bénédictins, (suite)
Des monastères bénédictins ...
• Dès le Xe siècle se créent, à partir d'une maison mère, des réseaux de dépendances qui observent la même règle et des usages identiques. Si Cluny est l'exemple le plus insigne, il n'est pas unique : Gorze, Saint-Benoît-sur-Loire, Saint-Victor de Marseille, sont des abbayes actives. Le renouveau monastique des XIe et XIIe siècles s'effectue au nom d'un retour à la pureté de la règle bénédictine, ce qui n'exclut pas des aspects érémitiques ou une action pastorale. Ces réseaux se structurent selon des modalités différentes : centralisation dans l'ordre clunisien, plus large autonomie des abbayes dans l'ordre cistercien. Le monachisme bénédictin connaît une période d'apogée aux XIe et XIIe siècles et exerce alors une forte influence sur l'Église et l'ensemble de la société.
À l'initiative d'Innocent III, le concile du Latran IV impose en 1215 aux monastères bénédictins la tenue de chapitres provinciaux tous les trois ans. Les réunions restent pourtant irrégulières. En 1336, par la constitution Summa magistri, appelée communément « bulle bénédictine », Benoît XII reprend ces mesures dans le plan de réforme et d'unification qu'il propose pour le monachisme bénédictin. Mais la concurrence d'autres formes de vie religieuse et les difficultés des XIVe et XVe siècles entraînent un déclin non seulement matériel, mais aussi moral des monastères. Des réformes sont tentées à Saint-Benoît-sur-Loire, Fontevraud, Tiron, Cluny, etc., tandis qu'à partir de 1479, l'abbaye de Chézal-Benoît unit des monastères dans une congrégation où l'accent est mis sur le respect des usages anciens et l'austérité. Le concordat de 1516 attribue au roi la nomination des abbés.
... à l'ordre bénédictin.
• Interrompues par les troubles du XVIe siècle, les mesures de restauration reprennent après le concile de Trente. La tendance est au regroupement et à la centralisation au sein de congrégations monastiques. Certaines n'ont qu'une existence éphémère : congrégation des Exempts (1580), de Bretagne (1604), de Saint-Denis (1607). Deux d'entre elles illustrent le renouveau bénédictin : Saint-Vanne (1604) et Saint-Maur (1621) ; à la fin du XVIIe siècle, elles comptent respectivement environ cinquante et deux cents maisons. D'autres monastères restent réunis dans la congrégation de Cluny, tandis que les cisterciens se réforment en plusieurs branches. Le dessein de Richelieu d'unir tous les monastères bénédictins de France dans une seule congrégation, dont il serait le supérieur général, échoue.
Mis à mal par la Révolution et l'Empire, le monachisme bénédictin est restauré grâce à dom Guéranger, qui, en 1833, fonde Solesmes, élevée en 1837 au rang d'abbaye mère de la « congrégation de France de l'ordre de Saint-Benoît ». L'idée de regrouper les monastères qui suivent la règle de saint Benoît progresse. Le 12 juillet 1893, par le bref Summum semper, Léon XIII nomme un primat de l'ordre bénédictin et établit la confédération des congrégations bénédictines. Celles-ci ne renoncent ni à leur indépendance, ni à leurs coutumes, ni à leurs privilèges, mais l'existence de l'Ordo S. Benedicti (OSB) est désormais consacrée.
Les bénédictins ont joué un rôle important sur le plan non seulement religieux et spirituel, mais aussi intellectuel et artistique. Outre la copie et l'enluminure de manuscrits liturgiques, les moines ont permis la transmission de textes antiques. En rédigeant chroniques, annales, livres de miracles, ils ont fait œuvre d'historiens. Cette tradition est reprise au XVIIe siècle par la congrégation de Saint-Vanne et, surtout, par les mauristes, dont les travaux d'érudition demeurent une des bases de la recherche historique.