Charles VII le Victorieux ou le Bien Servi, (suite)
Le meurtre du duc de Bourgogne Jean sans Peur en 1419 à Montereau ravive la lutte entre Armagnacs et Bourguignons au profit des Anglais, qui obtiennent du roi l'acceptation du traité de Troyes en mai 1420. Cet accord déshérite le dauphin, jugé indigne de la succession royale, et Charles VI, en donnant la main de sa fille à Henri V, fait du souverain anglais son héritier. Mais les partisans du dauphin refusent ce traité, car le roi ne peut modifier l'ordre de la succession, qui repose exclusivement sur le sang.
Dès la mort de Charles VI en 1422, son fils prend le titre de roi, même s'il ne règne que sur les pays du sud de la Loire. Le royaume de Bourges paraît d'abord condamné, d'autant que l'armée royale subit de graves revers en 1423 (Cravant) et en 1424 (Verneuil-sur-Avre).
Reconquête et renforcement de l'autorité royale.
• La situation militaire s'améliore grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc, qui rompt le siège d'Orléans (8 mai 1429). Charles VII est sacré à Reims, le 17 juillet 1429, ce qui lui assure une légitimité populaire. Mais Jeanne échoue devant Paris (septembre 1429), avant d'être arrêtée et brûlée comme hérétique (1431). Pour repousser les Anglais, Charles VII se réconcilie avec le prince le plus puissant du royaume, Philippe le Bon, duc de Bourgogne : signé en 1435, le traité d'Arras brise l'alliance anglo-bourguignonne au profit du roi de France, qui obtient ainsi l'aide militaire du duc. Après la prise de Paris, en 1436, les troupes royales passent à l'offensive. Les progrès sont importants en Île-de-France, définitivement mise à l'abri des attaques anglaises en 1441. Cependant, la résistance anglaise, faible en Normandie, est efficace en Guyenne, et ces deux régions ne sont finalement reconquises qu'en 1450 (bataille de Formigny) et 1453 (Castillon, dernière grande bataille de la guerre de Cent Ans).
Ces victoires sont accompagnées par des réformes. Dès 1438, la pragmatique sanction de Bourges permet à l'Église de France de s'affirmer face au pouvoir pontifical. En 1440, le roi impose son autorité en venant à bout des princes révoltés lors de la Praguerie. Une armée permanente est mise sur pied, grâce à la constitution des compagnies d'ordonnance (1445) et des francs-archers (1448). En outre, Charles VII modernise le système judiciaire et organise la rédaction des coutumes (1454). Conseillé par Jacques Cœur, le roi montre également sa puissance dans le domaine fiscal, obligeant de nombreux princes récalcitrants à lever des aides à son profit. Sous l'influence de Charles VII, l'État moderne progresse, alors que, parallèlement, le sentiment national se développe. Ce monarque n'est donc pas le roi faible que l'on a souvent décrit. Ce n'est certes pas un homme de guerre, mais il a su conduire, sans s'exposer directement, les dernières campagnes. S'il est parfois indécis et facilement influençable (il est conseillé principalement par sa belle-mère, puis par sa maîtresse, Agnès Sorel), il peut pourtant être ferme quand les circonstances l'exigent. Habile négociateur, il sait s'entourer intelligemment et manœuvrer au plus juste.
Les dernières années de règne de Charles VII sont assombries par des dissensions avec le dauphin Louis (futur Louis XI), qui épouse, en 1451, Charlotte de Savoie contre l'avis de son père. Louis se réfugie en 1456 auprès du duc de Bourgogne et Charles VII meurt le 22 juillet 1461 sans avoir revu son fils.