids simples sont des assemblées de justice qui se tiennent à l'échelon local : convoquées par des comtes ou leurs délégués, ou par des missi, elles rassemblent d'abord de simples hommes libres (rachimbourgs), puis un personnel judiciaire plus compétent (échevins), chargés d'arbitrer les litiges entre les parties en présence.